(BFM Bourse) - Le groupe automobile a publié mercredi soir la plus forte chute de ses revenus depuis plus de 10 ans. Le directeur général, Elon Musk, a prévenu qu'en raison de la fin des mesures de soutien aux ventes de véhicules électriques, Tesla pourrait encore souffrir pendant plusieurs trimestres.

Une nouvelle fois, Tesla a publié des résultats en chute libre. Et une nouvelle fois Wall Street a passé outre ces comptes dégradés pour davantage se concentrer sur la conférence téléphonique avec le directeur général, Elon Musk, et le directeur financier, Vaibhav Taneja.

Après la publication des résultats du deuxième trimestre, l'action Tesla a ainsi peu évolué avant de décrocher durant le "call" et de terminer en baisse de 4,4% dans les échanges post-clôture de Wall Street. Peu après l'ouverture de la Bourse de New York, ce jeudi, le titre plonge de 8,3%.

Alors que Tesla a accusé une baisse de ses revenus de 16% dans l'automobile au deuxième trimestre et de 12% au total, le plus fort repli depuis plus d’une décennie, selon Reuters, Elon Musk a prévenu que des temps compliqués attendaient encore la société.

"Nous pourrions connaître quelques trimestres difficiles, notamment sur les trimestres clos en décembre 2025, mars 2026 et peut-être juin 2026", en raison de la fin de mesures de soutien aux États-Unis à l'achat de véhicules électriques, a expliqué le dirigeant.

La loi de finances de Donald Trump récemment approuvée prévoit la suppression à compter du 30 septembre de crédit d'impôts de 7.500 dollars pour les "véhicules propres".

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Des interrogations sur les services de robotaxis

Elon Musk a indiqué que cette annonce risquait de poser des difficultés à Tesla jusqu'à ce que le groupe monte en puissance et déploie à grande échelle ses services de robotaxis, ce qui est prévu pour la seconde partie de 2026.

Tesla a lancé le mois dernier son service de robotaxis à Austin, dans le Texas, avec une flotte réduite. L'entreprise entend déployer ce service dans d'autres villes des États-Unis d'ici à la fin de l'année avant une production à grande échelle des "cybercabs", les robotaxis en question, en 2026.

Elon Musk a indiqué que ce service pourrait être disponible pour la moitié des Américains d'ici la fin de l'année, à condition d'obtenir les autorisations réglementaires idoines, ce qui ne constitue pas une mince affaire.

Dans une récente note, UBS estimait que les robotaxis pourraient, à terme, représenter des revenus de 200 milliards de dollars pour Tesla d'ici à 2040. Mais cette estimation supposait un certain nombre d'hypothèses, notamment l'absence de problèmes réglementaires, technologiques ou d'acceptabilité de la part des consommateurs.

Fin juin, l'Agence américaine de sécurité routière avait demandé à Tesla de lui rendre des comptes après le signalement de plusieurs incidents à Austin.

Gérant chez Deepwater AM, Gene Munster estime que la chute de l'action Tesla, mercredi soir, s'explique par plusieurs facteurs, dont l'impact de la fin du crédit d'impôt pour les véhicules électriques. Le spécialiste de marché évoque également l'absence de détail concernant l'évolution du service des robotaxis à Austin.

"Les investisseurs attendaient avec impatience des prévisions claires sur le nombre de véhicules actuellement en circulation à Austin et sur le nombre prévu à la fin du trimestre. Ils voulaient entendre que la société prévoyait de supprimer le superviseur humain au cours du trimestre, ou que le service passerait d'un accès sur invitation uniquement à un accès public", développe le gérant.

"Au lieu de cela, ils ont obtenu des commentaires indiquant que la moitié des États-Unis pourrait avoir accès à un robotaxi d'ici la fin de l'année, sous réserve de l'approbation des autorités réglementaires", qui constitue "une importante réserve", poursuit-il.

Des nouveaux véhicules qui cannibalisent la Model Y?

Dernier point soulevé par Gene Munster: les interrogations autour du nouveau véhicule "plus abordable" de Tesla. Le groupe a indiqué avoir posé les premiers jalons de ce véhicule qui devrait entrer en production sur le second semestre 2025.

Selon Gene Munster, Elon Musk a indiqué que cette automobile ressemblerait au Model Y du groupe. "Une préoccupation majeure est la cannibalisation du Model Y, actuellement le modèle le plus vendu de Tesla, si les voitures se ressemblent", écrit Gene Munster. "Je m'attends à une pression sur les marges une fois que ce véhicule sera lancé, une Tesla moins chère générera un bénéfice unitaire moins élevé, et si elle détourne un volume important du Model Y, cela pourrait diluer les marges", poursuit le spécialiste de marché.

Ce risque avait déjà été pointé par UBS en mai. "Même si Tesla a confirmé que les nouveaux modèles à bas prix sont en bonne voie pour être mis en production au premier semestre 2025, ils ressembleront aux modèles actuels. Il s'agit donc, dans les faits, d'une version à bas prix qui, selon nous, pourrait cannibaliser les versions plus chères existantes", expliquait la banque suisse.

L'ensemble de ces éléments ont donc pris le pas sur les résultats trimestriels de Tesla, en forte baisse avec la chute des livraisons (-14% au deuxième trimestre). D'avril à fin juin, le groupe automobile a dégagé des revenus de 22,5 milliards de dollars, en baisse de 12% sur un an, une marge opérationnelle de 4,1%, en retrait de 2,2 points de pourcentage, et un bénéfice par action de 40 cents, en baisse de 23% sur un an.

Selon un consensus LSEG cité par CNBC, les analystes tablaient sur des revenus de 22,74 milliards de dollars et un bénéfice par action de 43 cents.

À noter que Tesla n'a pas livré de nouvelles prévisions de ventes pour 2025, se bornant à expliquer que ses volumes étaient difficiles à prévoir en raison de la difficulté à "mesurer les répercussions de l'évolution des politiques commerciales et budgétaires mondiales sur les chaînes d'approvisionnement automobiles et énergétiques, notre structure de coûts et la demande de biens durables et de services connexes".