(BFM Bourse) - Dans le sillage de sa plus mauvaise séance depuis plus de trois mois, le marché parisien tente un rebond mardi mais peine à reprendre véritablement de la hauteur tant les craintes, notamment sanitaires, persistent.
Au lendemain de sa pire chute depuis le 11 juin dernier, soit une baisse de 3,74% sur fond de résurgence pandémique, le CAC 40 esquisse mardi un rebond. Mais la persistance des craintes sanitaires incite les opérateurs à la prudence. Vers 12h45 l'indice phare avance de 0,47% à 4.814,68 points, dans un volume d'échanges bien plus restreint que la veille, moins de 900 millions d'euros ayant changé de mains à ce stade.
La nervosité des investisseurs est loin d'avoir complètement disparu, face à un cocktail de menaces toujours bien présentes. Soit "les craintes d'un reconfinement, l'expansion trop lente du bilan de la Fed, la tournure agressive prise par les élections américaines, le "soft Brexit" qui devient de plus en plus improbable ou encore les nouveaux scandales bancaires qui pointent à l'horizon", énumère pèle-mêle John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud dans sa note matinale. "Un scénario d'une reprise économique en W n’est plus du tout à exclure" ajoute-t-il.
"Nous continuons de penser que les responsables politiques vont éviter à tout prix un nouveau confinement au niveau national", affirment de leur côté les analystes de Saxo Banque. "Mais, en même temps, nous avons de plus en plus d'échos de grandes entreprises se préparant au pire et à passer à 100% en télétravail dans le cas où la combinaison de la Covid et de la grippe saisonnière mettrait sous tension dangereusement le système de santé de certains pays" nuancent-ils.
Les premières décisions politiques en ce sens commencent d'ailleurs à émerger à l'échelle européenne. Le Premier ministre britannique Boris Johnson devrait, dans une prise de parole mardi soir, encourager ses administrés à reprendre le télétravail, indique le Telegraph. Il devrait aussi acter la fermeture des pubs, bars et restaurants dès 22 heures à partir de jeudi. Au même titre que le confinement partiel imposé à Madrid lundi, ces mesures rappellent les décisions prises à travers le monde au printemps, ayant entraîné un arrêt brutal de la consommation et des récessions à deux chiffres dont le monde commence tout juste péniblement à se remettre.
L'Europe n'est pas la seule à voir les feux virer au rouge: l'Argentine a enregistré lundi un record quotidien de décès avec 429 morts, la Russie a enregistré mardi 6.215 nouveaux cas de contamination, un nouveau pic en 24 heures depuis le 18 juillet, et les Etats-Unis s'apprêtent à franchir le seuil des 200.000 morts.
Calme plat sur le front des valeurs
Très peu d'actualité du côté des valeurs sur le marché parisien, si ce n'est la révision à la hausse des objectifs de Suez (+0,6%) sur son plan stratégique, le groupe de services à l'environnement ayant précisé être en avance sur sa réalisation, pour contrer le projet de rachat hostile de Veolia (-0,1%). Les bancaires sont également observées au lendemain d'un repli violent et généralisé faisant suite aux révélations d'un consortium de journalistes qui accusent de nombreuses institutions bancaires mondiales d'avoir permis le blanchiment d'argent sale à grande échelle. Le rebond n'est toutefois pas à la hauteur de la chute, BNP Paribas reprenant 0,8%, Crédit Agricole 0,9% et Société Générale 1,3%, au lendemain de replis compris entre 6,4% (Crédit Agricole) et 7,7% (Société Générale).Les valeurs aéronautiques et touristiques souffrent toujours des craintes sanitaires, Airbus (-3%) et Accor (-1,7%) occupant les deux dernières places du palmarès de l'indice vedette. Dans l'autre sens, le secteur automobile tente de se reprendre avec des gains de 3,1% pour Peugeot et de 2,6% pour Renault.
Les cours des deux références mondiales de pétrole brut repartent de l'avant malgré les craintes pour la demande en cas de reconfinement. À 12h40, le baril de Brent gagne 1,25% à 41,96 dollars alors que celui de WTI revient sur les 40 dollars (+1,11% à 39,98 dollars).
De nouveau porté par son statut de valeur refuge, le billet vert poursuit sa remontée face à la monnaie unique, qui lâche 0,08% à 1,1775 dollar vers 12h45.