(BFM Bourse) - Ayant péniblement clôturé mercredi en territoire positif, le CAC 40 cède à un nouvel accès de panique des investisseurs jeudi, face à la progression du nombre de cas de coronavirus en dehors de la Chine. En début d'après-midi, la chute de l'indice phare parisien dépasse à nouveau 3%.
Si l'indice phare parisien était parvenu à sauver les meubles mercredi, soutenu par plusieurs publications solides notamment de Thales et PSA, les résultats du jour -dans l'absolu plutôt bons également- ne font pas le poids face à un regain d'inquiétudes du fait de l'expansion de l'épidémie de coronavirus. Les investisseurs redoutent un choc au niveau de l'offre, sous la forme d'une désorganisation majeure des chaînes d'approvisionnement, face auquel d'éventuelles mesures de relance de la demande n'auraient guère d'effet, susceptible de faire plonger la conjoncture mondiale.
En baisse de près de 2% dès l'ouverture, le CAC 40 amplifie sa chute en début d'après-midi, perdant 3,42% à 5.486,56 points vers 14h20, dans un volume d'échanges de plus de 2,7 milliards d'euros. Par rapport au dernier pic (touché en séance le mercredi 19 février dernier à 6.111,41 points), la baisse dépasse désormais le seuil symbolique de 10%, à partir duquel on parle couramment d'une correction (à partir de 20%, c'est le krach).
"Tout le monde ne pense qu'au coronavirus" et "les investisseurs sont très inquiets de l'impact sur la croissance mondiale", résume Naeem Aslam, analyste chez Avatrade. Le nombre de nouveaux cas quotidiens de Covid-19 enregistrés hors du territoire chinois dépasse ceux recensés en Chine, où le virus est apparu fin décembre. En Chine, l'épidémie a connu un pic et s'est stabilisée entre le 23 janvier et le 2 février, et ne cesse de décliner depuis lors, a constaté l'OMS. Ailleurs, on dénombre à présent 2790 cas répartis dans 37 pays, et 44 décès.
L'augmentation soudaine des cas en Italie, en République islamique d'Iran et en République de Corée est "extrêmement préoccupante", a reconnu l'Organisation, sans parler d'apparition de cas liés à l'Iran apparus au Bahreïn, en Iraq, au Koweït et à Oman et de cas liés à l'Italie en Algérie, en Allemagne, en Autriche, en Croatie, en Espagne et en Suisse.
Les opérateurs voient souvent dans ces cas déclarés dans de nouveaux pays autant de nouveaux foyers potentiels, même s'il faut aussi souligner que dans 14 pays ayant préalavlement recensé des cas, plus aucun cas n'a été signalé depuis plus d'une semaine voire depuis plus de deux semaines en Belgique, au Cambodge, en Russie, en Finlande, en Inde, au Népal, aux Philippines, au Sri Lanka et en Suède. Signe qu'il est bel et bien possible de circonscrire l'épidémie.
Celle-ci est néanmoins clairement "à nos portes", a déclaré mardi sur RTL le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran.
Engie en tête du CAC 40, les résultats de Fnac Darty salués
Sur le terrain des valeurs, les opérateurs ont toutefois reçu leur lot de bonnes nouvelles dans ce qui marque la dernière grande salve de publications annuelles. Dans ce contexte, Engie prend la tête du CAC 40 avec un gain de 3,1, profitant d'une performance opérationnelle en hausse, portée notamment par l'amélioration du nucléaire en Belgique. Autre (rare) progression au sein de l'indice phare, Carrefour s'adjuge 2,9% après être repassé au vert en 2019, essentiellement grâce à la plus-value de cession de ses activités en Chine, finalisée à 80% fin septembre.
Hors de l'indice phare, la performance de Fnac Darty (+4,3%) est à mettre en avant, le distributeur spécialisé étant porté par de solides perspectives, étayées par le versement prochain de son premier dividende.
Et une fois n'est pas coutume, Solocal (+22%) domine le palmarès du SRD tandis que le groupe a poursuivi peu à peu son redressement en cours d'année 2019 et a renoué avec les bénéfices.
Si l'équipementier aéronautique a signé lui aussi un très solide exercice 2019, la direction n'exclut pas une baisse du chiffre d'affaires en 2020 avec les répercussions de la crise du Boeing 737 MAX. Le titre parvient toutefois à gagner 0,2%.
Inversement les groupes issus des secteurs frontalement exposés au coronavirus comme l'aéronautique (-10% pour Air France-KLM), le tourisme (-9,8% pour Pierre & Vacances) les parapétrolières (-8,3% pour CGG, -7,7% pour Vallourec), les équipementiers automobiles (-5% pour Faurecia, -4,5% pour Valeo) figurent parmi les plus touchés.
L'or noir au plus bas depuis 2017
Les cours des références mondiales de brut flanchent également jeudi, les investisseurs craignant les répercussions des mesures de confinement sur la demande mondiale en hydrocarbures. Au plus bas depuis juillet 2017, le baril de Brent s'échange à 51,35 dollars (-2,76%), quand le WTI lâche 2,93% à 47,30 dollars.
Vif rebond en revanche pour l'euro, à 1,0949 dollar (+0,62%), les opérateurs commençant à parier sur une rapide baisse des taux de la Réserve fédérale américaine en réponse à l'impact inéluctable du coronavirus sur la conjoncture du premier trimestre.
