(BFM Bourse) - Ambiance beaucoup plus prudente sur le marché parisien, avec un CAC 40 qui n'a plus remis les pieds au-dessus de la barre des 5 000 points depuis jeudi dernier, et qui n'a plus tracé de bougie au corps vert depuis le lundi 20 juillet. Hier, l'indice phare parisien s'est contracté de 0,22% à 4 928 points, toujours sous le poids de la progression de l'épidémie de Covid-19, des tensions géopolitiques, diplomatiques et commerciales intenses entre Washington et Pékin, et à la veille de l'issue d'une nouvelle réunion de politique monétaire de la Fed. La prudence se mesure également à l'aune de l'accélération du rythme des publications semestrielles des grands groupes sur la dernière partie du mois de juillet.
La recrudescence de cas de Covid-19 dans le monde, et les nouvelles mesures de restriction, certes plus localisées que pour les confinements généralisés du printemps, pèsent. En Belgique, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni pour l'Europe. L'Amérique Latine est particulièrement touchée. Caraïbes inclues, la Zone géographique dépasse désormais l'Amérique du Nord (Etats-Unis, Mexique, Canada principalement) en nombre de cas de contamination. Les Etats-Unis restent pour leur part le pays le plus endeuillé de la planète, avec plus de 148 000 décès. Seul petit point "encourageant": le nombre de nouveau cas quotidien, qui connaissait il y a quelques jours un pic vers 80 000, reflue enfin aux Etats-Unis. La tendance reste à confirmer.
Côté géopolitique, la fermeture du Consulat chinois de Houston est le dernier épisode en date de cette nouvelle guerre froide. Cette représentation diplomatique est considérée par Washington comme "plaque tournante de l'espionnage" chinois et "du vol de propriété intellectuelle" américaine. Pékin a ordonné la fermeture du consulat des Etats-Unis dans la grande ville de Chengdu (sud-ouest). Déjà alimentées par les différends commerciaux et les accusations mutuelles sur l'origine du Covid-19, les tensions sino-américaines étaient (re)montées d'un cran ces dernières semaines avec l'imposition par Pékin d'une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Les mots fusent désormais, sans retenue. Mike Pompeo, en déplacement à Londres la semaine dernière, ne se privait pas de parler de "menace" en parlant de la Chine, réitérant des propos tenus en janvier : "principale menace de notre époque".
Côté Fed, si un statu quo sur les taux proprement dits est quasiment acté, les opérateurs sur devises vont prendre la température sur les dispositions et la capacité de la Reserve Fédérale à soutenir davantage l'économie en plein rebond économique, et alors qu'un nouveau plan d'aide à l'économie, d'environ 1 000 milliards de dollars est en discussion au Congrès.
"Nous nous attendons à une communication plus ‘dovish' (c'est-à-dire un biais accommodant)", anticipe Thomas Coster, économiste à Pictet Health Management. "La Fed est dans une attitude attentiste, mais se montrera certainement prêtre à ajouter des liquidités et/ou à signaler des taux pas pour encore plus longtemps. Cela est dû au ralentissement de l'économie américaine au mois de juillet (qui peut être vu dans les indicateurs haute fréquence tels que ventes hebdomadaires d'essence ou inscriptions hebdomadaires au chômage) en partie à cause du regain de l'épidémie notamment dans les Etats du Sud", poursuit l'économiste senior.
Au chapitre statistique, l'agenda se densifiait mardi côté américain. Sur l'immobilier tout d'abord, l'indice S&P CS des prix (20 agglomérations représentatives), est ressorti en hausse 3.7% en rythme annualisé, manquant les attentes (+4.1%). Sur la consommation ensuite, avec un très suivi indice de confiance des consommateurs (Conference Board) en très net repli à 92.6, manquant également les attentes. Et sur l'industrie enfin, avec l'indice manufacturier de la Fed de Richmond (10) qui lui est ressorti au-delà de la cible (5) ce mois-ci.
Côté valeurs, Akka Technologies a plongé de 19,67% à 19,36 euros, dans un pic de volumes (près de 500 000 pièces échangées) après son point d'activité.
Très fort recul également pour Europcar (-17,67% à 1,482 euros) après sa copie semestrielle. Le titre du loueur de véhicules automobiles était déjà lourdement pénalisé la veille par de nouvelles mesures de restriction en Europe liée à l'épidémie de Covid-19, en pleine période estivale.
LVMH a lâché plus de 4% après l'annonce d'une lourde chute de son activité au premier semestre en raison de la pandémie, même si le numéro un mondial du luxe a fait état lundi soir de "signes encourageants de reprise" et notamment d'un "fort rebond" en Chine, son marché-clé. Compte tenu de sa pondération de 9,7% au sein de l'indice phare, son plongeon a fortement lesté le CAC 40. Dans son sillage, c'est l'ensemble du secteur du luxe qui était mal orienté: Hermès a cédé 2,2%, Christian Dior 5,13% et Kering 2,7%.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont perdu du terrain, dans une ambiance de marché gagnée par la prudence, à l'image du Dow Jones (-0,77% à 26 379 points) ou du Nasdaq Composite (-1,27% à 10 402 points). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, s'est contracté de 0,65% à 3 218 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.1730$. Le baril de WTI, l'un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 41,00$.
À l'agenda statistique ce mercredi, à suivre en priorité, outre Atlantique, la balance commerciale des biens et les stocks des grossistes à 14h30, les ventes de logements en cours à 16h00, les stocks de pétrole à 16h30, la décision de politique monétaire de la Fed à 20h00, et la conférence de presse de la Fed à 20h30.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Les signaux contradictoires se multiplient sur l'historique très récent de l'indice phare tricolore, avec notamment une combinaison en harami jeudi 16 suivie de deux englobantes de couleur différente... A très court terme, l'absence de directionnel reste la norme. La tendance de fond, à savoir le trend primaire, reste quant à lui lourdement baissier, à l'aune de la pente encore adoptée par la moyenne mobile à 100 jours (en orange). Une poursuite d'oscillations nerveuses de part et d'autre des 5 000 points en envisagée.
Il est désormais l'heure d'un passage en deçà. Dans l'immédiat, la rupture, entièrement sur gap baissier non recouvert vendredi, de ce seuil des 5 000 points, invite à la prudence. Sous ce gap, qui existe de part et d'autre des 5 000 points, la situation technique reste délicate et peu avenante.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 5000.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 4770.00 points relancerait la pression vendeuse.

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