(BFM Bourse) - Après avoir perdu 4,2% la semaine dernière, la Bourse de Paris continue sa descente. Les investisseurs voient se dégrader rapidement les perspectives de croissance, à une période où l'impératif de lutte contre l'inflation ne permettra plus aux banques centrales de soutenir généreusement l'économie.
De quelque côté que les épargnants jettent le regard, ils ne semblent apercevoir que des signes inquiétants. Fragilisation de la croissance économique, envolée des prix, conflits et tensions géopolitiques variées et pandémie lancinante en prime... On en oublierait presque qu'emploi et consommation, eux, sont toujours au rendez-vous (pour l'instant). Sans nouveau catalyseur, cette semaine débute donc sur le ton de la précédente, par un repli de 1,51% à 6.163,94 points pour le CAC 40 vers 12h25.
L’évolution future des politiques monétaires reste la plus grande inquiétude pour les investisseurs, souligne l'équipe de stratégistes de La Banque Postale Asset Management, ainsi que le possible danger d’une décélération de l’activité plus prononcée que prévue, voire l’éventualité d’une récession. Cette perspective a d'ailleurs gagné du terrain en fin de semaine avec la prévision de la banque d’Angleterre d’une chute du PIB de 0,25% en 2023, alors que l’inflation resterait très élevée. "La perspective d’une récession alors que l’inflation reculerait avec beaucoup de lenteur a contribué à faire baisser la presque totalité des classes d’actifs la semaine écoulée. Les taux d’intérêt ont fortement monté, baissant la valeur des obligations, alors que les bourses baissaient fortement. Il est probable que cette volatilité restera très présente".
Dans ce cadre, LBPAM estime que "la prudence doit l’emporter dans les allocations d’actifs". "Il nous semble qu’il est important de conserver une exposition très défensive en privilégiant toujours des valorisations raisonnables sur les actions devant les inquiétudes qui pèsent sur la croissance et la hausse des taux d’intérêt que nous venons de connaître. En même temps, il est important de souligner que les dernières données sur l’emploi américain pour le mois d’avril, continuent de confirmer la robustesse du marché du travail outre-Atlantique ce qui devrait soutenir la croissance pour encore un temps, même si ceci devrait conforter le resserrement rapide la politique monétaire entamée par la Fed".
85% des valeurs dans le rouge
Sans forte actualité du côté des entreprises, près de 85% des principales valeurs parisiennes s'affichent en repli, à nouveau sans tendance sectorielle marquée, les principales baisses revenant à des sociétés d'industries aussi différentes que la sidérurgie (-3,5% pour ArcelorMittal), les services de paiement (Worldline -2,9%), le luxe et les cosmétiques (-2,6% pour L'Oréal) ou les infrastructures électriques et numériques du bâtiment (Schneider -2,5%).
Dans ce contexte peu engageant, le secteur de la santé semble retrouver de l'attrait pour son caractère défensif. Issu de Sanofi, le spécialiste de la production de principes actifs pharmaceutiques Euroapi en profite, gagnant 6,5% pour sa deuxième séance alors que JPMorgan recommande chaudement le titre, qu'il juge très décoté par rapport à ses comparables. Un potentiel client (si ses projets en développement aboutissent à des médicaments), Adocia, est aussi recherché ce lundi: la biotech lyonnaise a annoncé le démarrage d'un essai de phase 3 (dernière étape des essais cliniques avant une éventuelle commercialisation) pour son insuline d'absorption ultra-rapide en partenariat avec Tonghua Dongbao, premier producteur chinois d'insuline. L'action grimpe de 7%.
Les opérateurs misent également sur le dossier Ateme, qui signe une cinquième séance de hausse d'affilée, dans le sillage notamment du relèvement de son objectif de croissance pour l'exercice en cours à une fourchette comprise entre 15 et 20%.
Egalement parmi les rares progressions significatives, Solutions 30 remonte de 1,3% après l'avis de surperformance émis par Exane BNP Paribas (les changements de recommandation ou d'objectif du jour sont à retrouver ici).
Après avoir grimpé vendredi jusqu'à un plus haut depuis début mars, les cours pétroliers se replient à 107,56 dollars pour le WTI (-2%) et 110,40 dollars pour le Brent (-1,77%).
Du côté des changes la zone des 1,05 dollar a une nouvelle fois servi de support à l'euro qui revient vers 1,0534 dollar à la mi-journée.