par Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - La Société générale a surpris le marché après avoir fait état d'une perte pour le premier trimestre 2009 à la suite de lourdes dépréciations dans ses activités de financement et d'investissement (BFI), entraînant la chute de l'action à l'ouverture de la Bourse.
La banque française a accusé une perte nette de 278 millions d'euros sur les trois premiers mois de l'année alors que le consensus Reuters anticipait un résultat net positif de 320 millions d'euros, selon la moyenne des prévisions de 11 analystes.
Vers 9h40, l'action Société générale abandonnait 6% à 41,22 euros, sous-performant nettement l'indice sectoriel DJ Stoxx des banques européennes, en hausse au même moment de 2,91%.
La banque explique avoir enregistré au premier trimestre 1,5 milliard d'euros de dépréciations d'actifs supplémentaires dans sa BFI, dont 866 millions d'euros sur les rehausseurs de crédit.
Elle ajoute que les revenus de sa BFI ont subi un impact négatif de 472 millions d'euros en raison de décotes sur des couvertures de portefeuille de crédits corporate.
"Le niveau des dépréciations est surprenant. La banque semble moins résistante dans la banque de détail en France que BNP Paribas", commente Christoph Bossmann, analyste chez WestLB.
Sur le marché de la banque de détail en France, la Socgen affiche un produit net bancaire en repli de 0,5% à 1.732 millions d'euros au premier trimestre contre une hausse de 0,5% à 1.538 millions d'euros pour son éternelle rivale BNP Paribas.
COÛT DU RISQUE EN HAUSSE SUR LA RUSSIE
En raison de la crise économique, la Société générale a par ailleurs multiplié par 2,3 ses provisions, qui s'élèvent à 1.354 millions d'euros à la fin du premier trimestre.
La banque a notamment constaté une "forte" hausse de son coût du risque en Russie, en proie à la récession économique, où la banque est présente via sa filiale Rosbank.
La direction de la Socgen est régulièrement interrogée par les analystes sur les risques liés à son exposition à l'Europe de l'Est et à la Russie, régions géographiques rattrapées depuis l'automne dernier par la crise économique et financière.
"Ces pays, comme tous les pays du monde, sont affectés par la crise. Mais je pense que la situation est sous contrôle", a déclaré Frédéric Oudéa, nommé mercredi président directeur générale de la Socgen, sur Radio Classique.
Pour renforcer sa solidité financière, la Société générale va solliciter la deuxième tranche d'aide du gouvernement français au secteur bancaire et émettre pour 1,7 milliard d'euros d'actions de préférence que souscrira l'Etat.
Son ratio de solvabilité financière "Tier One" sera ainsi amélioré de 50 points de base, à 9,2% contre 8,7% au 31 mars 2009. Son ratio "core Tier One" s'élèvera à 7%.
A la différence de BNP, la Socgen ne va pas convertir la première tranche d'aide de 1,7 milliard d'euros obtenue en décembre 2008 sous la forme de dette hybride en actions de préférence.
OUDÉA, UN P-DG "ASSISTÉ" D'UN VICE-PRÉSIDENT
Les pertes dégagées au premier trimestre par le groupe contrastent nettement avec les bénéfices de BNP Paribas, qui ont dépassé mercredi les prévisions des analystes grâce à une activité soutenue dans la banque de financement et d'investissement.
Ebranlée en janvier 2008 par l'affaire Kerviel, la Socgen a annoncé mercredi la nomination de Frédéric Oudéa au poste de président directeur général de la banque, ajoutant la présidence à la direction générale en remplacement de Daniel Bouton, contraint de démissionner la semaine dernière.
Les analystes ont jugé que cette nomination marquait un retour aux anciennes pratiques de gouvernance de la banque, caractérisée, avant l'affaire Kerviel, par une concentration des pouvoirs de président du conseil d'administration et de directeur général entre les mains d'un seul responsable.
"Je vais être assisté d'un vice-président en la personne d'Anthony Wyand. Je crois que notre binôme va être très efficace pour diriger le groupe, avec un mélange d'expériences", a déclaré Frédéric Oudéa sur Radio Classique, nuançant ainsi la concentration des pouvoirs entre ses mains.
"Le conseil (d'administration, ndlr) a souhaité finalement permettre à l'entreprise et à son dirigeant, en réunissant les deux fonctions, d'agir le plus vite", a-t-il ajouté.
A la suite de l'affaire Kerviel, la banque avait décidé en mai 2008 de scinder les fonctions de président et de directeur général.
Avec Sudip Kar-Gupta, édité par Marc Angrand
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