(BFM Bourse) - Pour la quatrième fois en autant de séances cette semaine, l'aiguille du marché parisien pointe à la hausse jeudi. Après l'assurance par la Fed du maintien inébranlable de son soutien aux marchés financiers, un déclic est attendu du côté du parlement des Etats-Unis en vue d'une nouvelle enveloppe de relance. Les valeurs sensibles à la conjoncture comme Publicis en profitent.
Difficile de renouveler le récit: comme depuis le début de la semaine, la Bourse de Paris s'inscrit jeudi en légère hausse, toujours portée par l'espoir de voir l'économie redémarrer en 2021 grâce au démarrage de la vaccination et aux liquidités colossales apportées par les banques centrales et au soutien budgétaire des Etats. Encore faut-il que sur le plan sanitaire, ces efforts confirment leur capacité à faire enfin reculer la pandémie, et que les décideurs politiques se coordonnent suffisamment pour faire aboutir les plans de relance envisagés. Difficile de se forger une certitude, mais les investisseurs veulent y croire (ou du moins pensent qu'il est plus dangereux de miser sur une rechute que sur un rebond). Vers 12h10, le CAC 40 grignote ainsi encore 0,4% à 5.569,64 points, dans un volume d'échanges de 710 millions d'euros.
"Comparé à cette année, 2021 s’annonce, grâce au déploiement des vaccins, comme une année de retour progressif à la normale, une sorte de "reconvergence vers la moyenne" pour l’activité économique. Et comme au même moment, on observe des taux d’épargne très élevés, qui devrait soutenir la demande au moins dans un premier temps, des soutiens budgétaires considérables, et des banques centrales qui nous confirment qu’elles vont rester très accommodantes, il est naturel d’en conclure qu’en dépit de la nouvelle vague de Covid, les marchés devraient bien se comporter, en particulier les actifs sensibles au cycle économique", anticipe Didier Saint-Georges, membre du comité d’investissement stratégique de Carmignac.
Mais "le problème avec les conclusions naturelles est que les marchés s’y ajustent très vite". Autrement dit, ces perspectives sont déjà en partie intégrées. Etant donné le rebond historique des marchés depuis le mois de mars, suivi d'une accélération de la rotation cyclique en novembre "la probabilité de déception est maintenant sensiblement plus élevée", note le spécialiste, sans compter sur "l'effet retard" des faillites faillites d’entreprises qui en Europe comme aux Etats-Unis "ne manqueront pas d’augmenter l’année prochaine".
Le plan de relance américain se précise
Mais pour l'heure, c'est la multiplication des déclarations de responsables politiques outre-Atlantique laissant entendre qu'un accord est enfin sur le point d'être conclu au sujet d'une nouvelle enveloppe de soutien, d'un total de plus de 900 milliards de dollars, éventuellement fractionné en deux dans l'immédiat, qui retient l'attention des intervenants. "Nous discutons toujours et je pense que nous allons y arriver", a indiqué le chef de file républicain au Sénat Mitch McConnell. Le package comprendrait notamment une aide directe aux ménages en difficultés, de 600 à 700 dollars par personne, et pourrait être validé avant le week-end, selon la presse US.
À Paris, Publicis (+2,4%) prend la tête du CAC alors que l'autre géant de la publicité WPP grimpe de près de 4% à Londres, après avoir fait état d'un redressement de son chiffre d'affaires plus rapide qu'attendu. En outre, Oddo BHF a relevé de 42 à 50 euros son objectif sur le groupe français. Kering rebondit de 2,2% après le recul de 2,35% provoqué mercredi par la divulgation d'une enquête du PNF pour blanchiment de fraude fiscale (le groupe en a eu ce matin la confirmation officielle, et continue à se défendre des allégations relayées mercredi dans la presse).
Ayant révisé à la hausse son objectif d'Ebitda pour 2020 à un niveau "égal ou légèrement supérieur" à 16 milliards d'euros, EDF progresse de 2%.
Solutions 30 au rebond
À la suite de la chute des dernières séances provoquées par les accusations anonymes à l'encontre de la gouvernance de Solutions 30, doublées de deux courriers du fonds Muddy Waters, l'action connaît un rebond de 14,7%, ce qui la place en tête du SBF 120.
Quelques publications d'exercices décalés invitent les opérateurs à s'intéresser à des dossiers souvent peu mis en avant. Exel Industries, société détenue à plus de 75% par la famille Ballu, spécialisée dans les matériels de pulvérisation, voit son titre prendre 8% après avoir amélioré son résultat opérationnel en 2019-2020 malgré un chiffre d'affaires globalement en repli.
Lacroix Group, spécialiste de l'internet des objets, gagne 8,2% après l'annonce d'une nouvelle étape dans son partenariat avec Amazon en intégrant le programme Consulting and Professionnal Service (CPS) du géant américain en tant que consultant stratégique et prestataire de services design et développement au services des partenaires d'Amazon désireux intégrer la commande vocale Alexa à leurs offres.
Showroomprivé (+5,4%), étant donné une fin d'exercice dynamique, s'attend désormais à dégager un Ebitda de plus 30 millions d'euros, au lieu d'un montant proche de 20 millions visé jusqu'alors.
Le dollar sous pression
Après le discours de Jerome Powell, tous les actifs grimpent contre le billet vert, de l'euro (+0,25% à 1,2230 dollar) à l'or (+1,17% à 1880,90 dollars l'once), en passant évidemment par le bitcoin. Le plus connu des actifs cryptographiques -véritable monnaie selon ses partisans, simple concept sans contrepartie véritable aux yeux de ses détracteurs- grimpe encore de 6,81% à 22.688,97 dollars, à de nouveaux records après avoir dépassé la veille pour la première fois le cap de 20.000 dollars.
La tendance est également bien orientée pour les cours pétroliers, soit +0,59% pour le Brent à 51,38 dollars, et une hausse de 0,63% à 48,12 dollars pour le brut léger WTI.