(BFM Bourse) - Les deux banques ont publié ce jeudi leurs résultats trimestriels. La banque de La Défense a livré des performances supérieures aux attentes et a rassuré sur la trajectoire de ses revenus nets d'intérêt dans la banque de détail en France. C'est plus mitigé du côté de BNP Paribas.

Les résultats des banques européennes se sont plutôt avérés de bonne facture jusque-là. Mercredi, Barclays, HSBC et UBS ont livré des comptes solides. Quid de Société Générale et BNP Paribas, qui ont publié ce jeudi?

In fine, l'établissement rouge et noir passe haut la main l'épreuve alors que la copie rendue par la banque de la rue d'Antin est bien plus mitigée.

En conséquence, Société Générale bondit à la Bourse de Paris gagnant 8,9% vers 11h25, signant la plus forte hausse du CAC 40 quand BNP Paribas, à l'opposé, perd 5,7% et accuse la plus forte baisse de l'indice.

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Le pas dans la bonne direction de Société Générale

Société Générale a coché beaucoup de bonnes cases sur le trimestre. Jefferies juge ainsi que la banque a effectué "les progrès que l'on veut voir".

Au troisième trimestre, Société Générale a dégagé un bénéfice net de 1,37 milliard d'euros, multiplié par cinq sur un an et supérieur au consensus, logé à 1,2 milliard d'euros, selon Royal Bank of Canada.

Société Générale est parvenu à produire un effet ciseau positif avec un produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires chez les banques) plus élevé qu'attendu, à 6,84 milliards d'euros, soit 5% au-dessus des attentes, et des coûts (frais de gestion) plus faibles (-3% par rapport au consensus) à 4,33 milliards d'euros.

Dans le détail, toutes les divisons (à l'exception de financement automobile de longue durée) ont dépassé les attentes.

Les activités de marché ont notamment généré un produit net bancaire d'1,58 milliard d'euros, contre 1,49 milliard d'euros attendu. Le groupe a été porté par la bonne dynamique des métiers actions, en hausse de 10,1%, "grâce notamment à une très bonne performance des produits dérivés dans un contexte de marché favorable", explique la banque. "Il s’agit du second meilleur troisième trimestre historique" de cette activité, a souligné Société Générale. Les métiers de taux (obligations, crédit, changes) ont, eux, progressé de 6,1%.

La banque de détail se redresse

Le point le plus crucial reste peut-être que la banque de détail a, cette fois, répondu présente. Cette activité est davantage surveillée chez Société Générale que chez ses consœurs, dans la mesure où la Banque de la Défense est bien plus exposée à la banque de détail en France et donc à son potentiel redressement que BNP Paribas et Crédit Agricole SA.

Au troisième trimestre, la banque de détail en France a généré un bénéfice net de 267 millions d'euros, multiplié par plus de neuf sur un an et supérieur de 25% au consensus.

Les revenus nets d'intérêt en France se sont redressés, progressant de 19% sur un trimestre (et de 43% sur un an), pour s'établir à 1,06 milliard d'euros. Au passage Société Générale a confirmé vouloir atteindre en 2024 des revenus nets d'intérêt en France de 3,8 milliards d'euros.

Coté solvabilité, le ratio CET 1, qui rapporte les fonds propres à l'encours pondéré des risques, s'est établi à 13,2% contre un consensus à 13,1%.

"Les résultats conformes/supérieurs au consensus, la stabilisation des tendances et la réitération de l'objectif de revenus nets d'intérêt dans la banque de détail en France sont rassurants compte tenu des publications décevantes des derniers trimestres", apprécie Royal Bank of Canada.

"Nous pensons que le troisième 2024 marque un tournant dans le dossier d'investissement de Société Générale avec la confirmation d'un redressement des revenus de la banque de détail en France, notamment les revenus net d'intérêt en France (...) de sorte que cette source de controverse en matière d'investissement devrait, espérons-le, se trouver dans le rétroviseur", conclut de son côté Jefferies.

A noter qu'en marge de ces annonces, Société Générale a annoncé des évolutions au sein de sa direction avec notamment le remplacement de la directrice financière, Claire Dumas, par Leopoldo Alvear (directeur financier actuel de Banco Sabadell), au 7 janvier prochain.

BNP livre une copie mitigée

Du côté de BNP Paribas, la publication est mi-figue mi-raisin. "Les résultats du troisième trimestre sont mitigés en termes de tendances opérationnelles", résume Royal Bank of Canada.

BNP Paribas a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 2,87 milliards d'euros, "seulement" en ligne avec les attentes logées à 2,86 milliards d'euros.

Aussi bien le produit net bancaire que les coûts ont évolué en ligne avec les attentes. Le résultat avant impôt, à 4,06 milliards d'euros a toutefois dépassé de 3% le consensus grâce à un coût du risque (les provisions mises de côté pour parer aux défauts sur les crédits) inférieur de 15% au consensus.

Plusieurs divisions et activité ont toutefois déçu. C'est le cas des revenus de la banque de détail en France, inférieurs de 2% aux attentes, selon Jefferies. Morgan Stanley note d'ailleurs la "faiblesse" de l'activité dans l'Hexagone où le résultat brut d'exploitation a atteint 460 millions d'euros, soit 5% de moins que le consensus, selon la banque américaine. "La banque de détail continue de décevoir", note Jefferies.

La banque de financement et d'investissement (BFI) a elle publié un bénéfice net de 1,652 milliard d'euros inférieur de 2% aux attentes en raison de coûts supérieurs aux attentes.

"Franchement, nous nous attendions à mieux, notamment en ce qui concerne la BFI où les revenus, bien qu'en hausse de 9 % en glissement annuel, sont publiés après des résultats plus solides chez d'autres établissements, ce qui avait placé la barre plus haut. Par exemple, les revenus d'"Equity and Prime" (métiers actions et de gestions de titres sur le marché, NDLR) ont augmenté de 13% en glissement annuel alors que nous attendions un résultat supérieur à 20%", souligne Jefferies.

Les métiers spécialisés, qui comprennent l'activité de financement automobile de longue durée avec Arval et le crédit à la consommation, ont aussi déçu, avec un bénéfice avant impôt inférieur de 17% au consensus. Dans cette division, Arval est pénalisé "par la normalisation du prix des véhicules d’occasion", a expliqué BNP Paribas.

Dernier point: le ratio CET 1 s'avère un poil inférieur aux attentes, s'inscrivant à 12,7% contre 12,9% attendu, souligne UBS qui juge que ce point risque de retenir l'attention des analystes.