(BFM Bourse) - La Bourse de Paris confirme son ascension sur les 8.000 points ce jeudi soir, après une réunion de la BCE actant une première baisse des taux directeurs depuis près de cinq ans. Le CAC 40 termine en hausse de 0,42% à 8.040,12 points.
La Bourse de Paris a bien négocié le "D-Day" des marchés, à savoir la première baisse de taux de la Banque centrale européenne (BCE) depuis près de cinq ans. Le CAC 40 clôture cette journée en hausse de 0,40%, et confirme son ascension au-delà des 8.000 points, à 8.038,90 points.
Comme anticipé, la BCE a donc réduit tous ses taux directeurs de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), au regard d'un ralentissement de l'inflation en zone euro depuis plusieurs mois. Il s'agit ainsi de sa première baisse de taux depuis 2019.
Un pilotage en fonction des données économiques
Pour autant, la BCE a prévenu qu'il ne fallait pas aller trop vite en besogne et crier victoire trop tôt sur la lutte contre l'inflation. L'institution a d'ailleurs révisé à la hausse ses prévisions d'inflation pour 2024 et 2025, par rapport aux projections de mars, ce qui sera de nature à alimenter les débats sur une éventuelle pause en juillet.
"Malgré la baisse des taux, la BCE ne prévoit pas que l'inflation s'aligne sur son objectif au cours des deux prochaines années, ce qui indique un tournant hawkish (restrictif) dans ses prévisions", pointe Florian Ielpo, responsable de recherche macroéconomique chez Lombard Odier Investment Managers dans un note initulée "Ceci n'est pas une baisse de taux dovish" (accommodante).
"Le combat [contre l'inflation] n’est pas terminé. Le niveau des taux directeurs reflète toujours une politique monétaire restrictive et demeure sensiblement éloigné de la neutralité", relève Alexandre Perricard, directeur général et responsable de la gestion de taux d’Uzès Gestion.
La BCE dégaine avant la Fed
La BCE ne s'avance pas sur un calendrier défini et privilégie donc une approche "data-dépendante", comme le remarque Jan Felix Gloeckner Senior Investment Specialist chez Insight Investment. "Un changement à la hausse des prévisions d'inflation pour 2024 et 2025, et les inquiétudes concernant l'inflation élevée des salaires et les fortes pressions sur les prix au sein de la zone euro laissent entendre que le chemin vers l'assouplissement pourrait ne pas être aussi simple que certains le pensent", juge-t-il.
"Au risque de décevoir ceux qui cherchaient des indications sur le rythme ou l’ampleur du cycle d'assouplissement, la déclaration de la BCE indique clairement qu’elle ne s’engage pas sur une trajectoire particulière, les décisions futures devant être déterminées réunion par réunion en fonction des données", poursuit-il.
Cité par Reuters, Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest, table sur "une à deux autres baisses de taux de la part de la BCE d'ici la fin de l'année, contre une à deux baisses au total aux Etats-Unis. Il ne se passera rien avant septembre et je pense qu'en juillet, il n'y aura rien de la part de la BCE, même s'il faudra surveiller les chiffres d'inflation de juin et de juillet".
Pour la première fois de son histoire, la Banque centrale européenne s'émancipe de sa consœur américaine. Aux Etats-Unis, les investisseurs n'envisagent pas un tel mouvement de la Réserve fédérale avant septembre. Selon l'outil Fed Watch, les opérateurs évaluent désormais à 67,3% une première baisse des taux de la Réserve fédérale américaine en septembre, contre moins de 50% la semaine passée.
Et ce ne sont pas les dernières inscriptions hebdomadaires au chômage qui vont venir contredire ces espoirs. Elles ont augmenté d'à peine 8.000 pour ressortir à 229.000 demandes la semaine passée. Cette tendance devra être confirmée vendredi, avec les chiffres officiels de l'emploi américain pour mai.
Du côté des valeurs, Rémy Cointreau, qui était bien orienté après la publication de ses résultats annuels, termine finalement en légère baisse de 0,1%,
Getlink a progressé de 1,9% soutenu par Barclays qui a relevé son conseil à "surpondérer" sur la valeur. La banque britannique anticipe une reprise importante de l'activité navettes de la société, et une moindre pression concurrentielle de la part des ferries.
Sur les autres marchés, l'euro prend 0,07% face au dollar à 1,0882 dollar. Le pétrole rebondit profitant de rachats à bon compte après sa récente consolidation. Le contrat d'août sur le Brent de mer du Nord prend 1,8% à 79,83 dollars le baril, tandis que celui de juillet sur le WTI coté à New York s'adjuge 2% à 75,52 dollars le baril.