(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a livré 497.000 véhicules au troisième trimestre, traduisant une hausse de 7,4% sur un an. Mais la progression de ces livraisons peut s'expliquer par la prochaine fin des crédits d'impôts pour les achats de véhicules électriques aux États-Unis.
Tesla a beau surprendre le marché avec des chiffres commerciaux bien plus forte qu'attendu, la Bourse reste de marbre.
En début de séance à Wall Street ce jeudi 2 octobre, l'action du constructeur automobile dirigé par Elon Musk abandonne 1,6% après avoir gagné 2% dans les échanges de préouverture.
Depuis le début de l'année, les volumes de la société ont souffert, notamment en Chine et en Europe, plombés par un manque de renouvellement de la gamme du groupe quand la concurrence dégaine des modèles électriques flambant neufs.
Les ventes ont aussi pu pâtir de l'engagement politique d'Elon Musk aux côtés de Donald Trump, même si le dirigeant a quitté le gouvernement américain et s'est même brouillé à de multiples reprises avec le locataire de la Maison Blanche. Dan Ives, analyste chez Wedbush, avait estimé que les activités de Musk à Washington avaient "endommagé la marque", devenue un symbole politique.
Les résultats de Tesla en ont pâti avec une chute de ses revenus de 16% dans la division automobile sur le dernier trimestre publié, et une génération de trésorerie en baisse de 89%.
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Fin de crédits d'impôts
Les livraisons du troisième trimestre sont, elles, ressorties largement au-dessus des attentes, et ont même affiché une hausse, à la grande surprise des analystes.
Sur la période allant de juillet à fin septembre, Tesla a livré pour 497.100 véhicules, traduisant une progression de plus de 7% par rapport à la même période (463.000 unités). Le consensus (la prévision moyenne) était logé à 439.600 automobiles, selon des données compilées par Bloomberg.
Toutefois, plusieurs raisons peuvent expliquer l'atonie de la réaction boursière. Tout d'abord, comme le note Bloomberg, la hausse des volumes de la société, a très bien pu être portée par un facteur exceptionnel. À savoir la suppression au 30 septembre de crédits d'impôts allant jusqu'à 7.500 dollars pour l'achat de véhicules "propres" (et donc électrique), une mesure contenue de la dernière loi de finances américaine.
Les Américains ont très bien pu avancer des projets d'achats de véhicules électriques durant la période pour ainsi bénéficier de ce bonus qui datait de l'administration Biden.
"Même si la demande de véhicules électriques devrait baisser avec l'expiration du crédit d'impôt pour les véhicules électriques, ce trimestre a été marqué par un rebond spectaculaire pour Tesla, (…) Il reste toutefois du travail à accomplir pour gagner encore du terrain en termes de livraisons", juge Dan Ives, de Wedbush.
Elon Musk, lui-même, avait prévenu que la fin de cet avantage fiscal ferait mal à l'activité de son groupe. "Nous pourrions connaître quelques trimestres difficiles, notamment sur les trimestres clos en décembre 2025, mars 2026 et peut-être juin 2026", en raison de la fin de mesures de soutien aux États-Unis à l'achat de véhicules électriques, avait expliqué le dirigeant aux analystes fin juillet.
Un rallye impressionnant..
Par ailleurs, l'action Tesla a connu, ces dernières semaines, un impressionnant rallye. Selon Bloomberg, le titre a repris 33% sur le seul mois de septembre. Il en fallait donc beaucoup pour porter davantage l'action.
Bloomberg a lié ce décollage à plusieurs espoirs de la part des investisseurs, comme voir Elon Musk s'impliquer à plein régime dans la transformation de sa société vers un groupe de tech spécialisé dans l'intelligence artificielle et les véhicules autonomes. Ce qui a été conforté par le plan de rémunération gargantuesque accordé par le conseil d'administration à Musk, un "package" évalué à 1.000 milliards de dollars.
"Les investisseurs commencent à voir au-delà des problèmes de demande à court terme pour Tesla et reconnaissent que Tesla est en pole position pour devenir le leader incontesté du marché des véhicules autonomes, avec Robotaxis qui devrait s'étendre à 30 à 35 villes aux États-Unis au cours de l'année prochaine", a estimé Dan Ives, le mois dernier.
"Nous pensons également que le nouveau package salarial récemment accordé à Musk a soulagé les investisseurs, car il confirme que Musk restera directeur général de Tesla au moins jusqu'en 2030. À notre avis, Musk reste l'atout le plus important de Tesla et le conseil d'administration a pris une décision intelligente et judicieuse", ajoute-t-il.
À voir toutefois si le marché, comme cela a parfois tendance à être le cas, ne fait pas preuve d'excès.
...Mais exagéré?
Tesla n'a lancé que récemment son service de robotaxis, en juin dernier, à Austin, au Texas. L'entreprise entend déployer ce service dans d'autres villes des États-Unis d'ici à la fin de l'année avant une production à grande échelle des "cybercabs", les robotaxis en question, en 2026.
Elon Musk a indiqué que ce service pourrait être disponible pour la moitié des Américains d'ici la fin de l'année, à condition d'obtenir les autorisations réglementaires idoines, ce qui ne constitue pas une mince affaire.
Dans une récente note, UBS estimait que les robotaxis pourraient, à terme, représenter des revenus de 200 milliards de dollars pour Tesla d'ici à 2040. Mais cette estimation supposait un certain nombre d'hypothèses, notamment l'absence de problèmes réglementaires, technologiques ou d'acceptabilité de la part des consommateurs. La banque suisse concluait alors que l'action Tesla était surévaluée.
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