(BFM Bourse) - Le spécialiste français des équipements électriques a relevé son objectif annuel de marge, deux semaines après avoir rehaussé sa cible de revenus pour 2025. Legrand affiche sa confiance sur sa feuille de route à moyen terme, alors qu'il entend tirer partie du dynamisme de la demande pour les centres de données.
Cette saison estivale des résultats sera restera gravée dans la mémoire des actionnaires de Legrand puisqu'elle a offert son lot de très bonnes surprises.
Le 17 juillet, le spécialiste français des équipements électriques avait donné des premières indications sur ses performances du premier semestre, en annonçant avec deux semaines d'avance un chiffre d'affaires semestriel supérieur aux attentes. Cette publication de haute volée s'était accompagnée d'un relèvement des perspectives de croissance annuelle de revenus.
Le spécialiste français des équipements électriques table pour l’année 2025 sur une croissance de ses ventes comprise entre 10% et 12%, contre une précédente prévision de 6% et 10%.
Un objectif de marge relevé
Deux semaines plus tard, Legrand relève encore un de ses objectifs, en l’occurrence celui relatif à sa marge, à l'occasion de la publication intégrale de ses résultats semestriels.
La société table désormais sur une marge opérationnelle (Ebit) ajustée comprise entre 20,5% et 21% de ses ventes, contre 20,5% précédemment. Cet objectif s'entend après acquisitions. Legrand visait auparavant une marge d'Ebit ajusté après acquisitions stable par rapport à 2024, soit aux alentours des 20,5%.
À la Bourse de Paris, Legrand progresse de 3,8% vers 15h15.
Concernant le premier semestre, Legrand a dévoilé un résultat opérationnel ajusté légèrement supérieur au milliard d'euros (1,003 milliard d'euros), en hausse de 14,9% par rapport au premier semestre 2024. La marge opérationnelle ajustée s’établit ainsi à 21,0% des ventes de la période, ressortant 50 points de base (0,5 point de pourcentage) au dessus du consensus cité par Royal Bank of Canada. Elle atteint 20,9% avant acquisitions.
Le groupe se dit "pleinement mobilisé pour répondre à la situation évolutive des politiques douanières internationales, et notamment américaines" en vue de défendre sa rentabilité.
"À cette fin, le plan d’action initié en début d’année se déroule conformément à notre feuille de route, aussi bien concernant les hausses ciblées de prix de ventes que la mise en œuvre de plans d’économies, l’ajustement des chaînes d’approvisionnements ou encore l’adaptation ponctuelle du dispositif industriel", ajoute Legrand.
Le résultat net part du groupe progresse pour sa part de 8,7% par rapport au premier semestre 2024, pour atteindre 628,1 millions d'euros. Le flux de trésorerie libre grimpe de 7,2% sur un an, à 501,6 millions d'euros.
Déjà publié mi-juillet, Legrand a réalisé entre janvier et fin juin, un chiffre d'affaires en hausse de 13,4% sur un an, pour atteindre 4,774 milliards d'euros. Les ventes sont en hausse organique - c'est-à-dire en excluant les effets de périmètre et de changes - de 9%. Les centres de données ont une nouvelle fois tiré la croissance de Legrand.
Les États-Unis constituent le cœur de la croissance du groupe français en raison du boom de l'intelligence artificielle (IA) qui se traduit par un développement exponentiel des datacenters (centres de données).
Cap sur 2030
Legrand affiche aussi sa confiance sur ses objectifs à moyen terme, dévoilés par le groupe en septembre 2024.
Le groupe se dit en mesure d' atteindre le haut de la fourchette de chiffre d’affaires visée pour 2030, soit environ 15 milliards d’euros, contre 8,6 milliards en 2024. La société entend tirer partie du dynamisme de son segment des centres de données, qui a représenté 24% de son chiffre d'affaires au premier semestre 2025.
Legrand anticipe une croissance organique annuelle moyenne à deux chiffres de son marché accessible sur les data centers sur la période 2025 à 2030, sur la base de ses performances au premier semestre et des tendances de marché observées depuis 12 mois.
