(BFM Bourse) - Après un exercice 2023-2024 difficile, le spécialiste des spiritueux s'attend à une amélioration graduelle de son activité sur l'année qui vient de débuter. Le marché est satisfait de la publication de Rémy Cointreau.
S'il y avait un secteur en Bourse qui était clairement à éviter en 2023, c'était celui des spiritueux. L'ensemble de ces valeurs a fortement souffert. Dont Rémy Cointreau qui a dû composer avec un environnement de marché difficile aux Etats-Unis et en Chine, ses deux marchés majeurs.
Sur son exercice décalé 2023-2024 (clos fin mars), le groupe qui détient les marques Rémy Martin ou The Botanist a vendu moins dans ces deux pays après deux années de croissance exceptionnelle. Ainsi, les revenus de Rémy Cointreau ont reculé en données comparables de 19,2% sur un an,, à 1,19 milliard d'euros, ce qui est en ligne avec sa prévision proche de 20% dévoilée en fin d'année 2023.
Une année "complexe"
La société avait été contrainte d'abaisser ses perspectives en octobre pour son exercice 2023-2024, face à ces vents contraires. La société prévoyait alors une baisse "maîtrisée" de la marge opérationnelle courante en données organiques, alors qu'il la voyait stable auparavant.
Mais Rémy Cointreau n'a pas réussi à remplir cet objectif. Ces difficultés, bien qu'elles étaient attendues par le marché, se sont donc aussi diffusées dans le reste des comptes annuels de Rémy Cointreau.
A fin mars 2024, le résultat opérationnel courant (ROC), a en effet accusé une baisse de 27,8% en données comparables, à 304,4 millions d'euros. La marge correspondante s'est effritée à 25,5% contre 27,7% en 2022-2023. Ce repli est "largement en ligne avec les attentes du consensus", note Stifel.
Le bénéfice net est aussi orienté à la baisse, puisqu'il glisse de 35,9% en données comparables, pour atterrir à 184,8 millions d'euro, après une année 2022-2023 record.
"Les résultats complets de l'exercice 2023-2024 n'ont pas été une grande surprise (les ventes ont été communiquées fin avril), avec une baisse du résultat d'exploitation organique de -28%, en ligne avec les prévisions", poursuit le bureau d'études.
De l'aveu de son directeur général, Eric Vallat, le groupe "a traversé une année complexe". Il table sur une reprise "graduelle de son activité au cours de l'année 2024-2025", tout en signalant évoluer dans "un environnement complexe et marqué par une visibilité limitée sur ses principaux marchés".
Une année de transition
Concernant ses perspectives, Rémy Cointreau a dévoilé ses objectifs pour l'ensemble de l'exercice en cours 2024-2025. Le groupe vise une croissance moyenne annuelle du chiffre d'affaires ("high single digit") soit entre 6% et 9% en organique, et une amélioration progressive en organique de sa marge opérationnelle courante.
Aux États-Unis, marché clé de Rémy Cointreau, le premier semestre devrait encore être affecté par la "poursuite des ajustements de stocks dans la région Amériques". Le groupe devrait aussi souffrir d'une "base de comparaison élevée" pour la région Asie-Pacifique tandis que la consommation de spiritueux est attendue en "demi-teinte" dans la région Europe-Moyen Orient-Afrique.
Pour sa part Stifel signale que le consensus "s'attend à une croissance organique des ventes de +3,6% et à un résultat d'exploitation organique en hausse +4,2% (avec une progression de 20 points de base (0,2 point de pourcentage) de la marge en organique)".
"L’exercice 2024-2025 sera un exercice de transition", note Sarah Thiron, stratégiste actions chez TP ICAP Midcap, avant d'envisager "dès 2025-2026 le retour à une croissance moyenne annuelle de high single-digit (6% à 9%, NDLR) accompagnée d’une amélioration progressive de la marge opérationnelle courante en organique".
Le groupe a aussi confirmé ses objectifs financiers à horizon 2029-2030 avec une marge opérationnelle courante attendue de 33%.
"La publication des résultats 2023-2024 devrait donc participer à améliorer le sentiment du marché sur le titre et être bien accueillie", avance Oddo BHF. Effectivement, les annonces du groupe de spiritueux sont bien accueillies à la Bourse de Paris. Parmi les plus fortes hausses du SBF 120 ce jeudi, l'action progresse encore de 3,8% à 86,60 euros vers 12h00 après une pointe à +6% dans les premiers échanges.
Un point d'entrée
Les prévisions avancées par Rémy Cointreau ont vraisemblablement convaincu des analystes qui semblent aussi s'accorder sur la faible valorisation du dossier en Bourse. Il faut dire que Rémy Cointreau n'est guère cher en Bourse, et malgré la hausse de ce jeudi, l'action demeure en baisse de 40% sur un an.
"L’inflexion du marché n’est pas immédiate mais le cours de bourse (83,4 euros, au 5 juin) ne reflète même plus la valeur des stocks d’eaux-de-vie (de fin 2022/2023) estimée à 85,8 dans notre modèle", avance Sarah Thirion.
"Avec un horizon d’investissement un peu long, le cours nous semble conférer un bon point d’entrée. D’autant que le titre s’échange, sur le fondement des estimations du consensus (pour être objectifs), à un PE (un ratio cours-bénéfices) de 23,3 fois, soit plus de 30% sous l’historique à 5 ans ; et que l’histoire de valorisation de l’ensemble du portefeuille de marques devrait à terme permettre une amélioration de la marge opérationnelle courante consolidée sous l’incidence de meilleurs volumes sur la structure de coûts des liqueurs et spiritueux", avance la spécialiste.
Un avis qui est entièrement partagé par les analystes de Jefferies. Cités par Reuters, ils estiment que le moment est venu se positionner sur le titre. "Avec un horizon d'investissement un peu long, le prix nous semble constituer un bon point d'entrée, d'autant plus que le titre se négocie, sur la base des estimations du consensus, à un ratio cours-bénéfices (PE) de 23,3, soit plus de 30% en dessous de l'historique sur 5 ans", avancent-ils.
C'est aussi ce que remarque Oddo BHF, qui pointe un "niveau de valorisation "à un ratio cours-bénéfices (PE) de 23 fois, ce qui "offre un point d’entrée inédit sur un titre aux fondamentaux de qualité".
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