(BFM Bourse) - Sur la base des données d'investing.com, nous avons compilé le pourcentage d'analystes à l'achat sur chaque pensionnaire de l'indice. Quel groupe arrive en tête? Nous vous proposons une infographie.
C'est une aide importante à l'investissement: les avis des analystes. Les gérants d'actifs et autres professionnels de la finance s'appuient sur les recommandations des analystes "sell-side" (qui recommandent des valeurs pour des clients externes et non en interne, contrairement aux "buy-side"). Ces intermédiaires financiers suivent minutieusement les informations des entreprises cotées, décryptent leurs comptes, mènent une analyse fondamentale, et tentent de prévoir l'évolution du cours.
Ils émettent ensuite des recommandations et on peut grosso modo retenir trois types de conseils: achat, neutre/conserver et vente.
Parmi les groupes composant le CAC 40, quelles actions font le plus consensus à l'achat? Et, au contraire, quelles sont celles qui ont le moins la cote auprès des analystes?
Pour avoir une idée, nous nous sommes appuyés sur les données du site investing.com (*), qui recense le nombre d'analystes à l'achat (ou équivalent), ainsi qu'à neutre et à vendre pour chaque valeur. Par une simple division, nous avons établi un classement des actions les plus recommandées à l'achat (en pourcentage), via l'infographie ci-dessous.
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Pas un gage de bon parcours boursier
Précisons tout de suite qu'un fort taux de recommandation à l'achat ne présage pas automatiquement d'un bon parcours boursier. Des contre-exemples existent.
L'équipementier ferroviaire Alstom a presque toujours constitué, ces dernières années, une valeur consensuelle à l'achat chez les bureaux d'études. Ce notamment grâce à des atouts de long terme difficile à nier, comme son attrait ESG (environnement, social, gouvernance), grâce une activité peu émettrice de Co2, et les perspectives attrayantes du ferroviaire, portées par les plans d'investissements des États. Cela n'a pas empêché l'action d'accuser un plongeon de 36% sur un an et de 60,7% sur trois ans (selon des chiffres arrêtés vendredi après-midi). La faute à la douloureuse intégration de Bombardier Transport et à une trajectoire chaotique sur la génération de cash.
De même, Orpea (dont le titre a chuté de plus de 99%) était une valeur plutôt appréciée des analystes avant les accusations de maltraitance contenus dans le livre-enquête "Les Fossoyeurs" puis surtout le lourd impact de l'inflation sur les finances de la société qui a abouti à sa restructuration financière herculéenne.
A contrario, les recommandations d'analystes finissent parfois par payer. Lors de sa naissance, en janvier 2021, Stellantis faisait l'objet d'un consensus à l'achat, les analystes louant sa discipline de coût, les synergies à extraire et son "pricing power" (soit sa capacité à imposer ses prix à ses clients). Il a fallu un peu de temps mais le constructeur né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler a fini par bien décoller en Bourse, prenant 59,2% en 2023, la plus forte hausse du CAC 40.
Autre cas de figure: des actions de qualité mais qui n'ont pas forcément un taux de recommandation à l'achat élevées car les analystes les jugent "chères" en termes de multiples boursiers. C'est régulièrement le cas d'Hermès ou de l'équipementier aéronautique Safran. Et pourtant ces deux actions ont quand même tendance à bien progresser (+76% sur trois ans pour Hermès et +62% pour Safran).
Vivendi, Vinci et Axa en tête
Ces nuances étant apportées, quels titres affichent la meilleur cote auprès des analystes? Vivendi arrive en premier, avec un taux de 90,9% de recommandations à l'achat. Le projet de la société de médias de se diviser en quatre groupes cotés pour réduire sa lourde décote de conglomérat a visiblement convaincu. Il convient toutefois de souligner un point important: des 40 sociétés, Vivendi est de loin celle où investing.com recense la couverture d'analystes la plus faible (11 bureaux d'études). Ce qui peut augmenter (ou baisser) plus rapidement le pourcentage si un ou plusieurs analystes changent d'avis.
Vinci suit avec un taux de 89,5%. Deutsche Bank loue, par exemple, la diversification de la société dans les concessions, sa croissance structurelle dans les infrastructures énergétiques et la construction, ainsi que sa forte génération de trésorerie, qui lui permet d'envisager des acquisitions en conservant un bilan très solide. Axa termine troisième, avec 88,24%. Jefferies apprécie la stratégie mise en place par le directeur général Thomas Buberl, depuis son arrivée, réduisant son exposition aux risques financiers pour se réorienter dans l'assurance dommage et la santé. Bank of America apprécie, elle, les efforts de la direction actuelle pour améliorer le retour à l'actionnaire, et estime qu'un cours de 40 euros est en vue (contre environ 30 euros actuellement).
Suivent STMicroelectronics (quatrième avec 85%), qui se dirige vers un rebond de son activité au second semestre, ce qui peut inciter les analystes à recommander d'acheter cette reprise. Puis vient Saint-Gobain (82,4%) un groupe qui a mené des rotations d'actifs pour orienter son activité vers des métiers prometteurs, comme la chimie de construction. On notera également que Renault, un titre qui a un passé boursier récent mouvementé, est devenu une valeur consensuelle (septième à 80%), plusieurs bureaux d'études étant passés à l'achat ces derniers mois (comme Barclays et Goldman Sachs).
A contrario les valeurs les moins consensuelles à l'achat sont Kering (25%), qui tente de redynamiser sa marque phare Gucci dans un contexte compliqué de ralentissement de la demande de produits de luxe, Eurofins (26,3%), qui peine à se remettre boursièrement de l'après-Covid, la crise sanitaire ayant "boosté" la demande pour ses tests, et Legrand (27,8%). Le spécialiste des infrastructures électriques pâtit de son exposition au bâtiment, ce qui constitue un des raisons qui avaient amené UBS à passer à "vendre" sur le dossier en décembre.
Notons, plus globalement, que les groupes du CAC 40 sont majoritairement conseillés à l'achat, avec un taux moyen de 59,8% de recommandations à l'achat et une médiane à 61%. Cela tient notamment au faible taux de recommandations à la vente (1,7% en moyenne). Ce dernier point peut s'expliquer, par exemple, par le fait qu'une recommandation à la vente est souvent risquée, car elle doit être très argumentée et peut parfois fragiliser la relation de l'analyste avec la société.
(*) Les données ont été arrêtées le 17 juin.