(BFM Bourse) - Les espoirs d'une reprise de l'activité à travers le monde dans le sillage de la levée de mesures de confinement entraînent un rebond des cours pétroliers. Le CAC 40 en profite également, même si une décision de la Cour constitutionnelle allemande contestant la compétence de la BCE dans le cadre de son programme de rachat d'actifs a momentanément freiné l'indice parisien.
Au lendemain d'une violente rechute de 4,24%, le marché parisien a repris mardi 2,4%, la décision de la Cour constitutionnelle allemande au sujet du programme de rachat d'actifs de la Banque Centrale Européenne n'ayant que momentanément freiné son avance. De fait, le marché parisien est grimpé jusqu'à 2,6% au cours de la première heure d'échanges, saluant la 5e séance consécutive de progression du pétrole et le retournement haussier de Wall Street en fin de séance lundi, mais le verdict allemand a ponctuellement effacé ce gain initial puisque le baromètre de la Bourse de Paris ne gagnait même plus 1% en fin de matinée. Au terme de la séance, les investisseurs ont cependant choisi de relativiser, alors que le marché américain montrait à nouveau la voie.
L'embellie se confirmait d'ailleurs, ce mardi, sur les principales références mondiales de brut. Le contrat à terme sur le baril texan WTI pour livraison en juin reprenait encore 17,94% à 24,05 dollars peu après 18h -alors que le cours n'avait plus franchi le seuil des 20 dollars depuis la mi-avril- et celui sur le Brent européen de même échéance franchit pour sa part la barre des 30 dollars pour la première fois depuis le 14 avril, à 30,35 dollars (+11,54%). Les opérateurs misent sur une rapide reprise de la demande avec le déconfinement graduel.
Le Tribunal constitutionnel allemand jette un froid
La hausse du CAC 40 n'a finalement été que momentanément ralentie par l'annonce par la Cour constitutionnelle allemande d'un jugement susceptible de remettre en cause la participation de la Bundesbank au programme de rachats d'actifs de la Banque Centrale Européenne.En des termes peu amènes, la plus puissante des cours constitutionnelles du continent (le Bundesverfassungsgericht de Karlsruhe, créé par les pères fondateurs de la RFA en 1951) jugent en effet "douteuse" la compétence de l'institut de Francfort pour racheter massivement de la dette publique, dans le cadre de son programme anti-crise mené depuis 2015 et renforcé face à la pandémie de coronavirus. Le Tribunal ordonne au conseil des gouverneurs de la BCE de démontrer "de façon compréhensible et substantielle" qu'il n'a pas outrepassé les traités européens dans le cadre du programme lancé sous Mario Draghi (pourtant validé par la cour de justice européenne), faute de quoi l'Allemagne ne devrait plus y participer.
Si la Commission européenne a toutefois mis en avant mardi la "primauté" du droit européen sur le droit national, la manœuvre est clairement malvenue vis-à-vis de l'unité du bloc. Pour Joachim Wieland, professeur de droit à l'université allemande des sciences administratives. "C'est une déclaration de guerre à la Cour de justice (de l'UE) et cela aura des conséquences" prévient-il. "C'est une invitation pour les autres pays à ignorer tout simplement les décisions qui ne leur plaisent pas" et les relations entre la Cour de justice de l'UE et les tribunaux constitutionnels nationaux pourraient s'en trouver nettement dégradées à l'avenir .
Sur les marchés, l'arrêt s'est traduit par une nette tension du taux italien à dix ans, qui a ainsi de nouveau creusé son écart avec le taux allemand de même échéance tandis que l'euro a subitement perdu du terrain face au dollar (-0,53% à 1,0843 dollar peu avant 18h15).
Wall Street dans le vert avec le début du confinement
La réouverture progressive de l'économie américaine incitait les investisseurs américains à l'optimisme mardi matin, comme le montrent les nettes progression des trois principaux indices vers 17h50 (+1,7% pour le Dow, +1,8% pour le S&P et +1,9% pour le Nasdaq Composite, qui lâche désormais moins de 1% depuis le 1er janvier...).Malgré les incertitudes qui demeurent, les investisseurs semblent donc favorablement accueillir la décision de plus de 35 des 50 Etats américains de commencer à lever les strictes mesures de confinement ou d'être sur le point de le faire. La Californie, notamment, autorise les magasins de vêtements, les librairies, les magasins d'articles de sport et les fleuristes à rouvrir dès vendredi, a déclaré le gouverneur Gavin Newsom.
Dans le même temps, le bilan mondial du coronavirus continue de s'alourdir avec près de 250.000 décès dans le monde, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles lundi à 19h. Aux Etats-Unis, de multiples modèles épidémiologiques suggèrent que la barre des 100.000 morts sera franchie dès le mois de juin.
Total au rebond, Arnaud Lagardère garde le contrôle
Sur le marché parisien, l'action Total se distingue avec une hausse de 7,9% (meilleure performance du CAC) après une publication trimestrielle démontrant la résistance des finances du groupe, également soutenues par le rebond des cours pétroliers.BNP Paribas progresse pour sa part de 4,1% après avoir fait état d'un bénéfice de 1,282 milliard d'euros au titre du premier trimestre, en baisse 33,2% en données totales, mais en progression de 6,7% hors impacts majeurs de la crise sanitaire.
Dans le sillage de leurs comptes respectivement trimestriels et semestriels, EssilorLuxottica progresse de 3,1% et Elior cède 0,8%.
À la baisse, le titre Lagardère lâche près de 6% alors que l'assemble générale du groupe, maintenue ce mardi à huis clos malgré l'opposition d'Amber Capital, a rejeté l'intégralité des résolutions présentées par le fonds, premier actionnaire du groupe dirigé par Arnaud Lagardère.
Parmi les plus petites valeurs, PAT progresse de 14,7% après une nouvelle étape dans le partenariat entre la petite société nancéienne et le groupe suisse Clariant.