(BFM Bourse) - Dans une note publiée ce lundi, la banque reconnaît que l'horizon de court terme reste obstrué par l'incertitude politique en France. Pour autant, l'établissement suisse estime qu'une "résolution finira bien par arriver" et met en avant la faible valorisation des banques tricolores par rapport à leurs consoeurs.

Le regain de crise politique a clairement porté un coup à la belle ascension du secteur bancaire à Paris. Société Générale a beau prendre 98,2% sur l'ensemble de 2025, le titre perd 7% depuis la fin août et l'annonce par l'ex-Premier ministre, François Bayrou, d'une soumission à un vote de confiance. Pour BNP Paribas et Crédit Agricole SA, les baisses se chiffrent respectivement à 10% et 3,5%.

Comme nous l'avons expliqué dans de précédents articles, le marché a vendu les banques, redoutant que des abaissements de la note de crédit de la France par les agences de notation se répercutent sur les notes des banques. Le marché, nerveux, s'inquiète aussi de la présence des obligations souveraines au bilan des banques tricolores, synonyme de dépréciations de portefeuilles (les rendements obligataires se tendent avec l'incertitude politique, le prix des obligations diminuent en conséquent, et les valorisations de portefeuille avec).

Ce malgré le fait que les obligations françaises représentent, en moyenne, moins de 25% des obligations souveraines détenues par les trois banques cotées, selon UBS, et moins de 1% de leurs actifs totaux.

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Une idée persistante

"Dans l'esprit des investisseurs, il y a la persistance de l'idée qu'une banque reste avant toute une exposition à l'économie domestique d'un pays", expliquait à BFM Bourse David Benhamou d'Axiom AI, fin août. "Comme en 2024, on a ainsi des réactions fortes sur les prix des actions des banques françaises liées au risque politique, mais cela n'a pas de traduction matérielle dans les comptes des établissements", exposait-il.

Dans une note publiée ce lundi 13 octobre, UBS ne dit pas autre chose. La banque suisse relativise aussi les impacts financiers immédiats de la crise politique en France. Pour autant, elle reconnaît que cette incertitude pèse et continuera de peser sur la confiance du marché et donc par ricochet sur les valorisations.

"L'incertitude politique accrue qui règne actuellement en France est telle que nous estimons irréaliste d'espérer une amélioration substantielle du sentiment, malgré l'exposition relativement limitée des entreprises à ce pays, tant que l'on ne saura pas avec certitude si la France se dirige vers des élections législatives ou présidentielles, ou ni l'une ni l'autre", détaille la banque dans sa note.

Toutefois, l'établissement suisse considère que l'"incertitude politique crée des opportunités" pour se positionner sur les trois banques françaises du secteur. Ce car l'établissement pense que la crise politique finira "d'une façon ou d'une autre" par se résoudre.

Société Générale comme valeur favorite

"Étant donné les faibles niveaux de bénéfices des banques nationales BNP et Société Générale - et la part importante des bénéfices des banques françaises dans le secteur des banques mutualistes - nous ne pensons pas qu'un environnement fiscal plus contraignant pour les sociétés ou les grandes fortunes puisse réellement modifier les perspectives de bénéfices des banques", explique UBS. L'établissement répète, au passage, que l'exposition des banques françaises cotées aux OAT (Obligations assimilables du Trésor, NDLR) est "petite".

En parallèle, UBS souligne que les trois banques françaises s'échangent en Bourse avec une décote de 25% par rapport à leurs consoeurs européennes sur la base des bénéfices attendus sur l'exercice 2027. Ce alors qu'UBS attend une croissance de leurs bénéfices par actions ajustés allant de 11% (Crédit Agricole SA) à 84% (Société Générale) à l'horizon 2027. "À ces niveaux de valorisations, nous voyons de la valeur et de la croissance chez les banques françaises", fait valoir UBS.

La banque suisse a comme valeur préférée Société Générale (avec un conseil à l'achat), en raison de la progression attendue de ses bénéfices, suivie de Crédit Agricole SA (à l'achat également) tandis qu'elle est à "neutre" sur BNP Paribas.

L'établissement helvétique souligne aussi que les banques françaises pourraient bénéficier de baisses de taux plus fortes que prévu par le marché de la part de la Banque centrale européenne (BCE).

Cela tient au fait que les établissements tricolores sont moins dépendants des taux que leurs confrères irlandais, espagnols, italiens et portugais, en raison de la grande diversité de leurs activités. UBS considère même que les banques françaises dégagent davantage de bénéfices lorsque les taux déclinent.