(BFM Bourse) - La Bourse de Paris a totalement échoué à rebondir vendredi, terminant au plus bas depuis décembre 2019 en repli de 1,11%, accentuant sa perte hebdomadaire à -3,62% tandis que l'OMS a déclaré l'urgence internationale vis-à-vis de l'épidémie du coronavirus. Une chute d'ampleur inédite depuis la fin juillet 2019.
La quiétude et la longue séquence de hausse des marchés d'actions ont été brutalement interrompues par un "cygne noir". Autrement dit un événement à faible probabilité, difficilement prévisible, mais aux conséquences potentielles considérables. Pour les marchés d'actions, il s'agit bien évidemment de l'émergence du nouveau coronavirus chinois, 2019-nCoV. S'agissant en particulier de l'indice parisien, cela implique un repli de 2,9% en ce premier mois de l'année, après l'exceptionnelle performance de 2019 (+26,4%).
Vendredi, après son timide rebond matinal (+0,34% à l'ouverture) consécutif à une hausse de Wall Street jeudi et à un baromètre d'activité en Chine rassurant, le CAC est rapidement revenu en territoire négatif, et n'a pratiquement pas cessé de creuser ses pertes pour clôturer à 5.806,34 points, soit 1,1% de baisse sur la séance et 3,62% sur la semaine.
Rassurés dans un premier temps par les déclarations de l'OMS -si l'organisation a qualifié jeudi d'urgence de santé publique de portée internationale l'épidémie qui a désormais fait plus de 200 morts, elle a également exprimé sa confiance dans la capacité des autorités chinoises à l'enrayer et exprimé son opposition à toute restriction sur les voyages et échanges commerciaux avec la Chine- les investisseurs ont rapidement été rattrapé par les craintes de ralentissement de l'économie chinoise et la multiplication du nombre de pays touchés à leur tour.
Vu l'importance acquise par l'économie chinoise désormais, un ralentissement de sa croissance sous le rythme de 6% ne manquerait pas de se ressentir au niveau de la croissance mondiale. Selon le cabinet Oxford Economics, cette dernière pourrait tomber à 2,3% en 2020, un plus bas niveau depuis la crise financière.
Pour l'heure, il est bien évidemment trop tôt de lire ces conséquences dans les données objectives. L'indice PMI chinois des directeurs d'achats s'est en effet établi à 50,0 en janvier, conforme aux attentes, mais sur la base sur un sondage réalisé avant le 20 janvier, celui-ci ne reflète donc pas complètement l'impact de l'épidémie de coronavirus, selon le Bureau national des statistiques.
Côté français, la croissance économique a finalement ralenti un peu plus qu'anticipé, à 1,2% en 2019 contre 1,7% en 2018 et 2,4% en 2017, selon la première estimation publiée par l'Insee, le PIB ayant même reculé de 0,1% au quatrième trimestre, au lieu de la hausse de 0,3% prévue. Quant à la hausse des prix à la consommation, elle est restée stable en janvier, à 1,5% sur un an mais la consommation des ménages a diminué de 0,3% en décembre, principalement sous l'effet d'une réduction de la consommation d'énergie grâce à la clémence des températures.
Le marché américain n'échappait pas à la morosité ambiante, avec un repli de 1,7% du Dow Jones, de 1,34% du Nasdaq et de 1,6% du S&P 500 en fin de séance européenne.
Maisons du Monde décolle, le luxe encore dans le rouge
Sur le front des valeurs, le spécialiste de l'aménagement et de la décoration Maisons du Monde a fait part de ventes en ligne avec ses prévisions (révisées à la baisse fin octobre dernier) malgré les mouvements sociaux et dominé le palmarès du SRD (+6,8%). Parmi les autres publications du jour, Kaufman et Broad a pris 5,05%, porté par un bénéfice net en hausse et l'annonce d'un maintien de ses revenus en 2020 malgré le ralentissement général du marché du logement neuf.En revanche, Manitou a perdu 3,6%, lesté par ses prévisions pour l'exercice en cours, pour lequel il table sur un repli de l'ordre de 10% de son chiffre d'affaires. Enfin, JCDecaux enregistre une croissance de son chiffre d'affaires annuel de près de 10% et grignote 0,4%.
Au sein du CAC, plusieurs secteurs -les plus exposés au marché chinois- sont encore à la peine, à commencer par le luxe et l'automobile. Kering (-1,1%), LVMH (-0,9%), Hermès (-0,1%) et L'Oréal (-1,9%) ont souffert, comme Renault (-0,9%) et Peugeot (-2,7%). STMicro a enregistré le plus gros recul (-4,6%). De l'autre côté du palmarès, TechnipFMC a récupéré (0,7%) une partie de ses lourdes pertes de la veille (-6,8%).
Au chapitre pétrolier, les cours des barils d'or noir ont également tenté un rebond matinal avant de se retourner à la baisse. Le Brent flanchait de 1,45% à 56,50 dollars et le WTI reperdait 1,19% à 51,52 dollars.
Sur le marché des changes, l'euro rebondissait fortement (+0,43% à 1,1079 dollar) après être retombé cette semaine à un cheveu de la barre de 1,10 dollar, correspondant à un plus bas depuis novembre 2019 pour la monnaie unique.