(BFM Bourse) - Le CAC 40 a accentué ses pertes lundi alors que la Fed a ravivé les craintes d'un durcissement accéléré de sa politique monétaire et l'aversion au risque des investisseurs. L'avertissement d'Atos envoie également un signal défavorable au marché parisien en amont de la saison des résultats
Porté à un pic absolu en milieu de semaine dernière par l'enthousiasme des opérateurs vis-à-vis de la reprise économique, le CAC 40 s'éloigne de celui-ci ce lundi avec une 3e baisse consécutive, séquence inédite depuis fin novembre, imputable au ton plus restrictif que prévu adopté par la Fed dans sa dernière réunion de politique monétaire. Incertain à l'ouverture, le baromètre du marché tricolore avait déjà basculé dans le rouge à la mi-journée, avant d'accentuer nettement son repli après l'ouverture de Wall Street - où le S&P (-1,6% à 17h45) et le DJIA (-1,4%) se dirigent vers leur 5e baisse consécutive. Le CAC 40 termine de son côté la séance sur un recul de 1,44% à 7.115,77 points, dans un volume de transactions relativement fourni, supérieur à 4 milliards d'euros.
Les marchés mondiaux pâtissent de la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis qui a montré vendredi que les créations de postes étaient ressorties en dessous des attentes en décembre alors que la hausse du salaire moyen a de son côté dépassé le consensus. Ces données illustrent les tensions sur le marché de l'emploi pointées du doigt par la Fed dans ses "minutes" et alimentent les anticipations d'un relèvement des taux d'intérêt de la banque centrale américaine dès le mois de mars, une éventualité à laquelle les marchés accordent actuellement une probabilité de plus de 70%. Goldman Sachs table pour sa part désormais sur quatre hausses des taux américains cette année, soit une de plus qu'auparavant.
En France, si Bruno Le Maire estime que "sur le long terme, Omicron et la situation sanitaire n'affecteront pas la croissance française en 2022", toujours attendue vers 4% par le ministre de l'Economie, certains secteurs d'activité à l'image de la restauration commencent à pâtir du grand retour du télétravail et de la multiplication des arrêts liés au Covid. Certains grands groupes tricolores font par ailleurs face aux tensions géopolitiques, notamment les entreprises implantées au Kazakhstan comme Lactalis, Alstom ou Orano.
Un contexte qui n'incite pas les investisseurs à l'allégresse, à l'entame d'une semaine dont l'agenda ne manque pas de rendez-vous importants, notamment la dernière estimation de l'indice des prix à la production aux USA, qui risque de faire apparaître une flambée de 7% en décembre. Jerome Powell et la nouvelle vice-présidente de la Fed, Lael Bainard auront par ailleurs l'occasion de détailler leurs intentions lors d'une audition en vue de l'officialisation de leurs nouveaux mandats (le second de Powell à la tête de l'institution, le premier de Brainard pour ce poste de vice-présidente). Enfin de premières banques américaines feront état vendredi de leurs résultats 2021.
Atos perd pied
Aux valeurs à Paris, le nouveau patron d'Atos Rodolphe Belmer a dû, une semaine après son arrivée, avertir les marchés que les objectifs (pourtant révisés en forte baisse à l'été) du groupe pour 2021 n'ont pas été atteints, selon une estimation préliminaire de ses résultats dont le détail définitif est prévu pour fin février. L'action a chuté de 16,8%, ramenant la capitalisation à 3,5 milliards d'euros (moins d'un centième de LVMH...).
CGG a terminé la séance à l'équilibre (après cinq séances de progression) alors que le spécialiste français de la géophysique a indiqué que le chiffre d'affaires de ses activités devrait s'établir autour de 941 millions de dollars pour 2021, avec un cash-flow net positif d'environ 15 millions de dolllars... hors coûts de refinancement de la dette de 40 millions de dollars. C'est début mars que CGG doit présenter ses résultats définitifs.
Au sein de l'indice phare, Eurofins (-4,7%) a accentué sa chute sur fond de dégradation du conseil de Jefferies, tandis que Worldline (-5,4%) a semblé souffrir des déboires de son ancienne maison mère Atos. Ce sont plus globalement les valeurs de croissance qui étaient à la peine, face à la poursuite de la remontée des rendements souverains provoquée par les anticipations de hausse de taux, ce qui pénalise notamment les compartiments technologiques (-4,4% pour STMicro, -4,1% pour Teleperformance, -2,8% pour Capgemini) et du luxe (-5,1% pour Hermès, -3,6% pour L'Oréal, -3,3% pour Kering et -1,8% pour LVMH).
A contrario, Orange a gagné 2,1% et signe la meilleure performance du jour alors que les Echos croient savoir que Bruno Le Maire serait particulièrement enclin à défendre la candidature de Christel Heydemann (patronne de Schneider en Europe et déjà administratrice d'Orange) à la succession de Stéphane Richard à la tête de l'opérateur. Alstom (+1,8%) et Thales (+1,6%) progressent aussi.
Le bitcoin proche des 40.000 dollars
Des avis d'analystes ont apporté de l'animation sur le segment des biotechs, OSE Immuno (+4,3%) profitant de l'initiation du titre par Degroof Petercam. Au terme d'une étude d'une trentaine de pages, la banque belge conseille d'acheter le titre en anticipant 15,52 euros par action. Genfit de son côté s'est adjugé 2,9%, Oddo BHF ayant relevé son objectif de 6,30 à 10,20 euros.
Au chapitre énergétique, le contrat à terme sur le baril de Brent se repliait légèrement (-0,8% à 81,1 dollars), tout comme celui sur le WTI (-0,7% à 78,4 dollars). Du côté des changes, l'euro rétrocédait une partie de ses gains de vendredi (-0,3% à 1,1327 dollar. Enfin, le bitcoin tentait de préserver le seuil des 40.000 dollars (-0,3% à 41.700 dollars), après avoir brièvement flanché en dessous de cette barre symbolique en début d'après-midi.