(BFM Bourse) - La banque britannique est passée à surpondérer sur l'exploitant du tunnel sous la Manche, anticipant une reprise importante de l'activité navettes de la société, et une moindre pression concurrentielle de la part des ferries.
Depuis maintenant près de deux années, l'action Getlink ne fait plus grand-chose en Bourse. Son action tutoyait les 17 euros mi-juin 2022 et elle se situe actuellement à 16,68 euros. Mais la banque britannique Barclays estime que l'exploitant du tunnel sous la Manche a les moyens de sortir son action de sa léthargie.
L'établissement a relevé à "surpondérer", équivalent d'acheter, son conseil sur le groupe d'infrastructures, contre "neutre" auparavant, et rehaussé sa cible à 20 euros contre 15 euros précédemment. Ce qui confère à l'action un potentiel d'environ 22% au cours de clôture de mercredi.
Ce relèvement de conseil permet à l'action de s'adjuger 1,7% en début d'après-midi à la Bourse de Paris, après avoir gagné plus de 3% en début de séance.
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Une meilleure conjoncture au Royaume-Uni
Barclays s'attend à ce que Getlink signe "la plus forte reprise" au sein des exploitants d'infrastructures suivis par la banque. A l'heure actuelle, l'activité du Shuttle (les navettes du groupes transportant les véhicules particuliers et les camions de marchandises de l'autre côté de la Manche) évolue à niveau déprimé. En moyenne, sur les quatre premiers mois de 2024, le trafic de camions de marchandises se situe seulement à 72% de celui de 2018, avant la mise en œuvre du Brexit.
Le trafic se remet difficilement d'une année 2023 "qui constituait la tempête parfaite", écrit Barclays. "L'année dernière a été marquée par la combinaison d'une macroéconomie européenne faible, d'une bataille pour les parts de marché et de facteurs ponctuels défavorables qui ont eu un impact sur les périodes saisonnières clés, mettant à l'épreuve la stratégie marketing et de prix de Getlink", développe l'établissement.
Mais la conjoncture britannique, à laquelle Getlink est la plus exposée, s'améliore. Les économistes de Barclays ont récemment rehaussé leur prévision de croissance au Royaume-Uni à 0,8%, contre 0,3% pour l'année en cours. Le désinflation actuelle pourraient raviver la demande des consommateurs pour des produits de consommation frais et express, qui représentent une importante partie des volumes de marchandises transitant par le Shuttle, anticipe la banque. Les baisses de taux directeurs de la Banque d'Angleterre et de la Banque centrale européenne (BCE) pourraient également apporter un soutien.
Des compagnies de ferries face à des coûts additionnels
En sus de cette reprise économique, Barclays souligne que la pression concurrentielle et tarifaire provenant des opérateurs de ferries, les principaux adversaires de Getlink sur le marché, diminuera. Ces entreprises font face à des régulations plus coûteuses en matière de coût du travail (loi sur le salaire minimum des marins) et environnementaux. Les sociétés de ferries vont notamment être progressivement incluses dans le marché appelé EU Emissions Trading Systems (ETS), soit le système d'échange de quotas d'émission de Co2.
"Avec une certaine inflation de la main-d'œuvre et des coûts futurs d'émission de Co2 pouvant représenter 5 à 10 euros par traversée au fil du temps, nous estimons que les ferries devront progressivement faire face à une inflation des coûts de 5% à 15% au fil du temps. Cela pourrait alléger une certaine pression sur Getlink", écrit Barclays.
"En outre, Getlink s'est avéré être un acteur discipliné historiquement, avec peu de compromis sur les prix. Nous nous attendons à ce que ce comportement soit encore plus marqué à l'avenir, car la société différencie encore davantage ses services. La fiabilité, la vitesse, la faible émission de carbone et, de plus en plus, le confort restent des aspects clés que Getlink promeut et dans lesquels elle investit régulièrement", poursuit la banque.
Autant d'éléments qui devrait soutenir Getlink, valeur "avec le plus gros beta" (c'est-à-dire la plus cyclique) de l'univers des infrastructures dans la couverture de l'établissement. "Nous estimons qu'une reprise de 5% du trafic de la navette aurait un impact de 2% sur les revenus, mais de 5,5 % sur le bénéfice par action. Un retour aux niveaux de trafic antérieurs au Covid (croissance de 25%) impliquerait donc une hausse très importante de 25% à 30% des bénéfices", calcule Barclays.
La banque a choisi de ne retenir que la moitié de cette possibilité (donc une croissance de 12,5%) et de l'étalier jusqu'en 2028. Ce qui suffit toutefois à accorder du potentiel à l'action.
Eleclink 2 et trafic ferroviaire
Au-delà des fondamentaux purs, d'autres facteurs pourraient apporter un soutien supplémentaire à Getlink, à moyen terme.
En se basant sur un avis de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) sur le projet en question, Barclays estime qu'un deuxième câble Eleclink (une interconnexion électrique entre le Royaume-Uni et l'Europe qui a débuté en mai 2022 et a nettement augmenté les résultats de Getlink) pourrait être déployé en 2032.
Dans le ferroviaire, Evolyn, une start-up low cost espagnole, compte rivaliser avec Eurostar et proposer des trajets Paris-Londres dès 2025 avec une flotte complète en ordre de marche en 2026-2027.
"Nous pensons qu'une concurrence à moindre coût pourrait stimuler le trafic sur la ligne existante Londres-Paris. De plus et, ce qui est peut-être le plus important, nous considérons qu'une telle annonce pourrait catalyser d'autres projets (nouvelles routes et/ou autres opérateurs)", explique Barclays.
In fine, le développement de nouvelles lignes ferroviaire pourrait ajouter à terme deux euros de valeur par action Getlink, considère Barclays, et "un deuxième Eleclink" un euro par action.
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