(BFM Bourse) - Le groupe spécialisé dans les véhicules électriques a livré mercredi soir un bénéfice par action inférieur aux prévisions des analystes. Durant la conférence téléphonique, Elon Musk a expliqué que le groupe était "paranoïaque" sur le déploiement de ses services de robotaxis. Le dirigeant a aussi profité de l'occasion pour plaider en faveur de son méga-plan de rémunération à quelques semaines d'un vote crucial.

Après un début d'année très difficile, plombé notamment par des ventes en chute libre en Europe et en Chine, Tesla a redémarré en Bourse. Le titre du spécialiste des véhicules électriques a repris 32% sur les trois derniers mois, et évolue désormais dans le vert sur l'ensemble de 2025 (+9%).

Les fondamentaux de la société ne se sont pas franchement améliorés. Mais plusieurs motifs d'espoir ont pu porter le titre. Un certain enthousiasme autour de la transformation de la société en un acteur de l'"intelligence artificielle du monde réel", pour reprendre l'expression de son directeur général, Elon Musk, a pu s'observer.

Le groupe a lancé en juin son service de robotaxis à Austin, au Texas, et compte produire à grande échelle ses "cybercab" l'année prochaine. Optimus, le robot humanoïde de Tesla capable d'effectuer des tâches "répétitives et dangereuses", doit également être lancé dans un avenir relativement proche.

"Les investisseurs commencent à voir au-delà des problèmes de demande à court terme pour Tesla et reconnaissent que Tesla est en pole position pour devenir le leader incontesté du marché des véhicules autonomes, avec Robotaxis qui devrait s'étendre à 30 à 35 villes aux États-Unis au cours de l'année prochaine", a estimé Dan Ives, en septembre.

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Baisse des crédits

Le cours de Bourse de Tesla reflète ainsi beaucoup ce que la société pourra un jour devenir et non pas ce qu'elle est actuellement. Ce n'est pas le cas de ses résultats.

Les comptes du troisième trimestre livrés mercredi soir par le spécialiste des véhicules électriques ont manqué le coche, tout du moins sur les bénéfices.

De juillet à fin septembre, Tesla a généré des revenus de 28,1 milliards de dollars, en hausse de 12% sur un an et supérieurs au consensus (la prévision moyenne des analystes) cités par Wedbush et logé à 26 milliards de dollars. La seule division automobile a vu son chiffre d'affaires progresser de 6% à 21,21 milliards d'euros.

Cependant, le bénéfice par action s'est inscrit à 50 cents, en recul de 31% sur un an et nettement en-dessous des attentes, situées à 56 cents.

La rentabilité du groupe a été obérée par plusieurs éléments, Tesla citant par exemple un "coût moyen par véhicule plus élevé en raison d'une absorption moindre des coûts fixes pour certains modèles" ou encore "d'une augmentation des droits de douane".

Le groupe a également fait face à une hausse de ses dépenses opérationnelles et à une baisse de ses revenus liés aux crédits réglementaires. Ces crédits sont payés à Tesla par d'autres groupes automobiles et permettent à ces derniers d'éviter des amendes dans certains états américains avec des limites d'émissions de Co2. L'administration a récemment mise en place des législations pour supprimer ces amendes, diminuant par la même les revenus de Tesla.

"Paranoïaque sur les robotaxis"

L'action du groupe automobile a reculé dans les échanges post-marché après la publication de ces résultats. Elle a accentué son repli durant la conférence téléphonique tenue par Elon Musk, et le directeur financier, Vaibhav Taneja, avec les analystes. L'action Tesla a terminé en baisse de 3,8% en post-marché.

Pour Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, la baisse du titre s'explique par les propos prudents de la direction sur les services de robotaxis.

"Les actions de Tesla ont baissé après la déclaration d'Elon Musk selon laquelle il reste paranoïaque quant à la sécurité des robotaxis, car tout accident représenterait un recul important en termes de confiance du public dans la flotte", a-t-il expliqué.

Elon Musk a effectivement déclaré durant le "call" que la société restait "paranoïaque sur le déploiement des robotaxis car le moindre accident est susceptible de faire la une des journaux dans le monde entier".

Le directeur général a toutefois indiqué que ce service pourrait être opéré sans assistant humain de sécurité à Austin d'ici la fin de l'année. Sur le même horizon, Elon Musk a estimé que ce service serait lancé dans 8 à 10 régions aux États-Unis. Il également indiqué que les Cybercab seraient mis en production au deuxième trimestre 2026.

"Alors que certains investisseurs espéraient entendre que le pilote serait bientôt supprimé, je pense que l'entreprise prend la bonne décision en ralentissant le déploiement compte tenu des risques encourus", tranche Gene Munster.

Vote crucial le 6 novembre

"Tesla a distillé juste ce qu'il fallait de bonnes et de mauvaises nouvelles pour apaiser ses fans tout en fournissant suffisamment d'éléments à ses détracteurs", a déclaré Shawn Campbell, conseiller chez Camelthorn Investments, à Reuters. "Cette publication financière ne changera l'opinion de personne sur Tesla", a-t-il ajouté.

Comme le relève Bloomberg, Elon Musk a aussi profité de la fin de la conférence téléphonique pour se livrer à un plaidoyer pour justifier son plan de rémunération gargantuesque. Le conseil d'administration de Tesla a proposé un nouveau "package" pour le dirigeant pouvant atteindre la somme astronomique de 1.000 milliards de dollars. Les actionnaires de Tesla seront appelés à voter (ou rejeter) ce plan le 6 novembre.

"Je pense simplement qu'il faut un contrôle suffisant des votes pour avoir une influence forte. Mais pas au point que je ne puisse pas être licencié si je deviens fou", a-t-il affirmé. Au passage, l'homme le plus riche du monde a taclé les sociétés de conseil aux actionnaires qui recommandent de ne pas voter ce plan.

"Je ne me sens tout simplement pas à l'aise à l'idée de constituer une armée de robots ici, puis d'être évincé à cause des recommandations stupides d'ISS et de Glass Lewis, qui n'y connaissent absolument rien", a-t-il asséné.