(BFM Bourse) - La banque centrale américaine a abaissé ses taux d'un quart de point comme attendu. Mais les projections de ses membres montrent que seulement deux baisses de taux devraient survenir l'an prochain. L'euro est tombé sous les 1,04 dollar mercredi soir.
La Réserve fédérale (Fed) américaine fait une nouvelle fois la pluie et le beau temps (mais surtout la pluie) sur le marché.
Pour sa dernière réunion de politique monétaire de l'année, la banque centrale américaine a procédé à un virage restrictif, ce qui a plombé Wall Street. Le S&P 500 a abandonné 2,95% mercredi soir et le Nasdaq Composite 3,56%.
La tendance se propage ce jeudi matin aux marchés européens et notamment à la Bourse de Paris. Le CAC 40 recule ainsi de 1,3% dans les premiers échanges à Paris.
La Fed a, mercredi soir, abaissé d'un quart de point de pourcentage ses taux directeurs, ce qui était attendu à près de 99% par les investisseurs.
Toutefois, cette baisse des taux n'a pas été unanime. "La présidente de la Fed de Cleveland, Beth Hammack, a voté contre car elle aurait préféré que la Fed ne baisse pas ses taux", souligne Bastien Drut, de CPR AM.
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Prévisions d'inflation relevées
Ce sont surtout les projections économiques et monétaires (les "dots plots") des différents membres de la banque centrale américaine qui ont échaudé les investisseurs. Ce document, qui est publié tous les trimestres et ne constitue pas à proprement parler une prévision, montre que l'anticipation médiane des membres de la Fed pour 2025 n'incorpore que 50 points de base (0,5 point de pourcentage) de baisses des taux directeurs.
Or, dans les précédents dots plots, en septembre, les membres anticipaient une baisse des taux de 100 points de base sur 2025.
De plus, les membres de la Fed ont révisé à la hausse leurs projections d'inflation, tablant notamment sur une hausse de 2,5% de l'indice PCE (une mesure alternative de l'inflation), contre 2,1% précédemment.
"Nous pensons que la forte augmentation des projections d'inflation pour 2025 reflète les inquiétudes des membres de la Fed quant à la mise en œuvre de tarifs douaniers (par l'administration Trump) ou d'autres mesures de politique inflationniste l'année prochaine", juge Barclays.
"Ce ton restrictif a été suivi par le président (Jerome) Powell lors de la conférence de presse, qui a déclaré que la dernière réduction de taux 'avait été une décision plus serrée', et qu'ils étaient "à un point où il serait approprié de ralentir le rythme des réductions de taux", explique Deutsche Bank.
L'euro s'effondre
"En particulier, Jerome Powell a souligné à plusieurs reprises qu'il fallait davantage de 'progrès en matière d'inflation' pour réduire encore les taux, et il a déclaré qu'il n'allait pas se contenter d'une inflation supérieure à 2%", poursuit l'établissement allemand.
"Après seulement trois baisses de taux, la Fed dit déjà entrer dans une nouvelle phase dans son resserrement monétaire", conclut Bastien Drut. "Le coup d’arrêt récent à la désinflation et les incertitudes liées aux politiques de la future administration vont pousser la Fed à être nettement plus prudente. Elle ne baissera les taux à nouveau qu’en cas de nouveaux progrès tangibles sur le front de l’inflation", conclut-il.
Ces annonces restrictives de la part de la Fed ont propulsé les taux obligataires américains. Le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans est passé à 4,39% à plus de 4,5% en quelques minutes.
Le dollar lui a bondi et, de façon symétrique, l'euro a chuté. La devise de la zone euro a plongé de 1,3% face au dollar mercredi, une chute gigantesque pour le marché des changes, où les variations sont contenues en raison des volumes colossaux (des milliers de milliards de dollars).
L'euro est tombé à 1,0352 dollar, un plus bas depuis près de deux ans. Ce mercredi, l'euro reprend un peu de poil de la bête face au dollar, avec une hausse de 0,46% à 1,04 dollar.