(BFM Bourse) - Les autorités américaines se sont activées durant le week-end pour éviter une panique bancaire à la suite des déboires de Silicon Valley Bank et de Signature Bank. Mais le marché redoute néanmoins que d'autres banques de petite taille puissent être à leur tour frappées.
La peur gagne les marchés ce lundi. L'ensemble des places boursières souffrent, scrutant l'évolution du dossier lié à la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), un établissement californien qui a subi une rapide fonte des dépôts de ses clients, des entreprises de la tech, qui ont-elles-mêmes été malmenées par la hausse des taux d'intérêts sur le marché. En parallèle, les autorités ont décidé de fermer Signature Bank ce week-end. Le CAC 40 chute de plus de 3% à la Bourse de Paris vers 10h30, le DAX 40 perd lui aussi plus de 3% à Francfort.
Les banques souffrent à nouveau Société Générale perd 6%, BNP Paribas abandonne 5,7%. A Francfort Deutsche Bank abandonne cède 4,3% et à Zurich Credit Suisse plonge de 14,3%. En réalité ce sont l'ensemble des valeurs cycliques qui sont malmenés: les équipementiers auto Faurecia et Valeo abandonnent respectivement 9% et 7%.
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Un stress qui perdure
De nombreuses voix se sont élevées pour écarter le risque de contagion à de plus grands établissements. "Il n'y a pas d'alerte spécifique sur le secteur bancaire français", a déclaré le ministre de l'Economie en France, Bruno Le Maire. "Les banques françaises sont solides, le système bancaire français est solide", a-t-il ajouté.
"Nous ne considérons pas la faillite de la SVB comme un "canari dans la mine de charbon" pour les banques européennes, étant donné la nature unique de ses activités", a de son côté estimé Jefferies, dans une note à ses clients vendredi. La banque fait référence au fait que les canaris dans les mines de charbon prévenaient de fuites de gaz amenant à une explosion.
Toutefois, "le stress bancaire persiste, même si on est clairement pas dans le scénario de 2008-2009", observe Alexandre Baradez, analyste de marché chez IG France. Les autorités américaines se sont fortement activés durant le week-end pour éviter le risque d'une panique bancaire "ce qui est un élément positif", souligne-t-il néanmoins.
Garantie de tous les dépôts
Les Etats-Unis ont fermé vendredi SVB, la plaçant sous le contrôle de l'agence de garantie des dépôts (FIDC) et tentent également de trouver un repreneur pour cet établissement. Elles ont décidé de garantir l'intégralité des dépôts de cette banque déchue. Il s'agit d'une mesure d'urgence car normalement la FDIC garantit les dépôts à hauteur de 250.000 dollars, or 96% des dépôts de SVB excède ce plafond. Selon Capital Economics, le fonds de garantie des dépôts de la FDIC s'élève à plus de 128 milliards de dollars.
Outre SVB, les autorités américaines vont permettre l'accès à tous les dépôts d'un autre établissement, Signature Bank, qui a été fermé d'office par le régulateur, à la surprise générale, selon un communiqué.
La Reserve fédérale (Fed) a également introduit une nouvelle facilité de prêt pour assurer que les banques plus fragiles puissent disposer des liquidités pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Ce que Deutsche Bank considère comme une forme de "quantitative easing" (assouplissement quantitatif).
Au-delà de la fragilité du certains pans du système bancaire, cet épisode montre également les répercussions du resserrement monétaire des grandes banques centrales;
"Le dossier SVB révèle avant toute une mauvaise gestion, mais cet évènement ne serait pas probablement pas arrivé si nous n'étions pas dans une période de hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui révèle les fragilités bancaires, poursuit Alexandre Barandez. "La crainte ne porte non pas sur des grandes banques mais sur les établissements régionaux américains dont on redoute qu'il connaisse à leur tour des difficultés et qu'ils soient obligés de vendre des actifs".