(BFM Bourse) - Les prises de bénéfices se sont poursuivies mercredi, traduisant le retour à davantage de prudence avant de nouvelles annonces de la Fed, dont l'action a largement contribué au rebond des marchés depuis mi-mars. Le CAC cède 0,8% en clôture.
La cote parisienne boucle une troisième séance consécutive dans le rouge mercredi, ce qui ne s'était pas produit depuis mi-mai. Après avoir pourtant ouvert en hausse de plus de 1%, le CAC a finalement reculé de 0,82% à 5.053,42 points, dans un volume d'échanges plus restreint que lors des deux premières séances de la semaine, à 3,7 milliards d'euros, signe que les investisseurs temporisent avant les annonces de la Fed. Recul tout relatif ceci dit puisque le baromètre de la cote parisienne ne cède que 2,7% sur les trois premières séances de la semaine, après avoir enregistré un rebond exceptionnel au cours de la semaine écoulée (+10,7%), porté par l'action quasi-illimitée des banques centrales et les espoirs de redémarrage progressif de l'économie.
La Fed va-t-elle temporiser?
Si le consensus n'anticipe aucune annonce sur les Fed funds, les taux directeurs -un outil de politique monétaire tellement conventionnel qu'il en paraît désuet face à l'avalanche de liquidités déversée sur les marchés par les banques centrales pour tenter de sauver l'économie de la dépression- les opérateurs attendent des indications plus précises de la Réserve fédérale sur la conduite de sa politique, avec soit des éléments de calendrier, soit des objectifs en matière de chômage et d'inflation. Ils attendent également de prendre connaissance des dernières prévisions de l'institution en regard de l'économie américaine. Le redressement inattendu du marché de l'emploi en mai (modulo un gros bémol du Bureau of Labour Statistics sur la catégorisation incorrecte de près de 5 millions d'actifs) pourrait-il inciter la Fed à lever un peu le pied ? Réponse à partir de 20h30, heure de Paris."On scrutera également avec intérêt les éventuelles mesures de soutien aux entreprises que pourrait annoncer Jerome Powell. Les marchés ont besoin d’éléments tangibles sur lesquels s’appuyer pour poursuivre leur remontée. Un discours trop attentiste ou trop prudent pourrait les décevoir", prévient Emmanuel Auboyneau, gérant chez Amplegest.
Autre élément qui pourrait inciter "Jay" Powell à mettre le pied sur le frein: la santé de fer des marchés américains. En pleine récession économique, le Nasdaq a ainsi franchi hier le seuil des 10.000 points pour la première fois de son histoire, porté par des grands noms de la tech comme Apple. Le S&P est également revenu à son niveau d'avant le krach du mois de mars, tandis que le Dow évolue à moins de 10% de son plus haut historique.
Avant d'en savoir plus sur les intentions de la Fed, ces indices évoluent en ordre dispersé mercredi, le Nasdaq a de nouveau franchi le seuil des 10.000 points à la faveur d'un gain de 0,5%, tandis que le Dow cède 0,6% et que le S&P affiche un recul marginal (-0,2%). À noter qu'avec un gain de près de 2%, Apple franchit le seuil des 1.500 milliards de dollars, ce qui constitue une première pour un groupe coté à New York.
Situation préoccupante sur le front du coronavirus
Sur le front de la pandémie de coronavirus, qui fait beaucoup moins les grands titres, la situation à l'échelon mondial est loin d'être stabilisée. Le compteur a repris au Brésil sur injonction de la cour suprême, et montre une poursuite de l'accélération, tandis que des foyers préoccupent aux Etats-Unis: de nombreux Etats connaissent une flambée des nouveaux cas, à des niveaux records pour certains (Arizona, Caroline du Nord...), et le docteur Fauci a rappelé que l'épidémie était loin d'être terminée.
Les "midcaps" à l'honneur
Sur le marché parisien, c'est plutôt du côté des valeurs moyennes et des petites capitalisations qu'il faut chercher l'actualité mercredi sur le marché parisien. SII bondit de 8,2% après l'annonce de ses résultats annuels (exercice clos fin mars). Seb s'adjuge 6,9% après le succès d'une émission d'obligations à cinq ans et intérêt annuel de 1,375%. Les institutionnels ont demandé pour 1,6 milliard d'euros de titres, quand Seb n'a émis "que" 500 millions d'euros.Vétoquinol termine la séance à l'équilibre malgré le feu vert donné par des autorités de concurrence à une opération menée par Bayer sur Elanco, sous réserve de la rétrocession de certains actifs (gammes Profender et Drontal) au groupe français - à qui cette fusion-acquisition donne donc une occasion de grandir.
Thermador prend 5,2% en annonçant une reprise "très forte et très soudaine" des commandes des magasins de bricolage lors de la dernière quinzaine de mai de sorte que sur l'ensemble du mois, les ventes de produits aux professionnels ont limité leur perte d'activité à 16% par rapport à mai 2019 tandis que les ventes de produits pour le grand public ont carrément... augmenté de 2%.
Au sein du CAC, Accor lâche 4% après la dégradation du titre à la vente par Bryan Garnier et Michelin recule de 3% après une dégradation de Barclays, à neutre. Safran perd 0,7% alors que son patron a indiqué sur BFM Business n'avoir constaté en mai aucune amélioration, avec un repli des ventes d'environ 50% sur un an, comme c'était déjà le cas en avril.
Total lâche de son côté 1,6% alors que les cours pétroliers ont accentué leur recul après l'annonce d'un nouveau bond -surprise- des stocks américains. Ces derniers ont augmenté de 5,7 millions de barils quand le consensus misait sur une baisse de l'ordre de 1,8 millions de barils. Conséquence, les stocks de pétrole brut atteignent un niveau jamais observé auparavant aux États-Unis, à 538,1 millions de barils. Ce chiffre constitue par ailleurs un mauvais signal envoyé à l'économie en termes de reprise économique. À 18h20 toutefois, après avoir perdu plus de 2% après l'annonce, le baril de Brent est presque revenu à l'équilibre (-0,32% à 41,05 dollars), tout comme celui de WTI (-0,05% à 38,92 dollars).
La monnaie européenne reste soutenue quant à elle, à 1,1355 dollar (+0,14%).