(BFM Bourse) - La Bourse de Paris commence cette nouvelle semaine boursière sous les 6500 points, les craintes d'un resserrement sévère de la politique monétaire américaine et la dégradation de la situation sanitaire en Chine occultant la réélection attendue du président français Emmanuel Macron dimanche.
La fin de semaine boursière avait été difficile sur les marchés, éprouvés par le ton peu accommodant de Jerome Powell quant au rythme adopté pour sa politique monétaire. Le président de la Réserve fédérale américaine a refroidi les investisseurs jeudi en confirmant une probable hausse de 0,5 point du taux des Fed Funds dès la prochaine réunion, après 0,25 point à la précédente. En Europe, l'idée d'une première hausse de taux cet été pourrait se concrétiser alors que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré vendredi qu'un relèvement avant la fin de l'année était un scénario à envisager.
Un cocktail qui déplait à des opérateurs en raison de la remontée des rendements obligataires. Le rendement des emprunts d'Etat américains est à 2,84% pour le dix ans, après renoué hier soir avec des plus hauts depuis la fin 2018, à près de 2,95%. En Europe, le Bund allemand à 10 ans, la référence en zone euro se tend en direction des 1%
L'indice parisien a chuté de plus de 2% dans les premiers échanges, avant de contenir ses pertes à 1,41% à 6.466 points, vers 10h10. A Wall Street, le Dow Jones a lâché vendredi soir 2,82% à 33.811,4 points, le S&P500 a reculé de 2,77% à 4.271,78 points et le Nasdaq perdait 2,55% à 12.839,29 points.
En Asie, les inquiétudes des opérateurs se renforcent alors que Pékin a ordonné des mesures de confinement plus strictes face à l'explosion des cas de Covid-19. L'indice principal chinois commence la semaine en lâchant près de 4%. À noter le plongeon de la Bourse du Sri Lanka de près de 13% au cours de sa première séance après deux semaines portes closes. L'île d'Asie du Sud doit faire face à une des plus graves crises économiques depuis son indépendance en 1948.
Si le bal des publications d'entreprises reste intense, la macroéconomie devrait dominer les débats en ce début de semaine. Les investisseurs seront attentifs à la publication de l’indice Ifo du climat des affaires en Allemagne du mois d’avril ce lundi, tout comme l'annonce des premières estimations du PIB du premier trimestre en Europe et aux Etats-Unis. Les chiffres de l'inflation en Allemagne pour le mois en cours seront étroitement surveillés par les opérateurs.
Sur le front des valeurs, très peu de rescapées parviennent à rester en territoire positif. Engie rebondit de plus de 2%, soutenu par Deutsche Bank qui a relevé sa recommandation de conserver à l'achat sur l'ex-GDF Suez. Vinci gagne également plus de 2%, le titre profite également d'une note d'analyste de JPMorgan qui augmente son objectif à 114 euros (contre 113) tout en maintenant son conseil de surpondérer.
Vivendi résiste également au mouvement baissier sur les marchés. Le groupe de médias gagne près de 0,5% après avoir annoncé une croissance de 13,4% son chiffre d'affaires au premier trimestre, portée par le dynamisme de ses filiales Canal+ et Havas.
Technip Energies inversement cède 3,5%, dans le sillage du repli des cours de l'or noir. Le groupe a pourtant publié des comptes supérieurs aux attentes avec un résultat opérationnel récurrent en hausse de 17 % au premier trimestre, matérialisant une marge de 6,6%, contre 5,9% il y a un an. Hors activité en Russie, le groupe anticipe pour cette année un chiffre d’affaires ajusté compris entre 5 et 5,5 milliards d’euros et une marge opérationnelle ajustée d’au moins 6,5%.
En hausse de plus de 6%, Ubisoft reste porté par un vent spéculatif. L'éditeur de jeux vidéos qui avait rebondit de plus de 11% en fin de semaine dernière, reste recherché en Bourse alors qu'il reste considéré par les analystes comme une cible privilégiée dans un secteur en pleine consolidation.
Erytech reprend plus de 5% après annonce de la vente de son site de production américain à la société Catalent pour un montant total de 44,5 millions de dollars.
Grosse déception en revanche pour Valneva (-15%) alors que l'agence européenne a demandé à la biotech nantaise des données supplémentaires pour pouvoir homologuer le vaccin VLA2001 en Europe.
Sur le front des changes, l'euro recule à son plus bas niveau depuis avril 2020, à 1,0736 $, et efface ses gains engrangés après la victoire d'Emmanuel Macron. L'or noir accroit ses pertes, sous la crainte d'un ralentissement économique mondial. Le Brent perd 3,75% à 101,78 dollars le baril et le WTI lâche de son côté 3,66% à 98 dollars.
Sabrina Sadgui