(BFM Bourse) - Le directeur général du groupe automobile a officiellement quitté le DOGE, un département non officiel qui devait tailler à la hache dans les dépenses de l'État fédéral. Le dirigeant entend désormais se focaliser sur ses entreprises, notamment Tesla qui est à la peine à Wall Street.
Par la petite porte, Elon Musk part de Washington. L'entrepreneur et directeur général de Tesla a désormais quitté le DOGE ("Department of government efficiency"), un département non officiel de l'administration Trump chargé de tailler à la hache dans les dépenses fédérales.
Nommé "employé" spécial de l'administration Trump, Elon Musk s'était fixé pour objectif, au sein du DOGE, de réaliser 2.000 milliards de dollars d'économies, avant de revoir ses ambitions à 1.000 milliards. In fine, le DOGE a réalisé, à date, 175 milliards de dollars de coupes, selon son site officiel. Mais le chiffre réel pourrait être bien plus bas. La BBC remarquait, fin avril, que seulement 32,5 milliards de dollars d'économies étaient réellement expliquées par l'organisme.
Même s'il n'a pas manqué de remercier Donald Trump, Elon Musk semblait de plus en plus à contre-courant de la politique économique du président américain. Le dirigeant avait plaidé pour la mise en place d'une zone de libre-échange entre l'Europe et les États-Unis en avril, quand Donald Trump lançait sa grande vague de surtaxes douanières.
Plus récemment, Musk s'est dit "déçu" du projet de loi budgétaire du locataire de la Maison Blanche. Dernière pique en date: Tesla Energy a, sur son compte X mercredi, critiqué la suppression d'aides fiscales pour les projets d'énergies renouvelables prévue par le projet de loi de Donald Trump, affirmant que la mesure menace "l'indépendance énergétique de l'Amérique et la fiabilité de notre réseau'".
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Des résultats en chute libre
Musk entend désormais se consacrer pleinement à ses entreprises. "De nouveau, je passe 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 au travail et je dors dans des salles de conférence, des serveurs ou des salles d'usine", a-t-il posté sur X la semaine dernière. "Je dois être très concentré sur X/xAI et Tesla (plus le lancement de Starship la semaine prochaine), car nous avons des technologies critiques à déployer", a-t-il ajouté.
Pour les actionnaires de Tesla, le retour aux affaires de Musk leur enlève une épine du pied. Les investisseurs s'inquiétaient clairement de l'engagement politique de l'homme d'affaires, redoutant qu'il se fasse au détriment du constructeur automobile.
D'autant qu'Elon Musk travaillait au DOGE à un moment où Tesla est clairement dans le dur. Les revenus du groupe ont plongé de 20% dans la division automobile au premier trimestre, la marge opérationnelle (2,3% au premier trimestre) est désormais plus proche de celle d'un groupe de distribution que d'un constructeur auto dont la rentabilité a autrefois dépassé 16% voire 17%.
Les ventes de la société fondent en Europe (-46% sur les quatre premiers mois de 2025) tandis que ses parts de marchés plongent en Chine (3,2% en avril contre 7,5% en mars). Même aux États-Unis, les ventes de Tesla, ont chuté de 12,7% en avril après 11,2% en mars. L'action a, certes, repris du terrain à Wall Street dernièrement. Mais elle évolue toujours en baisse de 10% depuis le début de l'année.
Outre une concurrence forte sur certains marchés, Tesla fait face à un environnement macroéconomique compliqué et pâtit d'une gamme de véhicules vieillissante quand nombre de rivaux sortent de nouveaux modèles électriques. BYD a par exemple lancé la semaine dernière une version européenne de son Seagull, son best-seller dans l'électrique en Chine.
Des catalyseurs fragiles
Certes, de potentiels catalyseurs doivent prochainement arriver. Bank of America cite le nouveau modèle à bas coût qui devrait sortir cette année ainsi que le lancement des robotaxis du groupe à Austin, au Texas, avant une production à grand échelle sur la seconde partie 2026.
Mais UBS relativise ce dernier événement, jugeant qu'il pourrait au contraire se traduire par une baisse de l'action Tesla. La banque suisse se montre sceptique tant sur la capacité de la société a déployer ses robotaxis dans toutes les villes américaines que sur le calendrier de mise en œuvre de ce service.
"Le catalyseur potentiel du lancement de véhicules à bas prix pourrait également être supprimé", assène UBS. "Même si Tesla a confirmé que les nouveaux modèles à bas prix sont en bonne voie pour être mis en production au premier semestre 2025, ils ressembleront aux modèles actuels. Il s'agit donc, dans les faits, d'une version à bas prix qui, selon nous, pourrait cannibaliser les versions plus chères existantes", explique la banque suisse.
Des jours meilleurs à venir?
Face à ce contexte difficile, le marché a besoin de voir Elon Musk pleinement investi. L'action a pris plus de 5% fin avril dernier après que la société a publié des résultats pourtant catastrophiques. Mais les marchés avaient été ravis d'entendre, de la part de l'homme d'affaires, qu'il avait décidé de passer "beaucoup" moins de temps au sein du DOGE à compter de mai. "C'est une bonne nouvelle pour les actionnaires, qui ont vu s'accumuler les dommages causés à la marque par la politique hors-piste de Musk, tout en se demandant si leur directeur général dirigeait toujours le navire Tesla à plein temps", expliquait alors Stephen Innes de Spi AM.
"Soyons clairs: la diplomatie bruyante et à la tronçonneuse de Musk à Washington a peut-être marqué des points sur le plan politique, mais elle a porté atteinte à la marque Tesla là où ça fait mal - en Europe, en Californie et dans les coins du marché où les actionnaires sont soucieux de l'ESG (environnement, social, gouvernance, les critères extra-financiers, NDLR", poursuivait le spécialiste de marché.
Autre exemple: le 21 mai dernier Tesla a progressé en Bourse alors que les groupes de tech souffraient, car Musk avait assuré qu'il comptait diriger la société pendant au moins cinq années.
"Elon Musk a officiellement quitté la Maison Blanche de Trump la nuit dernière ce qui est une musique aux oreilles des actionnaires de Tesla, Musk se concentrant désormais sur Tesla et la vision autonome qui l'attend", loue Dan Ives, analyste de Wedbush, dans une note rédigée ce jeudi 29 mai .
"L'année 2025 a commencé comme un chapitre sombre pour Musk et Tesla car le rôle d'Elon dans l'administration Trump et Doge a créé une vie propre qui a endommagé la marque et placé un nuage noir sur l'histoire. Mais il est important de noter que ces jours sont dans le rétroviseur car nous voyons maintenant un Musk réengagé qui dirige Tesla en tant que directeur général dans cet avenir", poursuit-il.
"Bien qu'il reste encore du bois à couper pour redresser la croissance du modèle Y en Chine et en Europe, nous pensons que l'essentiel pour les investisseurs est que la révolution de l'IA arrive maintenant chez Tesla. Ce qui fera de Tesla l'un des meilleurs pure players sur l'IA au cours de la prochaine décennie", espère-t-il.
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