(BFM Bourse) - Le directeur général du constructeur automobile spécialiste de l'électrique a annoncé mardi soir qu'il allait "significativement" réduire sa présence au sein de l'administration Trump et dévouer davantage son temps au groupe. Ce qui a ravi le marché et éclipsé des résultats trimestriels maussades.
Comme souvent avec Tesla, les mots d'Elon Musk ont eu bien d'avantage d'impact sur le marché que les résultats trimestriels.
Lors de la conférence téléphonique qui a suivi la publication des comptes du constructeur automobile spécialisé dans l'électrique, son directeur général a annoncé qu'il allait prendre de la distance par rapport à ses fonctions au sein de l'administration Trump.
Elon Musk pilote le "Doge", une commission pour l'efficacité gouvernementale qui ne constitue pas un département officiel à Washington. Cette commission a récemment taillé à la hache dans les dépenses fédérales.
Ce rôle au sein de l'administration Trump a inquiété les investisseurs, qui ont redouté que le milliardaire délaisse Tesla pour se focaliser sur cette fonction. Les prises de positions politiques d'Elon Musk ont par ailleurs provoqué un peu partout dans le monde des manifestations hostiles envers Tesla voire des actes de vandalisme à l'encontre de véhicules ou de concessions.
Mais, lors de la conférence téléphonique, Elon Musk a déclaré qu'il allait "significativement" réduire le temps qu'il consacre au Doge, et ce à compter de mai. "Je pense que le gros du travail nécessaire pour mettre en place l'équipe du Doge et travailler avec le gouvernement pour mettre les finances de la maison en ordre a été accompli", a-t-il affirmé.
Le dirigeant dévouera ainsi "beaucoup plus de (son) temps à Tesla", dès le mois prochain, a-t-il ajouté.
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"Une bonne nouvelle pour les actionnaires"
C'est exactement ce que le marché avait besoin d'entendre. "C'est une bonne nouvelle pour les actionnaires, qui ont vu s'accumuler les dommages causés à la marque par la politique hors-piste de Musk, tout en se demandant si leur directeur général dirigeait toujours le navire Tesla à plein temps", explique Stephen Innes de Spi AM.
"Soyons clairs : la diplomatie bruyante et à la tronçonneuse de Musk à Washington a peut-être marqué des points sur le plan politique, mais elle a porté atteinte à la marque Tesla là où ça fait mal - en Europe, en Californie et dans les coins du marché où les actionnaires sont soucieux de l'ESG (environnement, social, gouvernance, les critères extra-financiers, NDLR", poursuit le spécialiste de marché.
Dans une note rédigée en amont des résultats de Tesla, Dan Ives, analyste chez Wedbush, appelait Elon Musk à quitter Washington. "Musk doit quitter l'administration Trump, faire un grand pas en arrière sur Doge et redevenir le directeur général de Tesla à plein temps", écrivait-il. "Tesla, c'est Musk et Musk, c'est Tesla....et si vous pensez que les dommages que Musk a infligés à la marque ne sont pas réels....vous devriez parler un peu aux acheteurs de voitures aux États-Unis, en Europe et en Asie... vous penserez différemment après ces discussions", avançait-il.
L'analyste rappelait que Tesla était "malheureusement" devenu "un symbole politique" dans le monde lié à l'administration Trump. Dan Ives estimait que 15% à 20% de la demande potentielle pour les véhicules de Tesla avait été détruite par "les dommages à la marque" infligés par Musk.
Le désengagement de Musk à Washington a été bien accueilli par Wall Street. L'action Tesla a grimpé de 5,4% dans les échanges post-marché.
Des Cybercab Tesla dès juin
Les déclarations d'Elon Musk sur son désengagement au sein du Doge ont totalement éclipsé des résultats trimestriels en berne. Sur les trois premiers mois de l'année, le groupe avait déjà annoncé une chute de ses livraisons de 13%, alors que ses ventes souffrent en Europe et en Chine.
Cette baisse des volumes s'est traduite par une chute de 20% de ses revenus tirés des activités automobile et de 9% de ses revenus totaux qui se sont inscrits à 19,34 milliards de dollars. Le résultat opérationnel a plongé de 66% à 399 millions de dollars, au premier trimestre, tandis que la marge opérationnelle est tombée à seulement 2,1% contre 5,5% un an plus tôt. Le bénéfice par action a chuté de 40% à 27 cents.
Deutsche Bank souligne que la société a "largement" manqué les attentes des analystes, qui tablaient en moyenne sur des revenus de 21,37 milliards de dollars et un résultat opérationnel de 1,13 milliard de dollars.
Concernant ses perspectives, Tesla a déclaré qu'il "revisiterait" ses indications pour 2025, lors de la publication de ses résultats du deuxième trimestre. La société tablait précédemment sur "un retour à la croissance" pour cette année, qui risque donc de ne plus être d'actualité.
Tesla a, à contrario, confirmé que la production de "véhicules plus abordables" serait lancée au premier semestre de cette année.
La production des "Cybercab", c'est-à-dire les robotaxis du groupe, est, elle, prévue pour l'an prochain. Des premiers exemplaires circuleront en juin à Austin, au Texas. Elon Musk a estimé qu'environ 10-20 véhicules seraient lancées le premier jour.