(BFM Bourse) - La banque de La Défense a signé la meilleure performance du CAC 40 au cours de cette saison des résultats. L'établissement devra confirmer sa bonne dynamique au cours des prochains trimestres. Mais les analystes sont confiants.
Un "choc de confiance positif". Voilà ce qu'a envoyé Société Générale avec la publication de ses résultats du troisième trimestre, la semaine dernière, selon UBS.
La banque de La Défense a livré des performances appréciées par le marché, avec de bonnes surprises quasiment à tous les étages, que ce soit dans sa division de Banque de financement et d'investissement ou dans la banque de détail. "Société Générale a effectué les progrès que l'on veut voir", a résumé Jefferies.
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La meilleure performance du CAC 40 sur les résultats trimestriels
Le marché attendait depuis longtemps une éclaircie du côté de Société Générale. En 2023, l'action de la banque rouge et noire n'avait grappillé que 2,3%, restant à distance des progressions de BNP Paribas (+17,5%) et Crédit Agricole SA (+30,7%).
Les premiers rendez-vous avec la Bourse de Slawomir Krupa, qui a succédé en mai 2023 à Frédéric Oudéa à la tête de l'établissement, ont été parfois glacials. La journée dédiée aux investisseurs de septembre 2023, marquée par des objectifs prudents sur la progression des revenus, avait abouti à une lourde sanction (l'action avait chuté de 12%). Les publications du premier trimestre (-5,2%) et du deuxième trimestre (-9%) de 2024 ont également donné lieu à des corrections.
La copie livrée la semaine dernière par Société Générale a, cette fois, été chaudement accueillie. L'action a bondi de 11,33% dans la foulée des résultats troisième trimestre. C'est simple: comme le montre l'infographie ci-dessous, la banque a signé la meilleure performance du CAC 40 – c'est-à-dire la plus forte hausse suivant une publication- au cours de cette saison des résultats du troisième trimestre. Renault, deuxième avec une progression de 4,7%, est loin derrière.
La banque de détail en France va mieux
Les investisseurs attendaient depuis plusieurs trimestres que la banque de détail en France montre une inflexion positive. Ce point est important car Société Générale est bien plus exposée à ce segment que ses consœurs. Selon UBS, la banque de détail en France représente 32% de ses revenus et 20% de son résultat brut d'exploitation, contre respectivement 14% et 11% pour BNP Paribas et 15% et 13% pour Crédit Agricole SA.
Pendant de nombreux trimestres, Société Générale a été plombée par les spécificités du marché hexagonal, avec des crédits à taux fixes, ce qui fait que l'établissement ne bénéficie que progressivement de la hausse des taux d'intérêt, le temps que ses encours de crédit fassent leur mue avec des prêts à des taux plus élevés. En revanche, elle a dû répercuter immédiatement la meilleure rémunération des livrets d'épargne défiscalisés (livret A, LDDS) sur les comptes de ses clients.
De plus, Société Générale a choisi de se couvrir contre une baisse des taux, alors qu'ils ont au contraire progressé à toute vitesse. Cette couverture s'est avérée coûteuse, retranchant par exemple 150 millions d'euros au deuxième trimestre 2024 au niveau des revenus nets d'intérêt (l'argent que la société gagne sur les crédits, soit la différence entre les intérêts perçus et les intérêts payés sur les dépôts) dans la banque de détail en France.
Mais ce poison a cessé de produire ses effets au troisième trimestre. Et la marge nette d'intérêt dans la banque de détail en France a rebondi. Les revenus nets d'intérêt se sont élevés à 1,06 milliard d'euros, contre 797 millions d'euros un an plus tôt. In fine, le bénéfice de la division "banque de détail en France, banque privée et assurances" a dépassé de 23% les attentes, notait Jefferies.
"Le principal moteur de la croissance à deux chiffres des revenus de Société Générale ce trimestre a été son unité de banque de détail française, qui est sortie de la tombe en réalisant son meilleur trimestre depuis le deuxième trimestre 2022", a souligné le bureau d'études indépendant Alphavalue.
Des analystes optimistes
Le début du réveil boursier de Société Générale demande évidemment à être confirmé, au vu des précédentes déceptions qui ont entouré le parcours de la banque. D'autant que, comme l'a relevé L'Agefi, Slawomir Krupa a choisi de resserrer les équipes dirigeantes et l'opérationnel autour de sa main, ce qui place plus que jamais le dirigeant en première ligne.
La banque a-t-elle les moyens de confirmer l'essai ? Les analystes sont, en tout cas, optimistes. Plus qu'avant. Jefferies a jugé que la publication de la semaine dernière a "marqué un tournant dans la thèse d'investissement" sur Société Générale.
Plusieurs bureaux d'études ont revu leur opinion sur le dossier. Citi est passée de "neutre" à "acheter" sur l'action, lundi. Vendredi 1er novembre, Morgan Stanley avait, elle relevé son conseil sur le titre à "surpondération" (équivalent d'acheter), contre "pondération en ligne" précédemment.
La banque américaine cite plusieurs arguments justifiant de se positionner sur le titre. Premièrement, "le vent tourne" dans la banque de détail en France. Et Morgan Stanley s'attend à ce que les revenus nets d'intérêt continuent de croître en 2025, à contre-courant de la tendance en zone euro où l'établissement américain table sur une baisse de 2%, en moyenne. Cela sera notamment permis par une amélioration du rendement moyen des encours de crédits immobiliers et par la baisse des taux de dépôts rémunérés (livret A), anticipe-t-elle.
Deuxièmement, Morgan Stanley avance que la société progresse bien dans ses cessions d'actifs et a réussi à renforcer son capital et donc son ratio de solvabilité CET 1 (qui rapporte les fonds propres à l'encours pondéré des risques). Avec d'autres potentielles cessions à venir et un ratio CET 1 déjà supérieur à 13% (13,2% à fin septembre) la banque pourrait distribuer 50% de son résultat net à ses actionnaires. Et atteindre un tel ratio "donnerait confiance" au marché "sur la trajectoire du capital", juge Morgan Stanley.
Cet optimisme est partagé par Bank of America pour qui "la patience a commencé à payer" sur Société Générale. L'établissement américain estime que le bénéfice doublera en 2024 et progressera encore l'année prochaine grâce à plusieurs facteurs.
Le premier reste le pôle "banque de détail en France, banque privée et assurances", qui devrait notamment bénéficier d'une reprise des volumes de crédit et être moins pénalisé par l'épargne réglementée avec la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne. La division "mobilité et services financiers" devrait, elle, être portée par des marges plus élevées chez Ayvens, sa division dédiée au financement automobile de longue durée.
Enfin sa division de banque de financement et d'investissement (appelée "banque de grande clientèle et solutions investisseurs" chez Société Générale) devrait encore enregistrer une croissance saine, avec des revenus attendus en hausse de 2% par en moyenne sur la période 2023-2026 par l'établissement américain . Par ailleurs, Bank of America juge, comme Morgan Stanley, que Société Générale devrait parvenir à taux de distribution de 50%, sous la forme de dividendes et de rachats d'actions.
"Nous restons positifs sur le titre compte tenu de la dynamique positive naissante et de la valorisation décotée de la banque", juge de son côté Alphavalue.
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