(BFM Bourse) - L'approche du scrutin qui décidera du renouvellement de son mandat, dans un an exactement, semble avoir ranimé les velléités taxatoires du président des Etats-Unis. Après avoir ciblé l'Argentine et le Brésil lundi, Donald Trump s'en prend frontalement à la France ce mardi. Répliquant au projet de taxe GAFA, il veut cibler en retour l'emblématique secteur du luxe.
Alliés, adversaires, difficile de savoir quelle distinction fait vraiment Donald Trump. Le locataire de la Maison-Blanche, à un an de l'élection présidentielle, choisit de défourailler tous azimuts. Lundi, le président américain a annoncé qu'il entendait réinstaurer les droits de douane sur l'acier et l'aluminium importés d'Argentine et du Brésil - prenant de court son "ami" le président ultranationaliste Jair Bolsonaro. Ce mardi, il a dévoilé un projet de taxer jusqu'à 2,4 milliards de dollars d'importations en provenance de France -incluant potentiellement les sacs à main, les cosmétiques, le champagne, certains fromages, les yaourts ou le savon- en représailles au projet de taxe sur les services numériques porté par le gouvernement français. L'Autriche, l'Italie et la Turquie envisageant des taxes similaires sur le numérique, elles pourraient d'ailleurs être également frappées de droits de douane supplémentaires.
Et comme il aurait été dommage de ne pas remettre un peu d'huile sur le feu s'agissant de la Chine, Donald Trump a rappelé qu'il était prêt à y aller également de ses nouvelles barrières douanières en l'absence d'accord. D'ailleurs cet accord, récemment jugé "tout proche", pourrait finalement n'intervenir qu'après novembre 2020, le président ne s'étant fixé "aucune date butoir" et n'étant absolument "pas pressé". En principe, de nouvelles taxes doivent s'appliquer dès le 15 décembre.
Difficile bien sûr de savoir ce qui ressortira effectivement de tout ça (s'agissant d'éventuelles taxes sur les produits de luxe français, le bureau du représentant américain au commerce, USTR, se donne jusqu'à la mi-janvier pour décider). Mais ces menaces à tout-va ne sont évidemment pas du goût des investisseurs. Compte tenu de l'influence prépondérante du luxe dans la pondération de l'indice tricolore, le CAC 40 est particulièrement affecté, cédant 0,52% à 5.756,59 points vers 12h10, dans un volume déjà supérieur au milliard d'euros.
Les contrats à terme sur les indices américains annoncent également une baisse à Wall Street à l'ouverture cet après-midi, d'environ 0,4% à ce stade. En Europe, le tableau est plus mitigé. Le Dax (+0,35%) et le FTSE MIB (+0,3%) échappent à la baisse, tandis que Londres cède 1% et Zurich 0,1%.
Sur le CAC 40, Engie affiche la plus forte hausse alors que le conseil d'administration apparaît vouloir accélérer la reconfiguration du groupe, ce qui placerait d'ailleurs sa directrice générale sur la sellette, selon BFM Business. STMicroelectronics rebondit de 0,9% après une analyse favorable de Liberum, qui conseille l'achat fort.
Inversement, le luxe est donc pénalisé par la perspective de taxes américaines, Kering et Hermès se repliant de 2,4% et LVMH de 1,8%. Airbus est finalement le grand perdant, en repli de 2,5%, après le verdict de l'OMC quant aux aides européennes au programme A350.
Difficile chez les cambistes de savoir sur quel pied danser : la parité euro/dollar est du coup inchangée à 1,1079
Le pétrole, après la baisse de la semaine dernière, reste relativement bien orienté en dépit des nouvelles menaces sur le commerce mondial. Le contrat sur le baril de WTI se traite à 56,29 dollars (+0,59%) et celui du Brent à 61,13 dollars (+0,34%), les opérateurs espérant a minima une prolongation de l'accord de réduction de la production de l'Opep lors de la réunion du cartel jeudi.