(BFM Bourse) - Dans le sillage des records inscrits à Wall Street la veille, la Bourse de Paris accueille à son tour favorablement le message très accommodant délivré par Jerome Powell, bien que sa progression soit quelque peu freinée par la violente remontée des rendements.
Rasséréné par le soutien sans faille à l'économie américaine réitéré par la Fed mercredi malgré des prévisions de croissance nettement revues à la hausse, le marché parisien a ouvert en nette hausse (+0,45%) dans les pas des nouveaux records inscrits par le Dow et le S&P la veille à Wall Street. À 12h30, le CAC 40 a toutefois effacé la quasi-totalité de ses gains initiaux (+0,09% à 6.060,11 points), freiné par la persistance des tensions sur le marché obligataire qui limitent la prise d'initiatives.
Orienté à la baisse pour redescendre jusqu'à 1,61% dans la foulée des annonces de Jerome Powell, le rendement des Treasuries à dix ans repart de fait brutalement à la hausse ce jeudi matin et touche un pic depuis janvier 2020 à 1,74%. De son côté, l'OAT français à même maturité reprend plus de deux points de base et tutoie de nouveau le seuil symbolique de 0%.
La réunion de la Fed a tenu ses promesses
Encore une fois attendue au tournant, l'institution monétaire a délivré au marché le message que ce dernier voulait entendre. "Jerome Powell a inventé hier soir (mercredi, NDLR) un nouveau concept: être extrêmement accommodant (maintien des taux à zéro au moins jusqu'à 2023 et de ses achats d'actifs à 120 milliards de dollars par mois, NDLR) tout en remontant les estimations de croissance de l'économie américaine", résume John Plassard, responsable de l'investissement chez Mirabaud. "Bref, la réunion de la Fed d'hier soir a tenu toutes ses promesses", ajoute-t-il.La Fed, table désormais sur une croissance de 6,5% aux Etats-Unis cette année, contre une estimation précédente à +4,2%, puis de +3,3% en 2022. Quant à l'inflation, l'institution monétaire mise sur une accélération à +2,4%, avant un retour autour de 2% les années suivantes.
"La Banque centrale américaine a très clairement laissé entendre que la progression de l'inflation au-dessus de la cible de 2% ne va pas entraîner à court et à moyen termes un changement de politique monétaire. C'était certainement le message le plus important à faire passer auprès des intervenants du marché", juge Christopher Dembik, directeur associé chez Berenberg.
Les banques portent le CAC, la tech encore en souffrance
La nouvelle poussée de fièvre sur le marché obligataire profite en premier lieu au compartiment bancaire qui affiche les meilleurs performances au sein de l'indice vedette à la mi-journée. Peu avant 13h, Société Générale gagne 2,9%, BNP Paribas 2,3% et Crédit Agricole 2,1%. D'autres valeurs cycliques tirent également profit de la poursuite de la rotation sectorielle, à commencer par les constructeurs automobiles (+1,7% pour Renault, +1,7% pour Stellantis). De l'autre côté, le secteur technologique est encore délaissé, comme en témoignent les replis de Teleperformance (-1,4%) et Worldline (-1,3%) ou Dassault Systèmes (-1%).En dehors de l'indice phare, le fournisseur franco-allemand d’équipements et de services à destination de l'industrie pharmaceutique Sartorius Stedim revoit -déjà- nettement ses perspectives de croissance à la hausse pour 2021, tablant désormais sur des revenus en hausse de 38% (!), et décolle de 8,3% à 13h.
Casino s'adjuge de son côté 4,9% alors que Bloomberg croit savoir que le distributeur envisage de coter sa filiale Greenyellow spécialisée dans les énergies renouvelables. Enfin, le leader français des matériaux composites Mecelec a annoncé son intention de changer de nom en vue de devenir Altheora, et grignote 1,4%.
Parmi les autres classes d'actifs, les cours pétroliers reculent pour la cinquième séance d'affilée après l'annonce d'un gonflement des stocks de brut hebdomadaires aux Etats-Unis pour la quatrième semaine consécutive. Le baril de Brent cède 0,75% à 67,51 dollars et celui de WTI lâche 0,79% à 64,01 dollars. Le maintien d'une politique très accommodante de la Fed pénalise logiquement le billet vert, qui recule de 0,3% face à la monnaie unique européenne à 1,1945 dollar. Le bitcoin repart de son côté à la hausse et s'échange autour de 58.000 dollars.