(BFM Bourse) - Au lendemain de son net rebond, le CAC 40 est de nouveau en repli, vendredi, les opérateurs faisant de nouveau preuve de prudence face aux derniers rebondissement sur le front commercial, alors que l'éclatement de la coalition populiste au pouvoir en Italie plonge le pays transalpin dans l'incertitude.
La Bourse de Paris a débuté en recul de 0,5% vendredi avant de creuser ses pertes pour afficher une perte de 0,91% à 5.338 points à 12h, dans un volume d'échanges resserré, inférieur à 700 millions d'euros. Après s'être adjugé 2,31% jeudi -"une petite moitié de cette progression s'est effectuée pendant les 5 dernières minutes de la séance (...) signe que les marchés sont, aussi, beaucoup tirés par les éléments techniques et en particulier par des stratégies qui, en suivant le marché, ne font qu’amplifier les mouvements" note Stéphane Déo, stratégiste de la Banque Postale Asset Management- le CAC 40 revient donc à plus de circonspection vendredi matin. Dans le collimateur des opérateurs, on retrouve notamment les derniers développements sur le front commercial sino-américain et l'évolution de la situation politique en Italie.
De l'autre côté des Alpes, le ministre de l'Intérieur, chef de file de la ligue d'extrême droite et homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini a créé la surprise jeudi soir en réclamation des élections législatives anticipées au motif que la coalition ne fonctionne plus et ne dispose plus de la majorité au parlement. Celui qui est aussi vice-président du Conseil italien fait ainsi éclater la coalition populiste instaurée il y a 14 mois avec son allié du Mouvement 5 Etoiles et provoque une crise à l'issue incertaine pour la troisième économie de la zone euro. Ce qui se répercute immédiatement sur le spread entre les taux des obligations italiennes et allemandes à dix ans, qui s'est rapidement creusé pour se rapprocher du seuil des 240 points de base, au plus haut depuis plus d'un mois.
Sur le front commercial, une information de Bloomberg selon laquelle la Maison Blanche tarde à se prononcer sur l'octroi de licences à des entreprises américaines pour les autoriser à travailler avec le chinois Huawei, en réaction à la décision du gouvernement chinois de suspendre l'achat de produits agricoles américains, constitue également un facteur baissier pour les marchés. Autre signe que les tensions sont loin d'être évacuées, le département américain du Commerce a annoncé, jeudi dans la soirée, l'imposition de droits compensateurs sur des milliards de dollars d'importations de placards de cuisine et d'armoires de salles de bains fabriqués en Chine
Et du côté des indicateurs, plusieurs mauvaises nouvelles incitent aussi les opérateurs à la prudence, à commencer par la production industrielle qui a chuté de 2,3% en France au mois de juin, selon les données publiées vendredi matin par l'Insee. Il s'agit de la plus forte baisse sur un mois depuis janvier 2014, largement supérieure au consens des analystes interrogés par Reuters qui tablaient sur un repli de 1,4%. Outre-Manche, l'économie britannique s'est contractée pour la première fois depuis 2012 au deuxième trimestre (-0,2%), notamment en raison du contre-coup des lié à la forte constitution de stocks par les entreprises en début d'année en prévision du Brexit, selon les données publiées par l'Office national des statistiques. Les économistes anticipaient plutôt une stagnation du PIB, après la progression de 0,5% au premier trimestre. En Chine, les prix à la production se sont inscrits en baisse le mois dernier (-0,3% en rythme annuel), une première depuis 2016 et un nouveau signe inquiétant pour la deuxième économie mondiale en pleine guerre commerciale avec les États-Unis.
Seule bonne nouvelle, la hausse plus forte que prévu des importations allemandes en juin (+0,5%), là où les économistes s'attendaient à une hausse de 0,3%. L'excédent commercial, en revanche, s'est établi à 18,1 milliards d'euros, comme en mai, alors que le consensus misait sur 18,6 milliards d'euros.
STMicro avance, les valeurs bancaires souffrent
Sur le front des valeurs, le fabricant franco-italien de puces électroniques STMicro fait partie des rares valeurs à évoluer dans le vert vendredi à la mi-journée, affichant un gain de 1% vers 12h40, grâce à un relèvement de recommandation de la part de Goldman Sachs. Autre valeur en territoire positif, Publicis (+0,3%) profite de la publication des comptes trimestriels meilleurs que prévu de la part du n°1 mondial de la publicité WPP, qui a notamment maintenu ses objectifs annuels.Dans l'autre sens, le secteur bancaire souffre de la nouvelle détente des taux d'emprunts sur le marché obligataire, l'Eurostoxx Banks lâchant près de 2,2% vers 12h40, notamment sous la pression des banques italiennes. Au sein de l'indice phare de la place parisienne, Crédit Agricole limite les pertes (-0,9%), au contraire de Société Générale et BNP Paribas (-1,5% chacun).
Très affectées par la relance du conflit commercial, les minières piquent à nouveau du nez, ArcelorMittal abandonnant 5% (plus forte chute du CAC), alors qu'Aperam (-3,5%) et dans une moindre mesure Eramet (-1,1%) lâchent également du lest.
Sur le marché pétrolier, les cours de l'or noir profitent d'informations selon lesquelles l'Arabie Saoudite tente d'organiser une intervention avec l'Opep pour soutenir les cours. Peu avant 12h45, le baril de Brent pour livraison en octobre reprenait 1,39% à 58,18 dollars, quand celui de WTI rebondit de 1,28% à 53,21 dollars.
Enfin, la monnaie unique reprend un peu de hauteur face au billet vert, à 1,1207 dollar (+0,12%).