(BFM Bourse) - Toujours portée par l'optimisme des investisseurs quant à l'imminence de la reprise économique et aidée par des chiffres jugés rassurants sur l'inflation, la Bourse de Paris s'est encore rapprochée mercredi en clôture du seuil des 6000 points. Le gap de février-mars 2020 est quasiment comblé.

Plus dure est la chute, plus vif est le rebond. Tombé à un creux depuis juin 2013 mi-mars 2020, à 3.632 points, le baromètre du marché parisien a depuis signé un spectaculaire redressement. Le CAC a en effet ajouté mercredi 1,11% supplémentaires à ses gains accumulés depuis le début de la semaine (+3,6% sur les trois dernières séances), pour boucler la séance à moins de 10 points du seuil symbolique des 6000 points (5.990,55 points en clôture), dans un volume d'échanges en repli toutefois par rapport aux deux séances précédentes, à 3,6 milliards d'euros.

Cette nouvelle progression ramène l'indice phare de la Bourse de Paris tout proche du pic précédant le krach-éclair intervenu en février-mars 2020 - le CAC avait bouclé la séance du vendredi 21 février à 6.029 points avant que le marché ne prenne vraiment conscience de la gravité de la pandémie. L'application des premiers confinements avait provoqué jusqu'à 40% de baisse (-2.400 points) en l'espace de trois semaines, du jamais-vu. Depuis, le "quoi-qu'il-en-coûte" puis la mise sur le marché dans un délai inédit des premiers vaccins sont passés par là... De sorte qu'à l'heure actuelle les investisseurs seraient plutôt davantage préoccupés des risques inflationnistes liés à une reprise de l'économie plus brusque qu'attendu que par celui, pas totalement exclu, de voir l'épidémie regagner en intensité.

Vis-à-vis de la question de l'inflation, l'attention des opérateurs s'est porté en début d'après-midi sur les statistiques des prix à la consommation aux Etats-Unis de février, ressortie comme attendu à +0,4%, ce qui tempère les craintes inflationnistes à l'œuvre depuis près d'un mois sur les marchés. Conséquence directe: les rendements souverains se sont détendus, le "Treasuries" américain à 10 ans revenant proche du seuil des 1,5% vers 18h (contre 1,56% avant la publication).

Autre rendez-vous macro-économique ce vendredi, la session des élus de la Chambre des représentants au sujet du plan de relance de 1.900 milliards de dollars. Sans surprise, leur aval devrait permettre à Joe Biden de promulguer ce troisième paquet budgétaire engagé par le gouvernement américain depuis le début de la crise.

La microéconomie à l'honneur

Paulic Meunerie a gagné 5,9% grâce à l'accord par le ministère chargé de l'Industrie d'une subvention, dans le cadre du plan de Relance, visant à financer l'installation d'une troisième génération du réacteur d'ozonation du meunier breton (il s'agit d'une technologie permettant la désinfection des céréales sans produits chimiques).

Quadient a pris 8% après après avoir révisé à la hausse sa prévision de flux de trésorerie disponible pour 2020, alors que le chiffre d'affaires devrait afficher un repli moins prononcé que les -8% estimés jusqu'ici.

La biotech Gensight a avancé de 3,3% après avoir dévoilé une forte progression de sa trésorerie l'an dernier, jusqu'à 37,9 millions d'euros, grâce notamment aux revenus tirés de son produit Lumevoq, déjà administré à quelques patients dans le cadre d'Autorisation Temporaire d'Utilisation (ATU) accordées par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament.

Voyageurs du Monde a grimpé de 6,1% alors que le spécialiste du voyage sur mesure a trouvé de quoi se renflouer à hauteur de 130 millions d'euros, dans le cadre d'une augmentation de capital qui s'effectuera à 85 euros l'action.

Jacquet Metals Service a vu son cours s'apprécier de 3% après des résultats 2020 meilleurs qu'attendus, témoignant même d'une légère progression du taux de marge par rapport à 2019.

CNP Assurances a grappilleé 1,1%, après le relèvement à l'achat du conseil de Berenberg (le autres recommandations du jour sont à retrouver ici).

Les résultats de Rothschild & Co. (+2%) ou de Devoteam (+1,8%) ont également été salués ce mercredi par les investisseurs.

À la baisse :

Maisons du Monde a reculé de 5;8% après la publication de résultats 2020 relativement résilients, mais comptablement pénalisés par une dépréciation sur sa filiale américaine Modani, le groupe renonçant pour le moment à se développer davantage aux Etats-Unis.

Alors que le producteur d'électricité d'origine renouvelable doit publier ses résultats annuels jeudi soir, l'action Neoen a finalement limité son repli à -0,7%, contre près de 3% en séance. Après un doublement en 2020, le titre a pris près de 22% de retard depuis le début de l'année.

La nouvelle diminution par Bouygues de sa participation au capital d'Alstom n'a finalement que peu pesé sur le cours de ce dernier (-0,5%). Bouygues a placé 12 millions d'actions Alstom (3,23% du capital) à 41,65 euros pièce, de sorte qu'il ne lui reste plus à écouler que 3,12% - mais pas avant un délai de deux mois dans tous les cas.

Hors actualité propre aux entreprises, le palmarès du CAC a fait de nouveau la part belle aux valeurs industrielles (+2,9% pour Saint Gobain et Air Liquide) ainsi qu'au compartiment du luxe (+2,6% pour Kering, +2,4% pour l'Oréal et +2,3% pour le n°1 mondial du luxe LVMH, qui atteint un nouveau sommet à près de 280 milliards de capitalisation boursière. De l'autre côté, certaines valeurs technologiques (-2,6% pour STMicro, -1,9% pour Worldline) sont restées à la peine malgré le spectaculaire rebond du Nasdaq la veille (+3,7%).

Parmi les autres classes d'actifs, les cours pétroliers ont reculé légèrement (-0,68% à 67,06 dollars pour le Brent, -0,77% à 63,52 dollars pour le WTI), tandis que la parité euro/dollar évoluait peu à 1,1896 (-0,03% pour la monnaie unique) sur le marché des changes. Enfin, le Bitcoin revenait à proximité de son sommet atteint il y a deux semaines, à près de 57.000 dollars vers 18h20.