(BFM Bourse) - Regain de nervosité, de part et d'autre de l'Atlantique sur les marchés, à l'approche du verdict de la BCE ce jeudi, à l'issue d'un nouveau Conseil des Gouverneurs, et dans le constat de difficultés récurrentes dans les négociations budgétaires aux Etats-Unis.
Sur le premier point, les analystes se sont progressivement fédérés autour de l'idée évoqué il y a 10 jours maintenant, par UBS dans sa note matinale de lundi 01er décembre, d'un accroissement de 500 Milliards d'euros du soutien de la BCE.
UBS disait s'attendre ce que le PEPP (Programme d'achat d'urgence face à la pandémie) soit prolongé de six mois et augmenté de 500 Milliards d'euros, passant de 1 350 Milliards d'euros à 1 850 Milliards d'euros. Toujours selon la banque suisse, le TLTRO (Targeted Longer-Term Refinancing Opérations) serait prolongé jusqu'à mi-2022. Verdict le 10 décembre pour voir dans quelle mesure les attentes d'UBS seront confirmées, et dans quelle mesure de façon plus générale la Banque Centrale Européenne a la possibilité de surprendre encore agréablement le marché dans son attitude dovish (conciliante, accommodante).
Franck Dixmier (Global CIO Fixed Income d'Allianz Global Investors) abondait en tout début de semaine en ce sens. "Le message est clair : la BCE compte s'engager encore davantage pour soutenir l'économie, et continuer le programme PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme) tant que la crise sanitaire durera."
" En présentant une feuille de route très claire, la BCE offre une grande visibilité aux investisseurs, en ancrant toujours davantage les taux courts sur des niveaux bas et en influant sur l'ensemble de la courbe. Les nouvelles mesures sont déjà intégrées par les marchés, comme le montre la compression des spreads de crédit et de la périphérie.", poursuivait M Dixmier.
Sur le front budgétaire américain, l'administration Trump a proposé aux Démocrates une enveloppe de 916 Milliards de Dollars. Une avancée même si le chemin qui sépare les deux camps, est encore long. Démocrates et Républicains ne sont pas encore prêts à se rejoindre, en particulier sur la question de l'assurance-chômage.
"L'enjeu est en outre très important pour les collectivités locales dont les déficits augmentent (absence de financement et dépenses élevées) et les conditions financières risquent de se dégrader, ce qui a d'ailleurs conduit l'agence de notation Fitch à abaisser hier la notation des obligations de la ville de New York.", selon la recherche CIC.
L'actualité sanitaire a été marquée par les avancées du processus réglementaire pour l'homologation des projets de vaccins, notamment l'annonce par l'agence américaine du médicament que les données complètes du vaccin de BioNTech et Pfizer satisfont à ses attentes. Ce qui pourrait conduire à un feu vert de la FDA dès jeudi. Mais également par la hausse inexorable des cas de coronavirus, le nombre de cas diagnostiqués ayant dépassé la barre de 15 millions outre-Atlantique, soit un million de plus en cinq jours seulement...
Au chapitre statistique hier, peu de choses à se mettre sous la dent hier, les investisseurs restant sur la bonne note des chiffres de la fin de la semaine passée et de la première partie de la présente semaine, en particulier sur les commandes à l'industrie et la production industrielle allemande. Peu d'écart au consensus à signaler hier sur le solde de la balance commerciale allemande pout le mois d'octobre. En revanche, la mauvaise surprise est venue du rebond surprises des stocks de brut outre Atlantique, à +15.2 millions de barils.
Côté valeurs, au sein d'une cote finalement peu animée, deux dossiers ont ponctuellement subi un reflux très important. Il s'agit:
- de Solutions30 (-18,69% à 16,14 euros), au lendemain d'un nouveau sommet historique, chute provoquée par la diffusion d'un rapport accusatoire d'origine mal identifiée, dont le groupe a dû démentir les arguments point par point. La société par le passé avait déjà dû faire face à des attaques de vendeurs à découvert, mais les arguments déployés cette fois-ci apparaissent particulièrement grossiers.
- et de STMicroelectronics (-11,80% à 29,96 euros), alors que le groupe franco-italien, qui organisait une journée investisseurs, repousse d'un an, à 2023, son objectif d'atteindre 12 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
De l'autre côté de l'Atlantique, des prises de bénéfices ponctuelles étaient à relever mercredi, principalement sur les secteurs technologiques. Si le Dow Jones a reflué de 0,35% à 30 068 points, les pertes sur le Nasdaq Composite (-1,94% à 12 338 points) ont été bien plus significatives. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a perdu 0,79% à 3 672 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.2090$. Le baril de WTI, l'un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 45,60$.
À l'agenda statistique ce jeudi, le principal rendez-vous est l'issue du Conseil des Gouverneurs de la BCE, avec la décision de politique monétaire proprement dite à 13h45, et la conférence de presse à 14h30. A suivre également, outre Atlantique cette fois-ci, les prix à la consommation et les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage à 14h30.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Deux points (liés au demeurant) sont particulièrement intéressants à noter sur la configuration graphique de court terme sur l'indice phare:
1) Après la puissance libération d'énergie acheteuse du 09 novembre, a qui a vu les 5 000 points psychologiques voler en éclats, la consolidation consécutive jusqu'au 13 s'est construite sans mouvement correctif, et intégralement au-dessus du corps allongé de la bougie remarquable du 09.
2) Un redémarrage précoce le 16, dans des volumes qui ne se sont pas essoufflés.
C'est finalement la structure même de cette consolidation, qui s'est muée progressivement en mouvement ascendant peu volatile, qui en dit long sur la détermination du camp acheteur. La "tenue" de la moyenne mobile à 20 heures (en bleu foncé en vue horaire) est à ce stade aussi intéressante que prédictive.
Dans l'immédiat, une première alerte annonçant une épisode ponctuelle de prises de profits sous résistance intermédiaires s'est déclenchée lundi 30/11. Les signaux pour une reprise des achats seront donnés tout autant par la lecture graphique du CAC que, au cas par cas, par les valeurs à plus fort effet d'amplification du compartiment A de la cote, soit un univers d'investissement formé de façon non exhaustive par Air France, Vallourec, CGG, Sodexo, Mercialys, ... Une seconde alerte s'est déclenché hier mercredi, avec une clôture sur les points bas de séance doublée d'une combinaison en englobante baissière.
Dans ces conditions, une poursuite de la latéralisation est attendue. Sans rapide apport de carburant, elle se poursuivra par une courte correction. L'occasion de repasser progressivement à l'achat sur des dossiers préalablement ciblés.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 5620.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 5343.00 points relancerait la pression vendeuse.

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