(BFM Bourse) - En un peu moins de deux mois, l'action du groupe automobile spécialisé dans l'électrique a décollé, portée notamment par des anticipations de mesures favorables de la part de l'administration Trump. Au point que Tesla pèse désormais presque autant que tous les autres groupes automobiles cotés en Bourse, selon companiesmarketcap.com.
S'il y a un groupe qui a bénéficié, en Bourse, de l'élection de Donald Trump, le 6 novembre dernier, c'est bien Tesla.
Depuis la victoire du candidat républicain dans la course à la Maison Blanche, Tesla a bondi de 80,61%. Le titre a touché un record en séance à 483,99 dollars le 17 décembre dernier et sa capitalisation boursière s'établit actuellement à 1.457 milliards. Ce qui fait de Tesla la huitième entreprise la plus importante en Bourse au monde.
Surtout, Tesla surnage totalement parmi les groupes automobiles, les constructeurs historiques pâtissant de multiples peu généreux en raison du caractère cyclique de leur activité. Selon les données de companiesmarket.com, la totalité de la capitalisation des constructeurs automobiles cotés s'élève à 2.953 milliards de dollars.
Autrement dit, Tesla pèse quasiment à lui seul autant que l'ensemble des autres constructeurs automobiles cotés en Bourse.
Un avantage compétitif renforcé
Le groupe dirigé par Elon Musk, un grand soutien de Donald Trump durant la campagne présidentiel, doit beaucoup en Bourse à l'élection de l'homme d'affaires.
Certes, Tesla avait commencé à rassurer le marché avant sa victoire, avec ses résultats du troisième trimestre. Le groupe avait dégagé des marges supérieures aux attentes et Elon Musk avait indiqué tabler pour 2025 sur une forte reprise des volumes, avec une croissance allant de 20% à 30%.
Toutefois, le rallye boursier du constructeur s'est surtout réalisé une fois que le républicain a remporté l'élection. Auparavant, le groupe automobile ne prenait que 1,2% sur l'ensemble de 2024, en Bourse. Ce chiffre est désormais passé à 82,8%.
Le marché a anticipé des mesures favorables à Tesla de la part de la future administration. Certes, Donald Trump est connu pour son hostilité envers les véhicules électriques. Le 17 décembre, Reuters a rapporté que l'équipe de transition du président élu avait recommandé de mettre fin aux mesures de soutien à ce type de motorisation.
Mais, paradoxalement, de telles décisions seraient de nature à renforcer l'avantage compétitif de Tesla. Tout simplement parce qu'en raison de son avance technologique et de sa taille, Tesla est déjà largement bénéficiaire et dépend bien moins des subventions (ou des autres mesures de soutien gouvernementales) que les autres constructeurs, dans l'électrique.
"Tesla a une envergure et une portée inégalées dans l'industrie des véhicules électriques et cette dynamique pourrait donner à Musk et Tesla un net avantage concurrentiel dans un environnement sans subventions pour les véhicules électriques, associé à des tarifs douaniers chinois probablement plus élevés qui continueraient à repousser les acteurs chinois des véhicules électriques moins chers (BYD, Nio, etc.) pour inonder le marché américain dans les années à venir", expliquait en novembre, Dan Ives, analyste chez Wedbush.
Cap vers l'autonomie
D'autres informations ont indiqué que la future administration Trump pourrait également prendre des mesures favorables au véhicule autonome, telle que la création d'un cadre fédéral. Or Tesla a beaucoup mise sur cette technologie.
"L’administration Trump a annoncé vouloir simplifier les régulations concernant les véhicules autonomes, afin de favoriser leur déploiement à l’échelle nationale, ce qui a naturellement bénéficié à Tesla", a souligné, fin novembre Edmond de Rotschild Asset Management.
