(BFM Bourse) - Après deux séances consécutives dans le vert à la faveur de publications trimestrielles rassurantes, l'indice phare tricolore repasse la marche arrière vendredi à la mi-séance, réduisant le gain accumulé depuis le début de la semaine sous le coup des commentaires inflexibles du patron de la Fed.
Les commentaires du président de la Réserve fédérale des Etats-Unis ont déjà stoppé les indices américains dans leur élan jeudi, entraînant une clôture dans le rouge à Wall Street, Jerome Powell confirmant une probable hausse de 0,5 point du taux des Fed Funds dès la prochaine réunion, après 0,25 point à la précédente. À titre de référence, depuis 2006 (soit avant la "Great Financial Crisis") la banque centrale n'avait plus eu à relever ses taux au cours de deux réunions consécutives, ce qui témoigne du degré d'urgence actuel. Cette inflexibilité, jugée nécessaire face à l'inflation galopante, pénalise les actions étant donné les risques collatéraux pour la croissance économique, déjà menacée de toutes parts. Les places européennes s'inscrivent dans la même tendance (d'autant que certains responsables de la BCE abondent aussi dans le sens d'un durcissement rapide, à rebours de la modération affichée par Christine Lagarde), avec dans le cas du CAC 40 qui accuse un repli de 1,67% à 6.603,18 points vers 12h15.
Bureau Veritas, Ipsos et Boiron plébiscitées
Le flux de publications d'entreprises relatives au premier trimestre se poursuit, mais le rythme ralentit quelque peu comme c'est souvent le cas en fin de semaine, et l'accueil se révèle davantage contrasté. Le discret champion français des services d'inspection et de certification Bureau Veritas se retrouve pour une fois en haut de l'affiche, regagnant près de 4,6% après avoir fait part d'une accélération de sa croissance organique au cours des trois premiers mois de 2022. Le dynamisme d'Ipsos (+6,3%) au cours de la période est aussi apprécié, tandis que Boiron bondit de 5,2% après avoir affiché un rebond (de près de 60%) par rapport à un premier trimestre 2021 qui s'était avéré particulièrement déprimé.
Holcim -le groupe helvète qui avait avalé Lafarge, rappelez-vous, le prédécesseur d'Hermès au sein du CAC 40- grimpe de 4,4% au vu d'un relèvement de son objectif 2022 à la suite d'un premier trimestre record.
Groupe Crit (+2,7%), Figeac Aéro (+2,7% aussi) ou Savencia (+2,1%) reçoivent aussi le satisfecit des investisseurs après leurs publications respectives.
Malgré le repli de ses ventes trimestrielles, en partie causé par la chute de 34% en Russie et les effets de la pénurie de semi-conducteurs, Renault engrange 2,4%. Le constructeur compte sur un carnet de commandes étoffé et entretient l'idée d'une éventuelle cotation de son pôle électrique.
Kering déçoit fortement
Dans l'autre sens, la déception est particulièrement forte pour Kering (-5%) alors que la croissance de sa marque phare Gucci a encore plus ralenti que ne l'attendaient les analystes. EssilorLuxottica cède près de 2% alors que la direction s'est montrée implicitement prudente sur les perspectives de l'exercice en s'abstenant toujours d'objectifs chiffrés. D'abord en hausse, l'action Casino s'est retournée et cède 0,3% à la mi-journée, avec un repli organique pour la plupart des enseignes au premier trimestre.
Vedette boursière de ce début d'année avec plus de 40% de hausse, les investisseurs découvrant l'intérêt de ses technologies pour le stockage et le transport du gaz naturel liquéfié à l'heure de la recherche de la souveraineté (ou tout du moins d'une moindre dépendance) énergétique, GTT décroche de 5% après l'annonce de son chiffre d'affaires trimestriel.
Le mouvement de correction touche également les tarifs pétroliers, entraînant le Brent en repli de 1,58% à 106,25 dollars (102,13 dollars pour le WTI, -1,6%). À ce niveau, les cours affichent encore plus de 90% de hausse sur un an glissant...
Le caractère inflexible des dernières déclarations de Jay Powell favorise le billet vert au dépens notamment de l'euro, qui trébuche de 0,31% à 1,08 dollar.