(BFM Bourse) - La Bourse de Paris s'enfonce sous les 6.300 points vendredi, l'euphorie de la veille laisse désormais place à un retour à l'aversion au risque. Les opérateurs redoutent les conséquences d'une envolée de l'inflation et qu'elle ne mette à mal la croissance mondiale.
Fin de semaine difficile à la Bourse de Paris, l’euphorie des investisseurs post-réunion de la Réserve fédérale américaine est retombée comme un soufflé. La dégradation de la situation sanitaire en Chine, l'inflation et les risques de récession reviennent au bon souvenir des marchés. La Bourse de New York a signé jeudi sa pire séance depuis 2020, notamment le Nasdaq qui avec un repli de 4,99% enregistre sa plus forte baisse depuis juin 2020. Le Dow Jones a lâché 3,12% et le S&P 500 a plié de 3,56%.
Dans ce contexte, la Bourse de Paris s'enfonce sous les 6.300 points, en baisse de 1,21% de 6288,06 points, aggravant la perte hebdomadaire à 3,56%, vers 12h25.
L'aversion au risque fait son retour après le gros ouf de soulagement poussé mercredi soir à Wall Street et jeudi matin en Europe, dans le sillage d'une Fed plus accommodante que prévu. Les interrogations des investisseurs se concentrent désormais sur la capacité des banques centrales à contrôler l'inflation sans pour autant pénaliser la croissance économique. Jeudi, la Banque d'Angleterre a relevé sans surprise son taux de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) à 1%, soit la quatrième depuis fin 2021. Confrontée à une inflation galopante depuis le Brexit, l'institution d'outre-Manche a pris de l'avance sur ses homologues dans sa décision de relever ses taux directeurs.
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a estimé vendredi "raisonnable" que institution européenne mette un terme aux taux négatifs "d'ici à la fin de cette année", au moment où elle se prépare à lever le pied sur ses mesures de soutien à l'économie. Le but étant de tenter de maitriser l'inflation qui frappe la zone euro et s'est établie en avril au niveau record de 7,5% sur un an.
La production chute en Allemagne
Toujours au chapitre macroéconomique, la production industrielle en Allemagne a chuté en mars, sur fond de chaînes d'approvisionnement perturbées par le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Les opérateurs seront également attentifs au rapport fédéral mensuel sur l'emploi américain, excellent baromètre de la santé économique américaine et qui guide la politique monétaire de la Fed pour les mois à venir.
Du côté des valeurs, les publications d'entreprises suivent leur cours. Axa (+1%) échappe à la baisse, après le bon accueil réservé à sa publication trimestrielle. L'assureur confirme ses objectifs annuels après avoir affiché un chiffre d'affaires de 31,3 milliards d'euros au premier trimestre.
Scor progresse également de plus de 1%. Pourtant, le réassureur a essuyé une perte de 80 millions d'euros au 1er trimestre après un bénéfice de 45 millions d'euros. La guerre en Ukraine et la hausse des catastrophes naturelles sur le trimestre écoulé ont plombé les comptes de Scor.
JCDecaux plombé par les confinements chinois
Lanterne rouge du SBF 120, JCDecaux dévisse de 9%, les opérateurs ont peu apprécié les perspectives prudentes annoncées par le géant de l'affichage urbain.
Hors publications périodiques, Euroapi, la filiale de Sanofi spécialisée dans les principes actifs réussit ses premiers pas en Bourse et gagne plus de 3%
Stellantis gagne plus de 4% profitant de son solide premier trimestre. Jeudi, le constructeur automobile a fait état d'une hausse de 12% de son chiffre d'affaires net au premier trimestre de cette année, soutenu par des prix et un mix de véhicules solides, et des effets de change favorables.
Sur le marché des changes, l'euro reprend quelques couleurs face au dollar à 1,0582 après être descendu brièvement sous 1,05 dollar, le billet vert ayant profité des derniers développements de la Fed sur sa politique monétaire. Les rendements obligataires se tendent à 3,09% sur le 10 ans américain. En hausse de plus de 2%, le pétrole reste bien orienté et se négocie à des plus hauts d'un mois à 113,43 dollars pour le Brent de Mer du Nord et à 110,75 dollars pour le WTI. La Commission européenne a proposé un embargo progressif sur les importations de pétrole russe. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'un sixième volet de sanctions contre la Russie en raison de l'offensive lancée en Ukraine.
Sabrina Sadgui