(BFM Bourse) - La Bourse de Paris recule de 1,4% mais est parvenue à sauver de justesse les 5.900 points jeudi soir. Pourtant, le moral des opérateurs est mis à mal par l'inflation récalcitrante, les risques de ralentissement économique et un début de saison des résultats décevant aux Etats-Unis. Les cours du pétrole sont au plus bas depuis l'invasion en Ukraine du fait des mêmes craintes de récession dans les pays consommateurs d'or noir. Du côté des changes, l'euro-dollar bascule une nouvelle fois sous la parité.
Ce jour férié n'a pas été de tout repos pour la Bourse de Paris. Difficile d'être optimiste tant les nuages noirs s'amoncellent dans le ciel boursier. L’ambiance sur les marchés financiers risque de rester sombre cet été, les dernières données économiques s'affichent détériorées tandis que les banques centrales se sont données pour mission de terrasser le monstre de l’inflation quoiqu’il en coûte, même une récession.
La Bourse de Paris a effet accentué sa baisse -jusqu'à perdre plus de 2% à 5.874,68 points - dans le sillage du repli des indices à Wall Street avant de se reprendre en fin de séance. Le CAC 40 cède au final 1,41% à 5.915,41 points dans des volumes typiques d'un jour férié avec un peu plus de 2,8 milliards d'euros échangés dans la journée. A la clôture des Bourses européennes, le Dow Jones rendait 1,4%, le Nasdaq perdait 1% tandis que le S&P 500 pliait de 0,9% pour se diriger vers une cinquième séance de baisse d'affilée.
Les résultats de JPMorgan et Morgan Stanley ont jeté un froid, les deux grandes banques américaines ont toutes deux raté les prévisions des analystes. Jamie Dimon, le patron de JP Morgan a même prévenu que les tensions géopolitiques, une inflation élevée et la perte de confiance des consommateurs sont susceptibles "d'avoir des conséquences négatives sur l'économie mondiale à un moment donné". Les dernières statistiques publiées en la matière donnent pour l'instant raison aux anticipations du directeur général de la banque américaine. En début d'après-midi, les investisseurs ont pris connaissance des chiffres hebdomadaires du chômage révélant une nouvelle hausse des inscriptions à 244.000 contre 235.000 la semaine passée.
Ils ont surtout réagi à la poussée des prix à la production pour juin de 1,1% sur un mois, contre une hausse de 0,8% attendue par le consensus. En rythme annuel, l'indice a progressé de 11,3% illustrant encore plus la vigueur de la hausse des prix outre-Atlantique. Cette statistique est d'autant plus surveillée qu'elle donne le ton à venir sur l'orientation de la politique monétaire de la Fed. Mercredi, la publication d'un CPI américain du mois de juin, au plus haut depuis plus de 40 ans accroît la pression sur la Réserve fédérale des Etats-Unis pour poursuivre un durcissement monétaire à marche forcée. La situation telle qu'analysée par le Bureau of Labor Statistics se révèle en effet plus préoccupante que prévu puisque la différence d'un mois sur l'autre ressort à +1,3%, soit un taux d'inflation sur douze mois de 9,1%, le rythme le plus élevé depuis novembre 1981.
Pour reprendre le contrôle de l'inflation, la Réserve américaine sera contrainte d'opter pour une posture plus agressive en matière de politique monétaire. Les investisseurs estiment désormais que la Fed pourrait décider d'une hausse de 1% de son principal taux directeur à l'issue de sa réunion monétaire le 27 juillet prochain, au risque de plonger l'économie américaine dans une situation de récession. Les paris sont ouverts alors que la Banque centrale canadienne n'a pas tergiversé plus longtemps pour opérer un tour de vis dans des proportions identiques mercredi.
Un euro-dollar sous la parité et un pétrole au plus bas depuis l'invasion en Ukraine
Ces perspectives de hausse des taux directeurs américains profitent au billet vert qui se renforce à des niveaux inédits depuis des décennies face au yen ou à l'euro. L'euro plonge ainsi une nouvelle fois sous la parité à 0,9955 dollar (-1,04%), un niveau plus vu depuis décembre 2002. En Italie, le risque politique refait surface alors que le Mouvement 5-Étoiles refuse d'appuyer le vote de confiance sollicité par le gouvernement de Mario Draghi sur un décret-loi. Le spectre d'une instabilité politique se diffuse dans les marchés actions, la Bourse de Milan capitulant avec un repli supérieur à 3,4% jeudi soir.
Toujours dans la zone euro, la Commission européenne vient de publier ses dernières projections économiques et le tableau dépeint par l’institution est loin d'être engageant pour les mois à venir. Elle dégrade ses prévisions de croissance et révise en revanche à la hausse ses prévisions d'inflation pour 2022 et 2023, principalement en raison de l'impact de la guerre en Ukraine.
Dans ce contexte d'inflation record aux Etats-Unis et en zone euro, les tarifs pétroliers ont dévissé de 5% avant de contenir leurs pertes à 2% avec un WTI à 94,14 dollars et un Brent à 97,69 dollars le baril. Les deux références mondiales du pétrole sont retombés à des niveaux similaires au début de l'invasion russe de l'Ukraine, emportés par les craintes de récession qui menacent la demande d'or noir. Sans surprise, les valeurs affiliées au pétrole sont mal orientées à la clôture à l'image du poids lourd du CAC 40 TotalEnergies qui cédait 4,7% Technip Energies accusait pour sa part une baisse de 5,8%, CGG de 5,4% et Vallourec (-4,8%).
Du côté des autres valeurs, quelques entreprises ont déjà communiqué leurs résultats notamment du côté des petites capitalisations, à l'image de TFF Group qui progresse de plus de 3% après avoir fait part d'une forte accélération de son résultat net au titre de son exercice décalé 2021-2022.
Manutan (+1,4%) a vu son activité progresser de 15% au titre de son troisième trimestre de son exercice décalé 2021-2022.
Arkema pliait de 3,4%, sous le coup d'une dégradation d'UBS qui passe de "neutre" à "vendre" sur le dossier avec un objectif de cours sabré à 82 euros.
Atos cédait 4,6%, S&P vient d'abaisser sa notation de crédit de "BBB-" à "BB", assortie d'une "perspective négative". Par ailleurs, le groupe informatique a pris acte de la démission de son directeur général sortant Rodolphe Belmer.