Elon Musk avait jugé par le passé que la conduite autonome constituait le cœur du réacteur de la capitalisation boursière de Tesla. "Les valorisations sont parfois étranges. (…) Je pense que la valeur de l'entreprise dépend avant tout de l'autonomie", avait-il estimé en 2023 à Paris.
Tesla avait d'ailleurs tenu, en octobre, un "Robotaxi day" au cours duquel le groupe a présenté ses avancées en matière d'autonomie. Ce rendez-vous avait toutefois été reçu avec froideur par le marché, en raison du manque de détails.
"Nous sommes de plus en plus optimistes sur le segment Robotaxi de Tesla, suite aux plans du président élu Trump de développer potentiellement un cadre fédéral pour les véhicules auto-conduits aux États-Unis", a néanmoins écrit mi-décembre Andres Sheppard, analyste chez Cantor Fitzgerald, cité par Bloomberg.
La proximité d'Elon Musk avec Donald Trump couplée à ces anticipations a donc provoqué une importante hausse de l'action. Tesla, qui est quand même habitué à de brusques retournements à la baisse ou à la hausse sur le marché (l'action a, un temps, perdu plus de 30% sur l'ensemble de 2024), peut-il monter plus haut?
Sur les 47 bureaux d'études suivant la valeur, 19 sont à l'achat, 15 à conserver et 13 à la vente, selon investing.com.
Bientôt 2.000 milliards de dollars en Bourse?
Au-delà des spéculations sur les mesures de l'administration Trump, Bank of America est confiante dans les fondamentaux du groupe. Dans une note publiée début décembre, la banque américaine souligne notamment que le prochain véhicule à bas coût (moins de 30.000 dollars) que Tesla doit lancer au second semestre 2025 augmentera son marché adressable.
De plus, l'adoption de son écosystème (capteurs, logiciels) de conduite autonome FSD (pour "full self-driving") est en train de monter en puissance. "Au premier trimestre 2023, Tesla comptait 400.000 abonnés sur 1,8 million de véhicules éligibles. Au deux trimestre 2024 et au troisième trimestre 2024, le nombre d'abonnés a augmenté plus rapidement que le nombre de véhicules éligibles, ce qui signifie que l'adoption de la FSD s'accélère", expose l'établissement.
Bank of America note également que la société pourrait lancer une augmentation de capital pour financer ses développements dans l'autonomie, la robotique et l'intelligence artificielle, et ce à très moindre coût. À l'heure actuelle, lever plus de 50 milliards de dollars avec une dilution de seulement 4%-5% serait chose possible, selon elle.
"Tesla a revitalisé son histoire de croissance", apprécie la banque. Bank of America juge que le lancement des nouveaux produits et des accords de licence sur la technologie FSD peuvent constituer des catalyseurs pour le titre.
Connu pour son optimisme prononcé et indécrottable, Dan Ives de Wedbush voit loin. L'analyste a récemment relevé son objectif de cours sur l'action à 515 dollars (14% de potentiel de hausse), et même à 650 dollars (44% de potentiel de hausse) dans un scénario haussier. Dans ce dernier cas de figure, Tesla pèserait 2.050 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Dan Ives estime que les technologies d'autonomie et d'intelligence artificielle de Tesla peuvent valoir à elles seules plus de 1.000 milliards de dollars en Bourse.
"Nous pensons que la Maison Blanche de Trump au cours des quatre prochaines années représentera un 'total game changer' pour l'histoire de l'autonomie et de l'IA pour Tesla et Musk au cours des prochaines années", explique-t-il. L'analyste s'attend à ce qu'Elon Musk joue de son influence à la Maison Blanche pour faire en sorte que Tesla ne sont pas concerné par de potentielles mesures de ripostes commerciales de la part de la Chine.
Dan Ives a par ailleurs exclu de ses prévisions toute valeur liée à Optimus, le robot humanoïde de Tesla, alors que cette technologie pourrait, selon lui, représenter "un catalyseur majeur dans l'histoire boursière de Tesla pour les années à venir".
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