(BFM Bourse) - La banque de la rue d'Antin a annoncé le projet d'acquisition d'Athlon, une filiale de Mercedes spécialisée dans le financement de longue durée, ce qui doit lui permettre d'arriver à une flotte en location comparable à celle d'Ayvens, filiale de Société Générale. Jefferies se demande si cette acquisition correspond aux attentes du marché, tandis que Barclays souligne son impact sur le bénéfice net et ses vertus stratégiques.
Après les cessions vient le moment des acquisitions pour BNP Paribas. La semaine dernière, la banque de la rue d'Antin avait annoncé une série de ventes d'actifs, à savoir sa participation de 67% dans sa filiale marocaine ainsi que les 25% détenus au capital de l'assureur belge Ageas.
Selon Barclays, le groupe a également réduit sa participation au capital de sa filiale polonaise à 75% en vendant 9,2 millions de titres. La banque britannique et Jefferies chiffraient l'impact global de ces transactions sur le ratio CET 1 (les fonds propres rapportés à l'encours pondéré des risques) à 26 points de base, soit 0,26 point de pourcentage.
Ce jeudi, BNP Paribas a cette fois annoncé une acquisition. La banque est entrée en négociations exclusives avec Mercedes-Benz pour reprendre à 100% sa filiale de leasing automobile (financement de longue durée des locations automobiles), Athlon. Créée en 1916 et à l'origine une société de réparation de voitures, l'entreprise allemande compte une flotte de 400.000 véhicules en location.
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Se rapprocher d'Ayvens
BNP Paribas s'attend à ce que cette opération retranche 13 points de base à son ratio CET 1. Le groupe précise néanmoins que cet impact est déjà intégré dans son objectif de moyen terme, c'est-à-dire un ratio de 13% en 2027.
Le montant de l'opération n'a pas été dévoilé mais Jefferies calcule que l'impact de 13 points de base sur le ratio CET 1 représente environ 1 milliard d'euros.
La banque table sur une clôture de la transaction au cours de 2026 et estime qu'elle ajoutera environ 200 millions d'euros au bénéfice net au terme de la troisième année suivant la finalisation de l'opération.
Surtout, l'acquisition d'Athlon permettrait à Arval, la filiale de leasing automobile de BNP Paribas, de gagner en taille pour atteindre un parc en location de près de 2,3 millions de véhicules "à comparer avec l'actuel leader (européen, NDLR) disposant de 2,6 millions de véhicules en LLD (location longue durée, NDLR)".
BNP Paribas ne précise pas le nom de ce "leader". Mais il s'agit d'Ayvens, filiale de leasing de Société Générale. Cette entreprise a été créée en 2023 à la suite du rachat du néerlandais Leaseplan par ALD, propriété de la banque rouge et noir.
Ayvens revendique une flotte de 3,2 millions de véhicules dont 2,6 millions sont en "full leasing", selon Barclays. Sur les neuf premiers mois de 2025, Ayvens a dégagé un bénéfice avant impôts de 1,1 milliard d'euros contre 954 millions d'euros pour la division "Arval et Leasing Solutions" de BNP Paribas.
Ce que les investisseurs veulent
"Le rapprochement des plateformes opérationnelles (celles d'Arval et d'Athlon) dégagerait un volant élevé de synergies de coûts et élèverait matériellement leur efficacité d'ensemble", fait également valoir l'entreprise.
"La concentration des clients d'Athlon est limitée, les 10 principaux clients représentant environ 9% de la flotte, et environ 50% de la flotte est composée d'hybrides et de véhicules électriques (légèrement plus qu'Arval, selon nous)", remarque de son côté Barclays.
À la Bourse de Paris, l'action réagit assez peu à cette nouvelle, le titre prenant 0,3% en milieu d'après-midi.
Jefferies se demande si l'annonce de BNP Paribas est "ce que les investisseurs veulent".
L'opération "constituera un test de caractère pour les investisseurs qui attendent depuis peu que BNP atteigne un ratio CET1 de 13% (pro forma [retraité, NDLR] des cessions) dès les résultats de l'exercice 2025", poursuit l'intermédiaire financier.
En novembre dernier, BNP Paribas avait donné au marché "ce qu'il voulait" pour reprendre les termes d'UBS. Depuis plusieurs mois, certains investisseurs souhaitaient que l''établissement soit plus ambitieux en matière de ratio de solvabilité CET 1. Cette exigence avait encore gagné du terrain à la suite de la panique boursière causée par un litige au Soudan, selon UBS.
BNP Paribas avait rassuré le marché en relevant sa cible de ratio CET 1 à 13% en 2027, contre 12,5% précédemment, tout en annonçant des rachats d'actions. Jefferies avait alors évoqué "un tournant significatif pour la perception des investisseurs", ainsi qu'une "déclaration claire de force".
Barclays, de son côté, note que la transaction efface, certes, la moitié des gains en capital permis par les récentes annonces de cessions. Pour autant, la banque britannique met en avant l'impact positif sur le bénéfice net et juge que le rationnel stratégique "fait sens".
"L'acquisition d'Athlon renforcera la position concurrentielle d'Arval en Europe en augmentant la taille de l'entreprise (…) Cette transaction positionnerait donc BNP Paribas comme un numéro 2 clair dans la gestion de flottes automobiles, plus proche du leader du marché, et permettrait davantage de synergies dans une activité fortement dépendante de l'échelle", expose Barclays.
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