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Il y avait des forces antagonistes à l’œuvre hier sur les marchés. D'une part la publication stratosphérique d'NVidia, mercredi soir après Bourse, qui a propulsé la nouvelle référence du Nasdaq en hausse de près de 10%, et d'autre part la problématique monétaire, avec un scénario restrictif qui tient la corde depuis les Minutes publiés mercredi soir, et confortés par les statistiques américaines jeudi (inscriptions aux allocations chômage, PMI).
Le CAC 40 a très nettement limité ses gains en clôture, pour finir la séance proche de ses niveau d'ouverture, en très légère hausse de 0,13% à 8 102 points.
Au premier trimestre (clos fin avril 2024), Nvidia a encore réédité l'exploit d'exploser les attentes des analystes en dévoilant des revenus de 26 milliards de dollars, contre 7,19 milliards de dollars de revenus générés lors de la même période l'an passé. La hausse est donc vertigineuse, puisque ses ventes ont tout simplement triplé sur un an. Et pourtant, les attentes étaient déjà bien élevées, le consensus des analystes visait un chiffre d'affaires proche de 25 milliards de dollars sur la période.
"Cela faisait longtemps que l’économie mondiale n’avait pas été aussi dépendante d’une seule entreprise. Son importance est certainement comparable à celle de la Compagnie des Indes orientales au 17ème siècle", ose Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management.
"Dans l’immédiat, nous ne voyons pas quel acteur pourrait fragiliser l’assise de Nvidia, surtout après son récent partenariat avec Dell Technologies qui devrait permettre au groupe de passer à la deuxième phase de la révolution de l’IA, celle de la démocratisation. L’accord va permettre aux entreprises de toutes les tailles d’avoir accès à une seule solution d’IA de bout en bout, de la périphérie jusqu’au cœur du cloud, à un prix abordable."
Rappelons que Nvidia domine en effet le marché des puces graphiques indispensables pour générer des tâches et des applications avancées en matière d'intelligence artificielle. Microsoft et Google s'équipent ainsi de milliers voire de dizaine de milliers de processeurs graphiques (GPU) Nvidia A100 dans leurs data centers pour développer et entraîner leurs robots conversationnels, ChatGPT et Bard respectivement.
Côté statistiques américaines jeudi, les investisseurs ont pris connaissance des inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage, toujours aussi proches du seuil des 200 000 nouvelles unités. Autre indicateur avancé d'inflation, les baromètres d'activités PMI: L'indice PMI composite de S&P Global a progressé à 54,4 en mai, en première estimation, contre 51,3 points le mois précédent. C'est son plus haut niveau depuis près de deux ans. Ce sont autant de signaux qui témoignent d'une robustesse de la première économie mondiale, et qui alimentent par ricochet les tensions sur le marché obligataire. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se rapproche désormais des 4,50%.
Des baromètres PMI étaient également publiés, pour la Zone Euro, dans la matinée. A l'échelle de l'ensemble de la Zone Euro pour le mois de mai, c'est la hausse dans l'industrie qui surprend le plus agréablement, à 47,4. Notons que le score, encore significativement sous les 50 points, évoque une contraction du secteur. Dans les services, le score est en ligne avec les attentes, à 53,3, stable par rapport aux données finales d'avril.
Dr. Cyrus de la Rubia, Chef économiste à Hamburg Commercial Bank, a apporté les éclairages suivants:
"Les performances économiques allemandes surpassent celles de la France, grâce à une forte croissance du secteur des services, qui se contracte en revanche dans l'Hexagone. Si le secteur manufacturier français se porte, quant à lui, mieux que son homologue allemand, il ne parvient toutefois pas non plus à sortir de la récession. Bien qu'il soit souvent tentant de comparer les performances économiques de divers pays, et de mettre en lumière d'éventuelles forces ou faiblesses, il est rassurant de constater que les deux principales économies de la région sont globalement en phase. La France a ainsi de bonnes chances de rattraper son retard dans le secteur des services, ce qui permettrait à la croissance de la zone euro de repartir sur des bases plus solides."
Côté valeurs, le secteur technologique était en forme, dans le sillage d'NVidia, à l'instar de Cap Gemini (+2,75%), ou STMicro, du moins en première partie de séance... Euroapi a bondi de 10% après avoir annoncé un accord de production de principes actifs pour une entreprise mondiale de santé animale. La valeur totale attendue du contrat est de l’ordre de 130 à 150 millions d’euros, sur la période 2025-2029.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé la séance de jeui dans le rouge (plus ou moins foncé), à l'image du Dow Jones (-1,53%) ou du Nasdaq Composite (-0,39%). Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a perdu 0,74% à 5 267 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,0810$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 76,80$.
A l'agenda ce vendredi, à suivre en priorité les commandes de biens durables aux Etats-Unis à 14h30.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le niveau de résistance des 8 120 points a cédé jeudi 09/05 dans des volumes peu significatifs en raison de l'absence de nombreux opérateurs. Néanmoins à très court terme, le nouveau cadre de travail se situe entre ces 8 120 points, et le sommets absolus proche des 8 220 points, soit une mince bande d'une centaine de points. Le tout prenant place au cœur d'un canal ascendant, dont la borne basse (support), peut être amenée à être éprouvée rapidement. C'est un test technique majeur, qui peut se produire dès ce vendredi.
Si l'on dézoome quelque peu, c'est une large bande de 400 points qui peut accueillir, dans les semaines à venir, des oscillations nerveuses. Une attitude contrariante va être la clef pour les investisseurs mobiles.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 8220.00 points.
Le conseil BFM Bourse
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