(BFM Bourse) - Le CAC 40 subit une brutale correction ce lundi. Préoccupés par les tensions géopolitiques, les opérateurs semblent avoir brutalement abandonné toute velléité d'achat, alors que l'indice avait solidement progressé la semaine dernière.
Brutal refroidissement d'atmosphère lundi à la Bourse de Paris. Vers 13h00, le CAC 40 abandonne 1,39% à 5 362,68 points. Les rangs des acheteurs semblent s'être fortement dégarnis, ce qui se traduit par un rétrécissement des volumes d'échanges. Moins de 820 millions d'euros ont changé de main à ce stade.
Après avoir rebondi de 2,08% sur l'ensemble de la semaine écoulée, l'indice tricolore ploie sous l'accumulation de nouvelles sectorielles ou géopolitiques préoccupantes.
Du côté commercial, si le gouvernement américain a décidé de remettre à six mois la question des droits de douane concernant l'industrie automobile européenne, et finalement abouti ce week-end à un accord avec le Canada et le Mexique, la pression sur la Chine apparaît de plus en plus forte.
Le secteur des semi-conducteurs victime de la guerre commerciale
Les Etats-Unis ont en effet décidé de restreindre les ventes de matériel de haute technologie à certaines entreprises jugée potentiellement menaçantes pour la sécurité nationale, à commencer par Huawei. De gros intervenants comme Google et Xilinx ont fait savoir qu'ils se conformaient à l'interdiction... Potentiellement même les fournisseurs non-américains (dès lors qu'ils commercent par ailleurs avec les Etats-Unis) pourraient devoir réduire leurs livraisons à Huawei, ce qui équivaut à d'importants volumes puisque le groupe chinois est aujourd'hui numéro 2 mondial des smartphones. L'allemand Infineon leur aurait déjà emboîté le pas, selon le journal Nikkei.
C'est tout le jeu des transferts de technologie vers la Chine qui pourrait ainsi être remis en cause. Un rapport de l'European Chamber of Commerce in China publié ce lundi reconnaît d'ailleurs que 20% des entreprises européennes désireuses de commercer avec la Chine sont contraintes de consentir des transferts de technologie, contre 10% en 2017.
De leur côté, les dirigeants chinois ont jugé "extravagantes" les demandes de Washington en vue de conclure un accord commercial entre les deux pays... "L'équation des relations sino-américaines, au moins telle qu'elle est appréhendée aujourd'hui à Washington, s'est complexifiée au cours des dernières semaines. Son aspect multiforme rend sa résolution plus compliquée. Dans tous les cas, le message pour les marchés semble bien être le suivant : les choses risquent de "traîner" et l'incertitude, donc, de se maintenir à un niveau élevé", observe Hervé Goulletquer, stratège chez LBPAM.
Dans ce cadre, la cote des fabricants de semi-conducteurs reflue sensiblement : STMicroelectronics abandonne 8,3%, en dernière position du CAC 40, et Soitec cède 6,3%.
Le secteur aérien également sous pression
Autre sujet de tensions, l'escalade ouvertement militaire avec l'Iran. Les Etats-Unis ont envoyé des navires de guerre vers le Golfe, tandis que Téhéran a débuté ses préparatifs pour enrichir de l'uranium et que l'Arabie saoudite accuse l'Iran d'être responsable des attaques houthies au Yémen.
Le secteur aérien est également sanctionné dans le sillage des résultats annuels de Ryanair . Le groupe a fait état de son bénéfice annuel le plus faible en quatre ans, pénalisé par le durcissement de la concurrence, le Brexit et d'un retard dans les livraisons du Boeing 737 MAX... L'action cède 3,6% à Londres entraînant dans son sillage Air France-KLM (-2,6%), easyJet (-2,5%) et Lufthansa (-1,7%).
Le titre Boiron cède 8,9% après l'officialisation de la recommandation de la commission de la transparence de la HAS, préconisant de cesser de rembourser l'homéopathie.
Solutions 30 en chute libre
Sur le segment Growth (ex-Alternext), le titre Solutions 30 plonge de 22,75% après la publication d'une prise de position vendeuse de la part de Muddy Waters, sans autre information à ce stade de la part du fonds spéculatif, connu pour miser à la baisse sur des entreprises qu'il juge survalorisées.
Seule une petite minorité de titres se maintiennent dans le vert à ce stade de la séance, dont le laboratoire Ipsen (+2%) porté par le relèvement de l'avis de JPMorgan.
Les cours du pétrole en revanche progressent, le ministre saoudien de l'Energie ayant fait part d'un consensus large au sein de l'Opep pour réduire progressivement les stocks, tout en assurant que son pays resterait attentif aux besoins du marché selon lui toujours fragile. Le WTI gagne 0,27% à 62,92 dollars et le Brent 0,44% à 72,53 dollars.
Sur le marché des changes la parité euro/dollars est figée à 1,1159.