(BFM Bourse) - Pour la deuxième journée consécutive, les manifestations à l'aéroport de Hong Kong provoquent l'annulation des vols et font craindre une nouvelle escalade de tensions entre Pékin et les manifestants. Face aux risques qui s'accumulent (crise politique italienne, effondrement des marchés argentins), les opérateurs restent sur leurs gardes. Le CAC 40 recule à la mi-journée.
Méfiante, la Bourse de Paris a ouvert en léger recul mardi matin (-0,39%) avant de stagner puis de creuser encore un peu ses pertes en fin de matinée à l'annonce de la suspension des procédures d'enregistrement pour tous les vols à l'aéroport de Hong Kong, faisant craindre une nouvelle poussée de fièvre entre les manifestants et le pouvoir central de Pékin. Vers 12h15, le CAC 40 cède 0,61% à 5.277 points, dans un volume d'échanges toujours étroit (700 millions d'euros) en cette trêve estivale, au lendemain d'un léger repli de 0,33%.
"Les indices européens devraient ouvrir en baisse dans le sillage de la clôture des marchés américains impactés par l’escalade de tensions à Hong-Kong, l’effondrement de l’indice argentin -le "Merval" a abandonné 37% (!) lundi suite à la large victoire du couple Fernandez-Kirchner face à l’actuel président Macri aux élections primaires-, la poursuite de la baisse des rendements des Treasuries et l’abaissement des prévisions économiques de plusieurs grandes banques" notaient ainsi les experts de Mirabaud Securities Genève dans leur note matinale.
Dans l'ex-colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, des centaines de militants pro-démocratie manifestaient de nouveau à l'aéroport international de Hong Kong mardi. Si le huitième aéroport le plus fréquenté du monde a rouvert mardi matin, les autorités aéroportuaires de Hong Kong ont suspendu mardi toutes les procédures d'enregistrement au départ après que des manifestants pro-démocratie ont de nouveau bloqué les terminaux. Une décision rarissime qui devrait continuer à mettre de l'huile sur le feu entre les manifestants hongkongais et le pouvoir central de Pékin, dont les déclarations se font de plus en plus menaçantes. "La violence, que ce soit son utilisation ou son apologie, poussera Hong Kong sur un chemin sans retour et plongera la société hongkongaise vers une situation très inquiétante et dangereuse" a ainsi affirmé Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif honkongais désignée par Pékin.
Toujours en Asie, Singapour a de nouveau réduit mardi sa prévision de croissance annuelle en raison de l'impact sur ses exportations de la guerre commerciale sino-américaine. Le gouvernement singapourien table désormais sur une croissance de zéro à 1,0% en 2019, alors qu'elle espérait jusqu'alors une croissance de l'ordre de 1,5% à 2,5%, une prévision qui avait déjà été revue à la baisse.
En Italie, toute décision sur le sort du gouvernement italien a été repoussée à mardi au Sénat. Les chefs des groupes parlementaires réunis lundi ne sont pas parvenus à s'entendre sur une date pour l'examen d'une motion de censure déposée par la Ligue de Matteo Salvini pour faire tomber le gouvernement de Giuseppe Conte.
Côté statistiques, enfin, l'inflation allemande a été confirmée à 1,7% en juillet mais le moral des investisseurs est tombé en août à son plus bas niveau depuis plus de sept ans et demi. Une dégradation plus marquée qu'attendu que l'institut d'études économiques ZEW explique par les tensions commerciales et la perspective d'un Brexit sans accord, deux handicaps lourds pour la croissance allemande. L'indice du sentiment des investisseurs du ZEW est tombé à -44,1, au plus bas depuis décembre 2011, après -24,5 en juillet, alors que les économistes et analystes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de -28,5.
Le luxe et l'automobile en souffrance
Plombé par les événements à Hong Kong, le territoire représentant 10% du marché mondial, le secteur du luxe recule nettement mardi matin à la Bourse de Paris. À 12h30, Kering recule de 2,7%, LVMH cède 1,2% tandis que Hermès limite la casse (-0,7%).Autre secteur en grandes difficultés mardi matin, celui de l'automobile. Dans un environnement de marché toujours difficile compte tenu des incertitudes géopolitiques et commerciales persistantes, les constructeurs tricolores lâchent du lest à la Bourse de Paris. Renault signe même le plus fort recul de la matinée (-2,8%) alors que Peugeot fait à peine mieux (-2,6%).
De l'autre côté du palmarès, Total profite de la légère progression des cours du pétrole lundi pour s'adjuger 1% (meilleure performance de la matinée sur le CAC), ce qui permet à l'indice phare -étant donné la pondération du "supermajor" dans l'indice- de limiter les pertes.
Enfin, au rayon des biotechs, la performance de Amoeba (+31%) qui a annoncé qu'une nouvelle demande d’approbation de sa substance active biocide Willaertia magna C2c Maky a été soumise à l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA, European Chemical Agency), est également à souligner.
Sur le marché pétrolier, les barils de brut évoluent à l'équilibre mardi matin, celui de Brent grappillant 0,05% à 58,60 dollars quand celui de WTI avance de 0,11% à 54,99 dollars. Le ministre du pétrole koweïtien Khaled al-Fadhel a déclaré lundi que son pays restait totalement engagé dans l'accord Opep+ et ajouté qu'il avait réduit sa propre production au-delà de ce qui était exigé par cet accord d'encadrement de la production, ce qui a soutenu les cours.
Enfin, l'eurodollar est stable (-0,01%) à 1,1215 dollar vers 12h45.