par Matthieu Protard et Sudip Kar-Gupta
PARIS (Reuters) - Les provisions pour risques sur les crédits bancaires classiques de la Société générale devraient rester stables au cours des prochains trimestres après avoir culminé à environ 1,2 milliard d'euros depuis trois trimestres, a déclaré mercredi Séverin Cabannes, directeur général délégué de la banque.
"Sur le coût du risque lié aux activités de prêts classiques, nous sommes sur un plateau depuis trois trimestres, autour de 1,2 milliard d'euros", a-t-il dit dans une interview à Reuters quelques heures après la publication des résultats du troisième trimestre de la banque.
"Hors impact des 'impairments', le coût du risque devrait rester globalement stable sur les trimestres à venir", a ajouté le directeur général délégué de la troisième banque française par la capitalisation boursière.
La banque a fait état d'un bénéfice net multiplié par 2,3 au troisième trimestre, à 426 millions d'euros.
Ses comptes du troisième trimestre intègrent pour 1,5 milliard d'euros de provisions dont 334 millions liés à des dépréciations (impairments) sur des actifs financiers ayant fait l'objet d'un retraitement comptable à l'automne 2008 au plus fort de la crise financière.
La Société générale, dont la stratégie de développement dans les pays d'Europe centrale et de l'Est inquiète certains analystes, estime par ailleurs que la hausse des provisions pour risque de crédit est sous contrôle.
"Dans la banque de détail hors de France, on est encore dans une phase de légère augmentation dans certains pays d'Europe centrale. Le coût du risque reste contrôlé", tient à souligner Séverin Cabannes.
Il ajoute qu'en Russie, où la banque est présente avec sa filiale Rosbank, "des signes de stabilisation du coût du risque sont apparus au troisième trimestre".
VERS DES RÉSULTATS PLUS STABLES DANS LA BFI
Dans la banque de financement et d'investissement (BFI), la Société générale a aussi enregistré pour 751 millions d'euros de dépréciations au troisième trimestre, dont 204 millions liés à la valorisation en valeur de marché (mark-to-market) de son portefeuille de CDS et 326 millions liés à la réévaluation de la dette de la banque.
Des dépréciations similaires avaient déjà représenté une charge de 1,7 milliard dans les comptes de la banque au deuxième trimestre.
"Nous n'anticipons plus de grandes fluctuations sur le mark-to-market de notre portefeuille de CDS et sur notre dette propre", assure Séverin Cabannes.
"Cela va bien sûr dépendre de l'évolution des spreads (écarts) de crédit mais, par rapport aux amplitudes que nous avons connues depuis un an, notre hypothèse est que nous rentrons dans une période plus stable", ajoute-t-il.
A ses yeux, les résultats de la BFI de la Société générale ne devraient dès lors plus connaître les fortes volatilités enregistrées depuis un an.
À L'AFFÛT EN EUROPE CENTRALE
Compte tenu des incertitudes sur l'évolution de l'environnement économique, Séverin Cabannes se montre prudent sur les scénarios de sortie de crise.
"Nous restons prudents sur l'évolution des trimestres à venir", dit-il. "Aujourd'hui, on ne peut pas dire que la crise financière et économique est derrière nous. 2010 sera encore une année perturbée".
Interrogé sur les ambitions de croissance externe de la banque, le directeur général délégué de la Socgen a dit ne pas s'attendre à de grandes fusions internationales en Europe au cours des 24 prochains mois.
"Sur les 18 mois à deux ans qui viennent, nous ne voyons pas de grande fusion transfrontières en Europe", a-t-il souligné. "De nombreux actifs bancaires pourraient être mis en vente dans le cadre des plans de restructuration de certaines banques qui ont suivi les plans de sauvetage".
Royal Bank of Scotland et Lloyds, les deux grandes banques de détail du Royaume-Uni vont par exemple devoir vendre une grande partie de leurs actifs pour se conformer aux règles imposées par la Commission européenne.
La banque, qui n'exclut pas elle-même de faire des acquisitions dans la banque de détail en Europe centrale et dans la banque privée, dit être dans "une phase d'observation" car "pour le moment, les actifs ne sont pas encore à vendre", a fait remarquer Séverin Cabannes.
Objet de rumeurs récurrentes, démenties, de rapprochement, la Socgen réaffirme régulièrement sa volonté d'indépendance.
"Pour les dix-huit à vingt-quatre mois qui viennent, nous serons focalisés sur des acquisitions très ciblées dans le cadre d'une stratégie de développement indépendante", rappelle Séverin Cabannes.
Edité par Marc Angrand
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