(BFM Bourse) - Avec treize progressions en 14 séances, l'élan du marché parisien apparaît irrésistible - mais une telle séquence demeure statistiquement exceptionnelle.
Usque non ascendam ? Le marché parisien a visiblement adopté la devise du vicomte de Vaux, Nicolas Fouquet ("Jusqu'où ne monterai-je pas ?"), enchaînant hausse sur hausse. Mardi, le CAC 40 a encore grimpé de 0,34% pour clôturer à 7152,60 points, ce qui constitue en 14 séances la 13e passée dans le vert (la séquence n'a été interrompue que mardi 9, à quelques points près puisque l'indice n'avait cédé que 0,06% ce jour-là), ce qui ne semble encore ne s'être jamais produit puisqu'en 2017 la meilleure séquence s'était arrêtée à 11 hausses en 12 séances (puis 15 sur 17).
Pour compléter la comparaison historique, peut-être faut-il rappeler que l'ascension de Fouquet s'est brutalement terminée un beau matin de septembre, en 1661, lorsque le jeune Louis XIV fit arrêter le surintendant des finances qui vit toute sa fortune confisquée et finit ses jours en captivité. On ne souhaite évidemment le même sort à personne, mais l'évènement mérite d'être rappelé pour signifier que rien ni personne ne grimpe indéfiniment.
Pour le moment, ni les craintes persistantes autour de l'inflation (le gouverneur de la Banque d'Angleterre Andrew Bailey a reconnu lundi que le niveau atteint en septembre, +3,1% sur un an au Royaume-Uni, le rendait "très mal à l'aise", et n'a pas exclu un relèvement des taux dès décembre) ni les nouvelles poussées de l'épidémie de coronavirus ne freinent la marche en avant du marché parisien, alimenté par la teneur remarquable des publications trimestrielles et l'optimisme des entreprises sur les perspectives.
Bouygues craint une inflation durable
Moteur incontournable du CAC 40 depuis de longs mois, le secteur du luxe a de nouveau été au rendez-vous ce mardi avec 4,4% de gains pour Kering porté par un rehaussement de conseil et d'objectif de la part de HSBC, suivi d'Hermès (+2,4%, nouveau pic historique) et de LVMH (+1,2%). Au-delà de ces têtes d'affiche, les opérateurs sont aussi allés chercher des titres sensiblement délaissés à l'image d'Alstom (+2,8%) ou Worldline (+1,8%).
Bouygues en revanche a laissé filer 1,3% malgré des résultats à neuf mois conformes aux attentes, les investisseurs se montrant prudents vis-à-vis des commentaires du conglomérat sur le caractère durable de l'inflation. Les valeurs particulièrement défensives à l'image de Carrefour (-2%) et Danone (-1,8%) sont également restées à l'écart du mouvement ascensionnel.
Hors de l'indice vedette, les acteurs du marché du gaz naturel liquéfié se sont distingués, en particulier GTT qui a repris 9,8% grâce au relèvement du conseil de Kepler Cheuvreux à l'achat. TechnipFMC a gagné 4,5% de son côté.
Les investisseurs ont également salué les résultats annuels d'OVHCloud. Pour sa première publication financière depuis son introduction, le spécialiste de l'informatique dématérialisée a grimpé de 4,9% mardi, après avoir fait part de bénéfices (pour son exercice clos fin août) dans le haut de la fourchette auparavant communiquée, assortis de perspectives ambitieuses pour l'exercice en cours.
Coup de mou pour les valeurs NFT
Enfin, parmi les plus petites capitalisations, les valeurs liées aux NFT comme CBI (-30,6%), Artmarket.com (-10,2%) voire Atari (-10,7%) ont subi des prises de bénéfices plus ou moins marquées, après leur spectaculaire rallye.
Au chapitre énergétique, les cours du pétrole finissaient en ordre dispersé alors que l'Agence internationale de l'énergie estime que l'envolée récente des cours pourrait connaître un "répit". En soirée, le baril de Brent reprenait 0,52% à 82,48 dollars mais le WTI stagnait à 80,88 dollars.
Sur le marché des changes, la monnaie unique échouait à freiner sa chute, retombant de plus belle (-0,29% à 1,1334 dollar, nouveau plus bas depuis juillet 2020).