(BFM Bourse) - Malgré la bonne tenue des valeurs bancaires et de l'automobile, la prudence l'a à nouveau emporté jeudi sur l'indice phare tricolore. Vivendi a joué les lanternes rouges en raison de questions vis-à-vis de sa filiale de musique enregistrée, UMG.
Le repli du marché parisien demeure certes très contenu (à peine -1% en l'espace d'une semaine), mais il dure tout de même depuis cinq séances. Jeudi, le CAC 40 a en effet clôturé en repli de 0,13% à 5493,61 points, dans un volume encore peu étoffé de 2,7 milliards d'euros - dans la droite ligne des précédentes séances.
Après avoir débuté sans grande conviction en hausse, à la veille du G20 d'Osaka qui cristallise les espoirs d'avancées sur les tensions commerciales sino-américaines, l'indice parisien s'est retourné en fin de matinée après la chute de l'indicateur du sentiment économique dans la zone euro, établi par la Commission européenne, à son plus bas niveau en juin depuis près de trois ans soit 103,3 points après 105,2 en mai, alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 104,6. À noter que l'indice du sentiment dans l'industrie a reculé de 2,7 points, sa plus forte baisse sur un mois depuis près de huit ans. C'est outre-Rhin que le recul était le plus marqué (-2,9 points en Allemagne), mais le moral des agents économiques a aussi diminué en Italie, France, Pays-Bas et Espagne.
Avant même que les opérateurs ne prennent connaissance de cette dégradation du climat économique, la vigueur et la visibilité n'étaient déjà pas vraiment au rendez-vous, à l'aube d'un G20 où la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping devrait être le point culminant. Il y a peu d'espoir que cette réunion accouche d'un vaste accord commercial. D'autant plus qu'une maladresse de la chaîne CNBC, qui a rapporté des propos du secrétaire du Trésor américain Steven Mnuchin, avait d'abord laissé croire aux marchés que 90% du chemin avait été parcouru. Or, la chaîne financière s'est ravisée, Steven Mnuchin ayant en réalité déclaré ceci : "Nous (Chine et États-Unis) avions parcouru environ 90% du chemin et je pense qu'il existe un moyen de finaliser un accord". "Un détail (de conjugaison, confusion entre "is" et "were", NDLR) qui importe beaucoup et qui coûte cher" note les experts de Mirabaud Genève dans leur note matinale.
Sur le marché parisien, Casino a signé la plus forte hausse de tout le SBF (+5,4%) dans la perspective d'un projet de simplification de la structure de ses activités en Amérique latine, en vue de mieux les valoriser.
Showroomprivé massacré, les bancaires poursuivent sur leur lancée
Le secteur bancaire a toutefois repris des couleurs à la faveur d'une remontée des taux d'emprunt, à l'instar de Société générale (+1%), Crédit Agricole (+1,1%) et BNP Paribas (+0,7%). Plus vivement, Natixis a gagné 2,4%, alors que Morningstar a repris la notation du fonds Allegro de H2O, filiale britannique de gestion de Natixis, avec une recommandation à "neutre" après l'avoir suspendue la semaine dernière en raison d'inquiétudes sur la liquidité de certains actifs.
Les valeurs des équipementiers et constructeurs automobiles restaient également bien orientées, sur fond d'espoirs d'une détente commerciale. Valeo a progressé de 2%, Faurecia de 1,3%, Peugeot de 1,2%. Inversement, Renault a symboliquement reculé (-0,09%) alors qu'Emmanuel Macron a déclaré que rien ne justifiait une baisse de la participation de l'Etat français au capital.
Avant d'être rapidement suspendu, Boiron gagnait 0,82% en matinée. Le groupe français d'homéopathie a demandé la suspension de sa cotation après la fuite dans la presse de l'avis définitif de la Haute autorité de santé (HAS) sur l'évaluation du bénéfice médical des médicaments homéopathiques. Selon Libération, la HAS préconise que l'homéopathie ne devrait plus être remboursée par la Sécurité sociale faute d'efficacité.
Report dans la cession partielle d'Universal
Plus forte baisse de l'indice, Vivendi a lâché 2,7% alors que le projet de cession d'Universal Music Group pourrait être reporté à 2020, et que le scandale de l'incendie d'une partie du catalogue d'enregistrements originaux des nombreux labels absorbés par le groupe prend de l'ampleur. Présenté comme mineur en 2008 lorsqu'il était survenu, le sinistre aurait en fait détruit une part majeure d'enregistrements historiques.
Sanofi, Total et Airbus ont aussi pesé sur la tendance de l'indice.
À noter également le plongeon de 31% du titre Showroomprivé en raison d'un nouvel avertissement du groupe de e-commerce sur ses objectifs de rentabilité lors de l'exercice 2019.
Sur le front pétrolier, après le rebond de mercredi après l'annonce d'une chute marquée des réserves de brut aux Etats-Unis et de nouvelles menaces de Donald Trump contre l'Iran, le marché reprenait son souffle. Vers 17h45, le baril de Brent cédait 0,33% à 65,47 dollars quand celui de WTI reculait de 0,22% à 59,25 dollars.
L'euro demeurait pour sa part stable à 1,1370 dollar.