"Dans l'ensemble, le bilan est positif, compte tenu du dépassement de la marge EBIT ajustée, de la révision à la hausse des prévisions de marge pour 2025 et de l'amélioration des commentaires concernant les objectifs pour 2030", apprécie Royal Bank of Canada.
Un accueil plus frileux pour Schneider Electric
En revanche, Schneider Electric ne suscite pas autant d’enthousiasme après sa publication semestrielle, et cède plus de 3% à la Bourse de Paris.
Le spécialiste des équipements électriques et technologies d'efficacité énergétique a pourtant livré une croissance de 6,4% en données publiées et de 7,9% en données comparables, pour atteindre un chiffre d'affaires record de 19,3 milliards d'euros au premier semestre.
Comme Legrand, Schneider Electric tire profit de son activité autour des centres de données, notamment aux États-Unis, qui a enregistré une croissance "à deux chiffres", au deuxième trimestre.
"L’environnement global du segment des centres de données demeure très fort, avec un solide pipeline d’opportunités alors que les clients renforcent leur présence dans l’IA, élargissant leurs activités au-delà des géants de l'Internet vers un éventail plus large de fournisseurs de colocation et d’autres acteurs", explique Schneider Electric.
Le résultat opérationnel (Ebita) ajusté progresse de 6,9% à 3,51 milliards d’euros au premier semestre, en croissance de 3,8% en données publiées, et de 3,9% en données organiques.
La marché tique cependant sur l'érosion sur un an de la marge correspondante, à 18,2% contre 18,6% à fin juin 2024. Schneider Electric explique avoir subi "l'inflation du coût des matières premières et des droits de douane", et dont les effets négatifs sont intervenus avant que les actions mises en place "au cours du premier semestre ne les compensent".
Oddo BHF note aussi que le résultat net part du groupe, à 1,913 milliard d'euros, est inférieur aux attentes. Schneider Electric explique avoir enregistré une charge de dépréciation sans effet sur la trésorerie de 274 millions d’euros sur la valeur comptable de sa participation dans Uplight, en raison de la détérioration de la performance financière de cette société sur la période.
Le flux de trésorerie libre atteint 474 millions d'euros, qualifié de "décevant" par le bureau d'études, pénalisé par une hausse des stocks et une amende de 207 millions d’euros au premier semestre, dans le cadre d’une affaire juridique en France.
Schneider Electric a aussi confirmé ses objectifs pour 2025 à savoir une croissance de 7% à 10% en données comparables et une amélioration de sa marge opérationnelle retraitée de 0,5 point à 0,8 point de pourcentage.
Une acquisition coûteuse?
En parallèle de ses résultats annuels, Schneider a indiqué, mercredi, avoir acheté la participation de 35 % de Temasek dans sa coentreprise Schneider Electric India Private Limited pour 5,5 milliards d'euros.
À la fin de 2024, cette activité représentait 1,8 milliard d'euros sur un total de 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires de Schneider en Inde, rappelle Royal Bank of Canada.
"La valorisation est bien supérieure au montant d'environ 1 milliard de dollars cité dans un article récent (The Economic Times, 16 juillet 2025). Le multiple implicite est d'environ 10 fois le chiffre d'affaires et, en supposant une rentabilité globale du groupe supérieure à 40 fois l'Ebita, cela ne semble pas bon marché", remarque le bureau d'études.
Pour RBC, l'opération annoncée par Schneider Electric ravive "les inquiétudes passées du marché concernant la tendance de Schneider à réaliser des fusions-acquisitions coûteuses".
On se souvient que le marché avait poussé un ouf de soulagement en mai 2024, quand Schneider Electric avait abandonné l'idée de racheter Bentley Systems, une société américaine de logiciels. Les investisseurs redoutaien que cette emplette ne menace l'équilibre financier du groupe, avec à la clé un potentiel dérapage de la dette de Schneider Electric.
Pour en revenir à l'opération indienne, le bureau d'études note que ce rachat ne devrait avoir qu'un faible impact dilutif sur le bénéfice net par action du groupe et devrait permettre à Schneider d'acquérir la propriété et le contrôle exclusifs de l'un de ses secteurs d'activité les plus dynamiques.
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