(BFM Bourse) - Faisant fi du troisième confinement national imposé par Emmanuel Macron, le marché parisien entame le deuxième trimestre du bon pied, bien aidé par l'annonce de Joe Biden d'un nouveau plan de relance à 2.300 milliards de dollars dans les infrastructures.
Après s'être écroulé à l'annonce du premier confinement national en mars 2020, puis avoir (brièvement) subi le deuxième fin octobre dernier (le CAC avait en fait cédé face aux craintes de reconfinement avant de rebondir début novembre, notamment grâce à l'élection de Joe Biden), le marché parisien fait mieux que résister au troisième, annoncé mercredi soir par Emmanuel Macron. Il faut dire qu'il s'agit, dans les faits, d'un simple renforcement des mesures qui étaient déjà en vigueur dans de nombreux départements, assorti d'une fermeture des écoles pour trois à quatre semaines.
Ce nouveau tour de vis est éclipsé par la perspective d'un nouveau plan de relance américain dévoilé simultanément par Joe Biden. Et comme anticipé par le directeur des investissements de Mirabaud John Plassard, les indices européens ont ouvert en hausse dans le sillage de cette présentation. À 12h, le CAC 40 avance ainsi de 0,38% à 6.090,47 points, après avoir bouclé la veille un solide premier trimestre (+9,29%).
Aux Etats-Unis donc, le président américain a comme attendu proposé mercredi depuis Pittsburgh d'investir quelque 2.300 milliards de dollars dans les infrastructures, dépenses principalement fléchées sur la réparation des routes et des ponts ainsi que sur l'élargissement de l'accès à l'Internet, avec l'objectif affiché de créer des "millions d'emplois", tenir tête à la Chine et lutter contre le réchauffement climatique. Pour financer ce programme ambitieux, Joe Biden veut s'attaquer à la fiscalité des entreprises, qui profitent à ses yeux d'un taux particulièrement bas et parviennent parfois, comme Amazon a-t-il dit, à échapper totalement à certains impôts. Il compte notamment faire grimper le taux d'impôt sur les sociétés de 21% à 28%, alors que prédécesseur l'avait diminué de 35% à 21%.
Début mars, Joe Biden avait déjà signé un plan de relance à 1.900 milliards de dollars. Le nouveau, de 2.300 milliards de dollars, est ici consacré aux infrastructures et s'ajoute aux précédents plans.
Des indicateurs d'activité convaincants en Europe
Le marché parisien est également porté ce jeudi par les chiffres très encourageants publiés dans la matinée par le cabinet IHS Markit sur l'activité manufacturière en Allemagne et en France au mois de mars. La croissance de l'activité a de fait atteint un niveau sans précédent le mois dernier outre-Rhin (à 66,6, contre 60,7 en février) grâce à la vigueur de la demande en Chine et aux Etats-Unis "C'est un mois record de beaucoup de points de vue, parmi lesquels les nouvelles commandes à l'export (...), et on observe qu'un nombre sans précédent d'entreprises industrielles font état d'une croissance de l'activité", souligne Phil Smith, économise d'IHS.La croissance de l'activité manufacturière en France a pour sa part touché un sommet depuis plus de 20 ans, à 59,3 dans sa version définitive, dépassant nettement les attentes (58,8 en estimation initiale) et en nette hausse par rapport à février (à 56,1). "Les dernières données indiquent une très bonne performance du secteur en mars, confirmant que la demande s'améliore en vue de la réouverture de l'économie mondiale plus tard dans l'année", commente un autre économiste du bureau d'études Eliot Kerr.
Atos s'effondre
Du côté des valeurs, le cours du spécialiste tricolore des services informatiques Atos plonge de 14% à 12h après que des commissaires ont émis des réserves sur la comptabilité de deux entités américains du groupe - fait rarissime pour un grand groupe coté. Atos, qui affichait déjà la plus faible valorisation boursière parmi les groupes de l'indice vedette avant cette séance, voit sa place au sein du CAC se fragiliser encore davantage, sa capitalisation s'établissant désormais à (seulement) 6,2 milliards d'euros.Parmi les fleurons de la cote justement, le palmarès est dominé par Vinci qui prend 3% après l'annonce du rachat des activités d'énergie de l'espagnol ACS afin de se renforcer dans les renouvelables, pour un montant avoisinant les 5 milliards d'euros. Le compartiment technologique est également bien orienté (+2,3% pour Dassault Systèmes, +1% pour STMicro et Teleperformance), tout comme le secteur aéronautique (+3% pour Airbus, +2,6% pour Thales, +2,2% pour Safran), visiblement soulagé
Sur le reste de la cote, Solutions 30 -spécialisé dans l'installation et la maintenance des compteurs électriques Linky- s'envole de 30% alors que l'audit indépendant commandé par le groupe a conclu "au caractère infondé et erroné des accusations portées contre l'entreprise", selon un communiqué du groupe, alors que le fonds activiste américain Muddy Waters s'interrogeait sur de potentielles pratiques de "blanchiment".
SMTCP (Société Marseillaise du Tunnel Prado Carenage) prend également 28% alors que Vinci et Eiffage -qui détiennent ensemble plus de 65% du capital- ont annoncé mercredi avoir engagé des négociations en vue de lancer une OPA simplifiée pour sortir le groupe de la cote. Le spécialiste des véhicules autonomes Navya grimpe pour sa part de 6,7% après avoir réduit sa perte nette en 2020.
Le pétrole grimpe en attendant l'Opep+
Les cours des principales références mondiales de brut rebondissent et effacent une partie de leurs pertes de mercredi, avant une réunion ministérielle de l'Opep et de ses alliés qui devrait selon les dernières indiscrétions reconduire une nouvelle fois les mesures d'encadrement de la production en vigueur face aux craintes pesant sur la demande.Le baril de Brent reprend 2,01% à 64 dollars vers 12h10, quand le baril de WTI franchit de nouveau le seuil des 60 dollars à la faveur d'un gain de 2,23% à 60,45 dollars. Sur le marché des changes, le billet vert recule légèrement (+0,08% à 1,1739 dollar pour la monnaie unique) mais reste proche du plus haut de près de cinq mois touché mercredi.