(BFM Bourse) - Le CAC 40 retombe de ses plus hauts annuels alors que les investisseurs attendent toujours des éclaircissements de la Fed sur l'inflation, dans un marché qui digère une nouvelle saison de résultats.
Si les Français sont occupés à reconquérir les terrasses des bistrots, bars et restaurants, le marché parisien semble déjà avoir la gueule de bois. Au sortir d'un rallye qui l'a mené sur un pic depuis novembre 2000, le CAC 40 s'était déjà montré très hésitant en début de semaine. Pénalisé par de nouvelles interrogations sur la situation sanitaire en Asie et sur l’évolution de l’inflation, l'indice phare tricolore s'est replié dès l'ouverture mercredi et ne cesse depuis de creuser ses pertes. Vers 15h10, le recul atteint -1,91% à 6.232,54 points, la barre des -2% ayant même été atteinte quelques minutes auparavant, tandis qu'un vif déclin est attendu à Wall Street en particulier sur le compartiment technologique.
Il est vrai que la période correspond à un moment de flottement "où un no man’s land se matérialise assez souvent sur les marchés après la (quasi) fin de la publication des résultats trimestriels" souligne John Plassard, directeur adjoint de Mirabaud Securities. Des signes "de fatigue, d'ambivalence ou du moins d'affaiblissement de la tendance haussière" apparaissent généralement sur les marchés boursiers américains dans la deuxième quinzaine du mois qui suit la publication des résultats trimestriels. Wall Street a de fait plié mardi sous l'effet du repli des géants technologiques, combiné à un indicateur décevant sur les mises en chantier de logements. Et semble en bonne voie de poursuivre en ce sens à l'ouverture (15h30 à Paris).
Dans ce contexte morose, la thématique de l'inflation reprend le dessus, alors que les grandes économies poursuivent leur réouverture. Le compte-rendu de la dernière réunion monétaire de la Fed qui sera publié dans l'après-midi sera donc de nouveau au centre de l'attention. Il "pourrait provoquer un soupir de soulagement au sujet de la politique monétaire américaine à venir", estime Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote, sachant qu'un resserrement des conditions de financement serait un coup dur pour des marchés portés par le généreux soutien des banques centrales depuis le début de la crise sanitaire. Au contraire, des allusions à un ralentissement des achats d'actifs pèserait sur l'humeur des opérateurs mais "la Fed sait que le marché n'est pas prêt pour cette discussion dans l'immédiat".
Les chiffres définitifs de l'inflation dans la zone euro au mois d'avril seront scrutés de près, tandis que le taux d'inflation a nettement accéléré à 1,5% en avril sur un an au Royaume-Uni, soit un plus haut depuis mars 2020.
Pour Aurel BGC, "les marchés continuent de corriger leurs excès. Après les SPAC et les technologies aux valorisations les plus extravagantes, la baisse prend maintenant de l'ampleur sur les cryptoactifs". Le bitcoin a ainsi chuté à un creux depuis plus de trois mois dans la matinée, sous les 40.000 dollars, après un nouveau tour de vis de Pékin.
Des mouvements importants sont également constatés sur le marché des devises, où la monnaie unique a grimpé à un plus haut depuis début janvier lundi en clôture, ce qui "empêche de gros engagements des investisseurs sur les marché européens", selon Jochen Stanzl, analyste chez CMC Market. "L'euro va atteindre son plus haut depuis février. Aux Etats-Unis, le risque d'inflation grimpe (...). Et tant que la Fed reste stoïque face à ce danger inflationniste grandissant, les investisseurs vendent du dollar", développe-t-il. La parité eurodollar évolue peu à la mi-journée (-0,07% à 1,1207 dollar, après trois fortes hausses journalières de l'euro.
Le calme règne en revanche sur le front des valeurs, où le flux de publications finit de se tarir. Au sein du CAC, seul Société Générale affiche une progression significative (+1,4%) après l'approbation de son dividende par l'assemblée générale réunie ce matin. De l'autre côté, ArcelorMittal (-3%) et Renault (-2,7%) rétrocèdent une partie de leurs gains récents.
Les avis d'analystes animent quelque peu le reste de la cote, JCDecaux prenant notamment 5,1% grâce à un relèvement d'objectif d'Oddo BHF, tandis qu'Iliad lâche 3,1% supplémentaires après une dégradation de la recommandation d'HSBC.
La levée de fonds de 70 millions d'euros réussie par l'éditeur de jeux vidéo Focus Home Interactive est saluée par le marché (+7% peu après 12h).
Au chapitre énergétique, les cours pétroliers refluent nettement sur des anticipations d'une hausse de l'offre iranienne sur fond de progrès dans ses discussions avec Washington sur le dossier nucléaire. Le baril de Brent lâche près de 2% à 67,38 dollars, quand le WTI chute dans les mêmes proportions, à 64,15 dollars. Ce recul pèse sur les valeurs pétrolières et parapétrolières à Paris (-2,4% pour Total, -4,5% pour Vallourec, -2,8% pour Schlumberger).