(BFM Bourse) - Le CAC 40 met déjà un terme au timide rebond observé lors des deux dernières séances et boucle celle de jeudi en forte baisse de 1,4%, pénalisé par le coronavirus, "cygne noir" qui perturbe les places financières et relègue la macroéconomie et la nouvelle salve de résultats d'entreprises au second plan dans l'esprit des investisseurs.
Le marché parisien a rétrocède jeudi ses gains accumulés lors du rebond des deux dernières séances, alors que la crainte de répercussions de l'épidémie de coronavirus sur l'économie coupe toujours l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués, marchés actions en tête. Le baromètre de la Bourse de Paris clôt donc la séance de jeudi sur une forte baisse de 1,4% à 5.871,77 points dans un volume d'échanges moyen de 4 milliards d'euros, un recul dans la fourchette des autres principales Bourses européennes (-1,36% pour le "Footsie" britannique et -1,41% pour le Dax allemand).
"Tout tourne autour du coronavirus", "un cygne noir" qui force à "faire des arbitrages" dans les stratégies, résume Andrea Tueni, analyste à Saxo Banque, interrogé par l'AFP. "La baisse des indices reste globalement modérée et contenue, mais la prudence reste très présente dans l'esprit des investisseurs", a ajouté l'expert, qui estime que si "le marché se veut résolument optimiste, il sous-estime le risque économique lié au coronavirus".
Le CAC sur courant alternatif
Depuis le début de la semaine, la place parisienne alterne séances positives et négatives. Pour expliquer la différence de réaction sur le marché par rapport à la veille, Andrea Tueni cite pêle-mêle "la propagation qui se poursuit, des chiffres de plus en plus alarmants, des responsables d'institution qui s'en inquiètent, comme le patron de la Réserve fédérale américaine Jerome Powell".
Selon son porte-parole, le Fonds monétaire international surveille également "en temps réel" les développements du nouveau coronavirus en Chine, où le bilan se chiffre désormais à 170 morts dans le pays pour environ 7.700 cas confirmés. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a appelé le "monde entier à agir", se réunissait jeudi pour déterminer si l'épidémie constitue "une urgence de santé publique de portée internationale" alors que "de plus en plus de scientifiques considèrent que les autorités chinoises cacheraient les véritables chiffres, soit 8.000 morts et 90.000 Chinois "sous observation"..." relevaient les experts de Mirabaud dans leur note matinale.
Côté banques centrales, la Réserve fédérale américaine (Fed) a laissé sans surprise ses taux inchangés mercredi mais son président Jerome Powell s'est également inquiété des conséquences de l'épidémie du nouveau coronavirus sur l'économie mondiale.
Wall Street en repli malgré Microsoft et Tesla
En dépit des résultats plus que convaincants dévoilés par le géant de Redmond (Microsoft), dont le titre grimpe de 2,4% à 18h, et le constructeur de véhicules électriques Tesla qui bondit de plus de 11% et voit sa capitalisation atteindre 116 milliards de dollars en fin de matinée à Wall Street, les principaux indices américains évoluent dans le rouge jeudi. Le Dow cède 0,3%, le S&P 0,4% et le Nasdaq recule de 0,5%, pénalisé par Facebook, dont le titre lâche près de 7% -plus mauvaise performance journalière depuis juin dernier- alors que le réseau social a annoncé mercredi s'attendre à un ralentissement de la croissance de son chiffre d'affaires et fait état d'une nette augmentation de ses coûts.
L'intégralité du CAC voit rouge
Une fois n'est pas coutume, 39 des 40 valeurs du baromètre parisien bouclent la séance en territoire négatif, la seule "hausse" étant à mettre à l'actif d'une valeur dite refuge, Axa (+0,02%). En queue de palmarès, on retrouve notamment les valeurs pétrolières et parapétrolières (-6,8% pour Technip, -2,7% pour Total) qui subissent la poursuite du repli des cours de l'or noir sur fond de craintes concernant la croissance mondiale, donc la demande en hydrocarbures, liées au coronavirus. Vallourec (-3,9%), Schlumberger (-3,9%) et CGG (-3,8%) accusent également le coup.Sur le reste de l'indice phare, les valeurs du luxe enregistrent aussi de nets replis (-2,1% pour LVMH, -1,2% pour Kering et -1,8% pour Hermès) après les déclarations de Swatch (marque suisse de montres-bracelet) sur le risque de difficultés persistantes à Hong Kong.
Alors que l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a rétrogradé du 1er au 3ème rang mondial des constructeurs automobiles en termes de nombre de voitures écoulées en 2019, Renault cède 1,6%.
Enfin, le projet d'une nouvelle levée de fonds de DBV Technologies -pour prolonger sa visibilité financière au-delà de la date à laquelle le groupe espère enfin débuter la commercialisation de son traitement de l'allergie aux arachides Viaksin Peanut- fait chuter le cours de la biotech (-12,7%).
Au chapitre pétrolier, les cours poursuivent et accentuent même nettement leur repli jeudi midi, le baril de Brent lâchant 2,87% à 57,22 dollars quand le baril de "light sweet crude" texan abandonne 2,53% à 51,98 dollars.
Du côté des changes, la monnaie unique tente un modeste rebond face au billet vert (+0,11%) à 1,1024 dollar.