par Sudip Kar-Gupta
PARIS (Reuters) - Ebranlée par l'affaire Kerviel en 2008 puis le scandale des stock-options en 2009 et maintenant le poids de ses actifs toxiques, la Société générale se serait bien passée du "feuilleton Gundlach" qui éclabousse maintenant sa filiale de gestion d'actifs TCW aux Etats-Unis.
Début janvier, TCW - anciennement connu sous le nom de Trust Company of the West - a engagé des poursuites judiciaires contre son ancien gérant obligataire vedette Jeffrey Gundlach suspecté de vol de données confidentielles, de mensonges envers des clients potentiels et de détention de stupéfiants et de matériels à caractère pornographique sur son lieu de travail.
Jeffrey Gundlach, qui a été licencié de TCW le 4 décembre et a depuis créé une nouvelle société, conteste les accusations portées contre lui. Mais l'affaire fait couler beaucoup d'encre outre-Atlantique.
Jugeant l'affaire déplorable pour l'image de la banque, analystes et actionnaires estiment néanmoins que les déboires de TCW devraient avoir un impact limité pour la Socgen, la banque française devant en priorité résoudre les problèmes liés à ses actifs toxiques sur lesquels elle a dû passer 1,4 milliard d'euros de provisions supplémentaires.
"C'est négatif mais cela représente seulement une petite part de l'activité", souligne un analyste bancaire européen qui n'a pas souhaité être nommé à propos du feuilleton judiciaire de TCW.
Pour Gregory Moore, gérant chez Montségur Finance, cette affaire est de nature à écorner un peu plus l'image de la Socgen.
Du fait de la crise financière et des difficultés de sa filiale Sgam (Société générale Asset Management), le poids de la gestion d'actifs au sein des activités de la Socgen s'est de plus en plus réduit.
CRAINTES SUR LES ACTIFS TOXIQUES
Souffrant d'une taille jugée insuffisante dans ce métier, la banque est allée jusqu'à fusionner en janvier 2009 ses activités de gestion d'actifs avec celles du Crédit agricole au sein d'une entreprise commune Amundi.
A fin septembre, la Société générale affichait 273 milliards d'euros d'actifs sous gestion. TCW en gérait plus de 100 milliards de dollars.
Le rachat de TCW en 2001 coïncide avec la période au cours de laquelle la Socgen, qui avait perdu deux ans plus tôt la bataille sur Paribas, a voulu muscler à coups d'acquisitions et de partenariats des activités comme la gestion d'actifs.
En 2000, Ixis Asset Management (devenu depuis Natixis Asset Management) avait aussi procédé à une acquisition aux Etats-Unis avec le rachat du gestionnaire Nvest.
S'ils n'ont pas directement affecté le titre Socgen en Bourse, les événements survenus chez TCW sont une nouvelle illustration des difficultés qu'éprouve la banque à tourner la page de la crise et des excès du passé.
L'avertissement sur résultat lancé le 13 janvier par la banque avait en revanche fait chuter l'action qui avait terminé ce jour-là en repli de 2,86% à 50,19 euros après avoir perdu 5% en cours de séance.
Depuis le début de l'année, le titre a perdu près de 3,6% alors que l'indice sectoriel DJ Stoxx des banques européennes a de son côté progressé de 1,65%.
De nombreux gérants de fonds restent encore à l'écart de la valeur qui a sous-performé l'an dernier ses principaux concurrents comme BNP Paribas. Socgen a progressé de 43% en 2009 tandis que BNP Paribas s'est adjugé 90%.
"Pour moi, le sujet le plus important ce sont les actifs toxiques. C'est plus important que quelqu'un qui s'est fait virer", remarque Valérie Cazaban, présidente de Stratège Finance.
"La priorité est maintenant de se concentrer sur le développement de l'entreprise", a déclaré un porte-parole de Société générale, qui a souligné que TCW n'était pas à vendre.
Avec Matthieu Protard et Julien Ponthus, édité par Jean-Michel Bélot et Dominique Rodriguez
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