(BFM Bourse) - Si Jerome Powell n'a pas totalement apaisé les craintes des investisseurs quant à la menace inflationniste, le marché parisien touche un nouveau plus haut depuis plus d'un jeudi matin, porté par une nouvelle salve de résultats annuels globalement bien accueillis.
Au lendemain d'une légère progression de 0,31% à mettre sur le compte des nouveaux commentaires accommodants du patron de la Fed, le marché parisien reste bien orienté jeudi (+0,19% à 5.809 points vers 12h25) dans le sillage du rebond des indices new-yorkais - avec notamment un record historique inscrit par le Dow en clôture mercredi. "Le marché boursier parisien a retrouvé un nouvel élan" mais "le risque d'une baisse des actions demeure", avertit néanmoins Christopher Dembik, directeur associé chez Berenberg, d'autant que le taux américain à dix ans repart à la hausse ce jeudi. Il évolue autour de 1,45% vers 12h40, un nouveau plus haut en un an alors qu'il avait reflué jusqu'à 1,37% la veille. "Le marché reste dans une période d'incertitude et tout franchissement du seuil psychologique situé à 1,50% sur le dix ans américain pourrait entraîner une nouvelle vague de chute des actions", complète-t-il.
Les rendements obligataires européens suivent une trajectoire identique et le taux français à 10 ans tutoie désormais le seuil symbolique de 0% pour la première fois depuis juin dernier. La nouvelle détente observée mercredi sur le marché obligataire -au lendemain d'une accalmie similaire déjà provoquée par des commentaires du patron de la Fed- aura donc été de courte durée. Jerome Powell s'est pourtant attaché à réaffirmer l'attachement de l'institution à maintenir une politique monétaire expansionniste pour favoriser la reprise économique, ajoutant qu'il faudrait "peut-être plus de trois ans pour que l'inflation parvienne à l'objectif de la Fed", à savoir 2%.
Les Français plus enclins à épargner qu'à consommer
Côté indicateurs, le moral des ménages français a de nouveau fléchi en février, après son net repli de janvier, selon l'Insee qui ajoute que le solde d'opinion des ménages estimant qu'il est opportun d'épargner, signe d'inquiétudes vis-à-vis de l'avenir, "reste à son plus haut niveau historique", tout comme leur capacité d'épargne. A contrario, en Italie, les indices de confiance des ménages et des entreprises se sont inscrits en hausse en février, renouant même pour certains secteurs d'activité avec les niveaux pré-Covid selon l'Institut national des statistiques du pays (Istat).
Les investisseurs parisiens sont par ailleurs occupés à faire le tri parmi une nouvelle salve importante de publications annuelles qui animent la cote.
Le palmarès de l'indice phare est ainsi dominé par Axa avec un gain de 3,7% à 12h, le premier assureur français prévoyant de relever son dividende malgré un repli de 18% de son bénéfice net en 2020 alors que les réclamations liées à la crise sanitaire du coronavirus ont affecté les revenus de son activité dommages. Les investisseurs saluent également l'optimisme dont a fait preuve le groupe pour l'exercice en cours.
Nexity enregistre une année record
La prudence affichée par Safran pour son exercice 2021 est en revanche sanctionnée par un recul de 3,6%, alors que l'équipementier aéronautique a réussi à maintenir ses comptes dans le vert (avec un bénéfice net de 352 millions d'euros, contre 2,4 milliards un an plus tôt), et que son résultat opérationnel courant est ressorti 3% au-dessus du consensus, à 1,68 milliard (-56% sur un an).
Sur le reste de la cote, Nexity s'adjuge 6% à la faveur d'une "année exceptionnelle" selon le premier promoteur français qui a vu son chiffre d'affaires augmenter de 8% en 2020 grâce à une accélération de son activité au second semestre. Les revenus du groupe ont ainsi atteint 4,86 milliards d'euros quand les analystes misaient sur 4,7 milliards.
Casino lâche en revanche 1% après avoir dévoilé une perte nette de 886 millions d'euros sur l'année 2020, du fait notamment de déstockages et dépréciations d'actifs dans la foulée de la cession de Leader Price à Aldi en novembre. Le distributeur s'est par ailleurs réengagé à améliorer encore sa rentabilité et son niveau de trésorerie, ainsi qu'à poursuivre son plan de cession d'actifs pour réduire la dette.
L'équipementier parapétrolier Technip a de son côté publié un chiffre d'affaires supérieur aux attentes mais une nouvelle (légère) perte nette (de 0,09 dollar par action quand le consensus visait un bénéfice net de 0,15 dollar) et lâche 1,4%.
Le groupe de chimie Arkema s'est montré confiant pour 2021 après une nette reprise de ses activités au quatrième trimestre (+5%, contre -10% sur l'ensemble de l'année), et table sur le potentiel de sa stratégie de recentrage sur les matériaux de spécialités. Le marché salue (+3%) à la fois le dépassement du consensus, tant sur le chiffre d'affaires que sur l'Ebitda, que les perspectives ambitieuses du groupe qui prévoit une progression de son Ebitda en 2021 et un retour du dividende.
Des cours pétroliers toujours élevés
Plus forte chute du SRD à la mi-journée, SES cède 5,8% après avoir enregistré une perte nette de près de 90 millions d'euros en 2020 sur fond de poursuite du déclin de son activité vidéo, sa principale source de revenus, a annoncé l'opérateur de satellites européens.
Enfin, Ipsos avance de 4,8% malgré une baisse de 9% de ses revenus en 2020, le groupe de sondages misant sur un retour de son activité au niveau de 2019 dès l'exercice en cours "si la situation sanitaire ne connait pas une nouvelle dégradation importante".
Du côté de l'énergie, les cours du pétrole restent proches de leurs plus hauts de treize mois au lendemain de l'annonce par l'EIA d'une baisse de 1,1 mbj de la production aux Etats-Unis la semaine dernière - égalant ainsi un précédent record - en raison de la vague de froid qui s'est abattu sur le sud du pays, notamment au Texas. Peu après 12h30, le baril de Brent grappille 0,16% à 66,32 dollars quand celui de WTI évolue à l'équilibre (+0,02% à 63,24 dollars). Sur le Forex, l'euro s'apprécie nettement face à un billet affaibli par la prudence affiché par la Fed et reprend 0,52% à 1,2231 dollar. Stable par rapport à mercredi soir, le bitcoin se traite toujours autour de 49.800 dollars.