(BFM Bourse) - Washington a menacé lundi soir d'imposer des droits de douane additionnels pouvant aller jusqu'à 100% sur l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français -fromages, produits cosmétiques, maquillage, sacs à main, etc.- en réponse à l'instauration, en France, d'une taxe sur les géants américains du numérique. LVMH, Kering, Hermès et L'Oréal cèdent du terrain.
L'ensemble du secteur du luxe français pâtit mardi matin des menaces américaines de surtaxes sur un certain nombre de produits français, parmi lesquels on retrouverait notamment de nombreux fromage (dont le Roquefort cette fois), le vin pétillant (champagne) mais aussi des produits cosmétiques comme le savon et le maquillage ou encore les sacs à main. Ces droits de douane supplémentaires concerneraient 2,4 milliards de dollars de produits français et ils seraient instaurés en représailles à l'instauration, en France, d'une taxe sur les géants américains du numérique, dite "taxe Gafa".
Si le vin traditionnel français est donc toujours relativement épargné par l'administration Trump -même s'il est, comme le vin allemand ou espagnol, déjà frappé par une surtaxe de 25% depuis le 18 octobre dernier dans le cadre du litige commercial sur des subventions américaines à Airbus- les groupes de luxe tricolores, fleuron de l'industrie français, sont clairement ciblés par Washington.
Ces nouvelles menaces, dévoilées à la veille d'une rencontre entre Emmanuel Macron et Donald Trump, pèsent sur l'ensemble du secteur à la Bourse de Paris mardi matin. La plus grosse capitalisation française LVMH cède 1,75% peu après 9h30, quand Kering lâche 1,5% et Hermès 1,4%, dans un marché parisien qui tourne autour de l'équilibre depuis l'ouverture, au lendemain d'une séance terminée en chute libre. Intéressant à signaler, 32 valeurs du CAC évoluent dans le vert contre 8 seulement dans le rouge, pour un baromètre proche de l'équilibre, signe du poids du secteur du luxe au sein de l'indice vedette de la cote parisienne.
Des entreprises américaines "injustement ciblées"
L'annonce de Washington fait suite à une enquête ouverte en juillet dernier par le représentant américain au Commerce (USTR) qui a conclu que cette législation française dite "Gafa" (Google, Apple, Facebook et Amazon) porte préjudice aux entreprises américaines. "L'USTR s'attache à lutter contre le protectionnisme croissant des Etats membres de l'Union européenne, qui ciblent injustement les entreprises américaines", a commenté le représentant dans un communiqué publié lundi soir.Bien avant l'annonce de cette menace de représailles, le ministre français de l'économie Bruno Le Maire avait prévenu que la France ne renoncerait "jamais" à sa taxe sur les géants de la tech, et reproché aux Etats-Unis de ne plus vouloir d'un grand accord international sur la fiscalité du numérique.
La taxe française "Gafa" prévoit une imposition des géants du numérique à hauteur de 3% du chiffre d'affaires réalisé en France, notamment sur la publicité ciblée en ligne, la vente de données à des fins publicitaires et la mise en relation des internautes par les plateformes. Cette solution a vocation à n'être que temporaire dans l'attente d'un aboutissement de négociations internationales. Paris s'est d'ailleurs engagé à abandonner sa taxe, qui entre en vigueur cette année, dès qu'une solution internationale aura été trouvée sous l'égide de l'OCDE.
Pour rappel, Donald Trump avait dénoncé "la stupidité" d'Emmanuel Macron l'été dernier après l'adoption définitive de la taxe en France, menaçant déjà le président français d'imposer des surtaxes douanières sur le vin.
La taxation des géants du numérique et des multinationales constitue un enjeu majeur pour adapter la fiscalité mondiale à la numérisation de l'économie de ces dernières décennies, afin que les Etats puissent percevoir des taxes même si les groupes ne sont pas physiquement présents sur leur territoire. Sauf qu'"après avoir réclamé une solution internationale à l'OCDE, (Washington) n'est pas sûr d'en vouloir", a déploré lundi Bruno Le Maire.
De son côté, le nouveau commissaire européen au marché unique et au numérique, le Français Thierry Breton, est allé plus loin encore et a laissé entendre que le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, pourrait annoncer le retrait des Etats-Unis des négociations de l'OCDE.
(avec AFP)
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