(BFM Bourse) - Dans un volume d'affaires impressionnant, le marché parisien perd environ 3% ce lundi à la mi-journée, plombé par la nouvelle escalade des tensions géopolitiques et le nouveau paquet de sanctions à l'encontre de la Russie, faisant craindre une nouvelle flambée des prix de l'énergie.
Les regards toujours braqués sur l'Ukraine (et désormais aussi vers le Bélarus, où des pourparlers russo-ukrainiens démarrent au moment où j'écris ces lignes), les investisseurs tentent encore de jauger les conséquences économiques de la guerre en cours et du considérable durcissement des sanctions occidentales à l'encontre de Moscou au cours du week-end. Ces dernières sont "plus sévères et plus étendues que les sanctions les plus extrêmes que nous pouvions imaginer il y a un mois à peine [...] plongeront presque certainement l'économie russe vers une profonde récession" écrivent les analystes de JP Morgan dans une note matinale. Mais par ricochet ces sanctions font craindre des perturbations durables sur de nombreux marchés, notamment de matières premières (pétrole, gaz, céréales, métaux, etc.), risquant d'alimenter l'inflation.
À 12h25, le CAC 40 efface ainsi la quasi-totalité de son étonnant rebond de vendredi (+3,55%), rendant 3,02% à 6.548 points, dans un volume d'échanges spectaculaire de plus de 2,2 milliards d'euros à ce stade.
La situation a de fait changé du tout au tout au cours du week-end. Le premier paquet de sanctions, décidé la semaine dernière, a été considérablement renforcé. Avec la participation totale de l'Europe puisque l'Allemagne, qui traînait les pieds, "s'est mise au diapason et a autorisé les ventes d'armes à l'Ukraine, tout en augmentant massivement son budget de défense", note Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. Les banques russes ont été coupées du réseau SWIFT, l'Union européenne, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont notamment gelé les actifs des banques centrales russes, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas intervenir sur les marchés des devises, entraînant une ruée des épargnants russes vers les banques.
"En cette fin du mois de février et début du mois de mars, je pourrais vous parler de la semaine très chargée en données qui nous attend et de ses implications sur la politique monétaire. Mais de qui se moque-t-on ? Tout tourne autour de la situation entre la Russie et l'Ukraine, et l'évolution de cette situation déterminera le sentiment et la direction du marché" résume Jeffrey Halley. L'analyste fait notamment référence à la publication de l'indice des prix à la consommation du mois de février en zone euro qui sera publié ce mercredi et devrait (aurait dû) déterminer la conduite de la politique monétaire de la BCE - évidemment remise en question par le conflit armé en cours sur le sol européen.
Aux valeurs, si le recul est quasi-généralisé et affecte plus particulièrement les groupes exposés à la Russie (-11,4% pour Société Générale, -10,8% pour Renault), un secteur surnage: celui de l'armement. La volte-face allemande sur sa stratégie de défense et l'annonce d'un soutien militaire de l'UE à l'Ukraine profitent en effet aux champions européens du secteur, comme Dassault Aviation (+9%) et Thales (+12,1%) à Paris.
Malgré la nouvelle flambée des cours du brut (+4,4% pour le baril de Brent à 98,3 dollars) sur fond de perspectives de perturbations de l'offre russe, TotalEnergies lâche 5,5%, sous pression de la décision du britannique BP ayant annoncé son retrait complet de Russie.
Au sein du CAC, plusieurs valeurs de croissance comme Dassault Systèmes (+2,8%) et Eurofins (+1,5%) tirent parti de la perspective d'une possible temporisation à venir des banques centrales dans leurs velléités de relèvements de taux. Et sur le reste de la cote, GTT (+2,9%) ou Neoen (+7,8%) sont recherchés.
Sur le marché des changes, où la rouble russe se fait laminer à un creux historique, la monnaie unique recule de 0,52% à 1,1210 dollar vers 12h45.