(BFM Bourse) - Si la réaction du marché parisien est restée limitée jeudi (-0,42%), le recul s'accentue sensiblement vendredi au lendemain d'une accélération de l'inflation outre-Atlantique encore plus brutale qu'attendu, faisant redouter aux investisseurs un énergique resserrement monétaire de la Fed.
Plutôt bien parti à l'issue des trois premières séances de la semaine pour mettre un terme à sa série de quatre baisses hebdomadaires consécutives, sur font d'accalmie sur le marché obligataire, le marché parisien subit un nouveau coup d'arrêt du fait de la publication, jeudi, d'une inflation nettement supérieure aux attentes aux Etats-Unis, où l'indice des prix à la consommation (IPC) a bondi de 7,5% sur un an en janvier. Dans le rouge dès l'ouverture au lendemain d'un repli relativement contenu de 0,42%, l'indice tricolore affiche un repli de -1,07% à 7.025,44 points vers 12h10. S'il est toujours en bonne voie pour stopper sa séquence baissière inédite depuis mars 2020, le rebond qui atteignait +2,8% en séance mercredi n'est plus que de quelques dixièmes de pourcentage depuis la semaine dernière.
La nouvelle accélération de l'inflation annoncée jeudi par le Bureau of Labor Statistics est donc venue gâcher l'humeur des investisseurs, ces derniers craignant qu'elle n'incite la Fed à agir plus brusquement et rapidement que prévu. Après la clôture des marchés européens, le président de la Fed de Saint-Louis James Bullard a notamment déclaré qu'il était devenu "radicalement" plus restrictif à la lumière du niveau des chiffres publiés, et qu'il souhaitait désormais que les taux d'intérêt soient relevés de 100 points de base d'ici juillet, soit en seulement trois réunions de la banque centrale. La probabilité d'une hausse de taux de 50 points de base en mars a augmenté à près de 89% contre 24% il y a deux jours, selon le baromètre FedWatch de CME Group, et les taux d'emprunts d'Etats se sont envolés simultanément.
Le taux des Treasuries américains à 10 ans a notamment grimpé jusqu'à 2,001%, au plus haut depuis juillet 2019. L'OAT français et le Bund allemand à même échéance ne sont pas en reste, le premier ayant atteint un pic depuis octobre 2018 (à 0,76%) quand le second a touché un sommet depuis décembre de la même année, à 0,30%. "Ça sent la fin des vacances" pour les marchés actions, résume Charles Monot, gérant chez Monocle AM. Depuis deux ans, "les valorisations boursières se sont envolées. Il faut bien que ça s'arrête un jour, qui arrivera d'autant plus vite avec la remontée des taux".
Encore de nombreuses publications annuelles
Au sein du CAC 40, seules deux valeurs échappaient au repli généralisé en fin de matinée: Thales (+0,3%) et Pernod Ricard (+0,2%), lequel surfe encore sur ses solides résultats semestriels publiés la veille.
Sur le reste de la cote, Ipsen grappille 0,5% après avoir publié des résultats annuels en nette progression, et dit tabler sur une poursuite de la croissance en 2022. Sur l'exercice écoulé, le laboratoire est parvenu à afficher une croissance à deux chiffres de ses revenus (12,4% à 2,87 milliards d'euros) et de son bénéfice net (+17,8% à 646 millions). Le laboratoire a par ailleurs trouvé un acquéreur pour son pôle de Santé Familiale.
TF1 avance également de 2,5% vers 11h30 dans le sillage de probants résultats, dopés par le rebond des revenus publicitaires et la bonne performance de son pôle Newen dédié à la production, en attendant la fusion avec M6, dont le titre gagne 1,2%.
Dans l'autre sens, Euronext lâche 4,6%. L'opérateur boursier paneuropéen a certes fait part d'une croissance de ses revenus et de son excédent brut d'exploitation (Ebitda) supérieures au consensus au 4e trimestre, mais les analystes de Jefferies et JP Morgan relèvent une augmentation plus importante que prévu des coûts d'exploitation.
EDF flanche encore de 4% de son côté, en réaction à l'ajustement à la baisse de sa production nucléaire pour 2023 en raison de problèmes de corrosion détectés sur plusieurs réacteurs, entraînant une mise à l'arrêt de ces dernier.
Le groupe de services informatiques Atos a annoncé jeudi une simplification de sa gouvernance autour de trois lignes de métier distinctes et quatre régions "afin d'accélérer sa transformation (et) de retrouver le chemin de la croissance", et reprend 3%.
Rexel a fait état de résultats annuels record et annonce viser une croissance des ventes à jours constants comprise entre 4% et 6% ainsi qu'une marge d'Ebita ajusté supérieure à 6%. Volatil en début de matinée, le titre du distributeur de matériel électrique s'adjuge 1%.
Parmi les plus petites valeurs, l'éditeur de logiciels de cybersécurité Wallix dévisse de 20% après avoir largement manqué les prévisions de revenus annuels. Si ses revenus ont grimpé de 15% sur un an à 23,2 millions d’euros, il ressort nettement en-deçà des attentes des analystes qui anticipaient 26 millions d’euros de facturations, un décalage que le groupe impute à "des glissements de commandes sur le premier semestre 2022".
Le pétrole repart de l'avant
Au chapitre pétroliers, les tarifs des principales références de brut reprennent de l'altitude après que l'Agence internationale de l'énergie a mis en garde sur l'incapacité "chronique" de l'Opep à produire autant qu'elle le promet, tandis qu'elle a relevé dans le même temps ses prévisions pour la demande pétrolière cette année. Le baril de Brent gagne 0,6% à près de 92 dollars peu avant 12h. Sur le Forex enfin, la monnaie unique rend une partie de ses gains récents face aux perspectives de relèvement plus importants que prévu des taux de la Fed.